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mardi 23 mai 2023

Haut-Karabakh : Les Etats-Unis reprennent la main en Arménie


Le conflit dans le Haut-Karabakh entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, qui prend ses racines il y bien longtemps de cela, était traditionnellement géré par la Russie, depuis l'époque impériale. Il s'agissait de sa zone d'influence et de compétence, puisque jusqu'à la fin de la période soviétique, et l'Arménie, et l'Azerbaïdjan en faisait partie. Or, l'on voit aujourd'hui cette zone lui échapper et être décisivement reprise par les Etats-Unis, qui ont obtenu de leur créature Pachinian un renoncement au Haut-Karabakh, cette région contestée d'Azerbaïdjan majoritairement peuplée d'Arméniens. Pour autant, nous nous éloignons ainsi de la paix et cette région risque alors d'être sérieusement et longuement déstabilisée.

La Haut-Karabakh est une enclave arménienne au milieu des terres d'Azerbaïdjan, qui a toujours été l'objet d'un conflit sanglant entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. A l'affaiblissement de l'Empire russe, au début du 20e siècle, deux guerres marquent cette région. Jusqu'à ce que le pouvoir soviétique s'affirme et qu'en 1921 les frontières soient posées entre les républiques soviétiques d'Arménie et d'Azerbaïdjan, attribuant le Haut-Karabakh à ce dernier, bénéficiant toutefois d'un statut particulier. La situation dégénère à nouveau à la fin des années 80 avec l'affaiblissement de l'URSS. La république soviétique d'Arménie et les institutions du Haut-Karabakh décident alors le 1er décembre 1989 de l'intégration de la région en Arménie, ce qui provoque une escalade du conflit armé avec la république soviétique d'Azerbaïdjan. A la chute de l'URSS et avec le retrait de l'armée soviétique, la situation dégénère progressivement et conduit à un véritable conflit armé de décembre 1993 à mai 1994. C'est la première guerre du Haut-Karabakh, qui a permis à l'Arménie de désenclaver le Haut-Karabakh. A l'initiative de l'assemblée parlementaire de la CEI un cessez-le-feu est signé entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan sous l'égide de la Russie. En 2020, la situation explose et un nouveau conflit armé sanglant touche le Haut-Karabakh en septembre et octobre, face à l'attaque de l'Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, qui reprend des terres. Le 10 novembre 2020, une déclaration commune est faite par le Premier ministre arménien, le Président azéri et le Président russe sur un cessez-le-feu, le retrait des troupes azéries du Haut-Karabakh et la présence de forces militaires russes de la paix. 

Pourtant, depuis, la situation ne peut se stabiliser et de nombreuses violations de ce cessez-le-feu ont eu lieu. Alors que la Russie continue à jouer son rôle de stabilisateur et cherchant à protéger les Arméniens du Haut-Karabakh, qui avaient un poids politique central dans l'Arménie post-soviétique, le Premier ministre Pachinian, arrivé au pouvoir en 2018 suite à une révolution de couleur, certes assez douce, vient de publiquement accepter de liquider le Haut-Karabakh, annonçant en toute logique la possible sortie de l'Arménie de l'Organisation du traité de sécurité collective. Récapitulons. Il passe l'Arménie sous parapluie américain.

Le 31 octobre 2022, le Premier ministre arménien, le Président azéri et le Président russe font une déclaration commune dont l'idée principale est la volonté des parties de normaliser les relations dans la région, sous l'égide de la Russie, comme force de paix.

Le temps passe et la situation ne se normalise pas vraiment. Le 4 mai 2023, le Secrétaire d'Etat américain Blinken déclare que les délégations arméniennes et azéries ont largement progressé vers la stabilisation de la situation autour du Haut-Karabakh.

Le 14 mai 2023, Pachinian est à Bruxelles et rencontre Aliyev sous l'égide des institutions européennes en la personne de Charles Michel. Le but de la rencontre est de préparer un accord de paix. 

Comme l'écrit le Figaro :

La Russie étant de plus en plus isolée sur la scène internationale depuis le début de son offensive en Ukraine, les États-Unis et l'Union européenne jouent désormais un rôle majeur de médiateurs dans le processus de normalisation entre Bakou et Erevan.

Et Pachinian vient d'annoncer qu'il est prêt à abandonner le Haut-Karabakh, si l'Azerbaïdjan promet de protéger les populations arméniennes, qu'il a par ailleurs allègrement persécutées depuis le début du 20e siècle. 

""Le retrait réciproque des troupes de la frontière, à notre avis, servira à assurer la stabilité. Le retrait réciproque des troupes arméniennes et azerbaïdjanaises doit être effectué conformément aux cartes approuvées en 1975 par l'état-major de l'URSS", a déclaré Pashinyan. a dit.

Pour cela, il serait mal venu de signer cet "Accord de paix" à Moscou le 25 mai, en revanche il est tout à fait possible de le signer le 1er juin à Chisinau.

"(Pachinian) a ajouté qu'il allait également rencontrer Aliyev le 1er juin à Chisinau. Ces négociations se dérouleront avec la participation du président du Conseil européen Charles Michel, du président français Emmanuel Macron et du chancelier allemand Olaf Scholz."

Et les Européens couvrent les Américains. Sortie de jeu de la Russie, largage du Haut-Karabakh et d'autres conséquences, notamment à l'intérieur et de l'Arménie et du Haut-Karabakh sont à attendre. 

Parallèlement, en toute logique, Pachinian déclare la non-efficacité de l'Organisation du traité de sécurité collective, dont l'Arménie serait prête à sortir si le Parlement reconnaît que cette Organisation "est sortie d'Arménie", c'est-à-dire n'est pas effective en Arménie. Tout cela se déroule sur le mode du "quand on ne veut plus de son chien, on dit qu'il mord".

Et évidemment, le Premier ministre arménien explique que l'Occident n'a en rien influencer cette décision, prise de manière totalement autonome. Amen!

L'on rappellera que depuis une année, les Etats-Unis puis l'UE menacent l'Arménie de sanctions, puisqu'elle continue à développer ses échanges commerciaux avec la Russie, ce qui est alors qualifié d'aide à contourner les sanctions atlantistes. Je cite toujours Pachinian:

"Les sanctions sont nos lignes rouges. Et nous le disons clairement aux Russes : nous ne voulons pas vous offenser, mais nous ne pouvons nous-mêmes nous permettre de tomber sous le coup de sanctions. Il n'y a pas de secret ici."

Si l'Arménie signe cet "Accord de paix", l'on peut s'attendre à de sérieux changements dans les rapports avec la Russie. L'arménie passée sous "protection" militaire américaine, l'occupation pourra alors commencer physiquement. Pourtant, il n'est pas certain que cela ne conduise pas à une longue et profonde déstabilisation de la région, bien au contraire. En guise de conclusion, je vous laisse réfléchir les paroles de cet ancien ministre arménien des Affaires étrangères :

"La communauté internationale et l'Azerbaïdjan doivent être conscients que la décision de Pachinian (sur la reconnaissance du Karabakh comme faisant partie de l'Azerbaïdjan) n'apportera pas la paix entre les deux peuples. Même si le Premier ministre signe le document, ce ne sera qu'une déviation temporaire du cours naturel de l'histoire", - l'ancien ministre arménien des Affaires étrangères (1998-2008), Vardan Oskanyan.

À son avis, Pachinian non seulement "rend définitivement le Karabakh à l'Azerbaïdjan", mais aussi, sous prétexte d'"enclaves", transfère des territoires supplémentaires de l'Arménie à l'Azerbaïdjan, mettant en péril les communications stratégiques avec la Géorgie et l'Iran. 



18 commentaires:

  1. Comme annoncé par les États-Unis eux-mêmes, la Russie est et sera attaquée sur toute sa frontière sud par des révolutions de couleur.
    Les Russes restent à leur habitude en position défensive.

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  2. Surement que les arméniens ne vont pas laisser faire Pachinian. Attendons la suite....

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  3. Donner raison à l'Azerbaïdjan contre quoi?

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  4. L'Arménie ne possède dans son sous-sol d'aucune ressource, ce qui est loin d'être le cas de l'Azerbaïdjan.
    Pour info V Poutine entretient d'excellentes relations avec le Président Aliyev.

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  5. Au sujet de la multipolarité tant souhaitée et du résultat final :

    http://www.corbettreport.com/china-and-the-us-frenemies-with-benefits/

    Si le monde est "libéré" des americains , il faudra une organisation mondiale pour faire dialoguer tout le monde , c' est là que l' OMS (covid19) l' IMF (cbdc monnaie digitale) GIEC (réchaufisme) entreront en action .

    Conquète , guerre , famine , épidemie imposeront le gouvernement mondial pour repousser l' apocalypse .

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    1. Il est vrai que jusqu'à présent ce monde global américain nous a bien protégé de la gouvernance globale)) surtout, ne changeons rien !

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    2. Bill Gate président alors? Quant à l'Apocalypse (ou Révélation) repoussé ... .

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  6. Lisez le texte de Mr Corbett svp :)

    Le crédit social , l' identité numérique sur le visage , tout ce que pratique déjà la chine utilise la technologie américaine .Bientôt nous seront tous policé à la chinoise , pour mieux affronter les méchants chinois bien sur .

    "On" nous refait le coup de la guerre froide .

    Rappelez-vous de gaulle : " américains et russes se font sans arrêt des vacheries mais quand il s' agit de se partager le monde ils sont comme larrons en foire "

    Cette fois - ci , ce sera la Chinamérica qui jouera au bon flic-mauvais flic . Tout le monde aura à faire à l' un puis à l' autre , mais à la fin , c' est toujours la banque qui gagne . Il n' y aura pas de troisième voie cette fois ci .

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    1. et quel est le rapport avec la lutte contre la mondialisation atlantiste? cela a commencé alors qu'elle est en place et elle utilise déjà ces mécanismes de contôle social.

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  7. Les forces ukro-atlantistes continuent leur provocations terroristes contre les populations russes de Belgorod.

    Et les autorités russes de s'indigner de cette "ligne rouge" franchie avec l'appui technique et renseignement de l'OTAN, menaçant de représailles sévères le régime de Kiev si de telles attaques étaient renouvelées sur les populations russes des régions russes de Koursk, Belgorod, Rostov et de Crimée.

    Cependant ici le candide s'interroge :

    Pourquoi le Kremlin ne réagit pas avec autant de véhémence lorsque des attaques sont menées contre les territoires de Lougansk. Donetsk, Zaporodje et Kherson ?

    Car si je ne m'abuse

    1 / la Fédération de Russie a organisé et validé les résultats des référendums de 2022 demandant le rattachement de ces régions russes à la Fédération. Elles sont donc des regions russes à part entière, tout comme leur sœur criméenne en 2014.

    2 / franchir une frontière nationale est un acte de guerre, qu'il soit justifié ou non et qui engage logiquement un conflit entre les 2 pays concernés. Ces pays se donnent alors le droit de mener des opérations militaires sur l'ensemble du territoire de l'adversaire.

    3 / lorsqu'un conflit armé intervient entre 2 pays, quel que soit le nom qu'on lui donne, il est normal qu'il ne soit pas confiné au seul territoire contesté. Et les opérations russes de février 2022 nous le confirment. Seul le caractère terroriste des opérations est condamnable.

    Attaquer Donetsk c'est de facto depuis 2014, et de jure depuis 2022 attaquer la Russie ! Donc l'ire et les menaces de Medvedev devraient être les mêmes lorsque un civil russe, qu'il soit de Donetsk, Lougansk, Sébastopol ou Belgorod est blessé par un terroriste ukro-atlantiste.

    Lorsque la cohérence entre les faits et les discours s'efface devant le populisme politique, c'est le "2 poids 2 mesures" qui s'impose dans un propagandisme qui ferait rire s'il n'y avait pas du sang et des larmes coulant dans le Donbass depuis 9 années.

    Il est temps que Moscou cesse de frapper du poing sur la table et la renverse plutôt sur la gueule des criminels ukro-atlantistes avant de se noyer dans la dichotomie des déclarations et des actions.

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    1. Vous avez raison. A ceci près que les Russes sont des joueurs d'échecs. A ce jeu, il ne sert à rien de se laisser emporter par ses hormones. Pourquoi "frapper du poing sur la table et la renverser" quand un simple pion peut perturber un adversaire fébrile ? Poutine adore utiliser le minimum d'énergie pour le maximum de résultats. Biden, c'est le contraire et il est aujourd'hui à poil après avoir fait utiliser tout l'arsenal de l'OTAN. Il en est réduit aujourd'hui à lâcher les vieux F-16 de l'OTAN. En bref, c'est la misère côté occidental. Le rapport des pièces retirées de l'échiquier par les Russes est au minimum de un à dix par rapport aux Ukrainiens.
      Si on compare l'opération militaire spéciale avec la Grande Guerre Patriotique qui fut une victoire à la Pyrrhus, avec 28 millions de morts pour l'URSS, aujourd'hui, Poutine en a tiré les leçons et il joue infiniment plus fin que son prédécesseur en préservant le maximum de ses forces militaires, tut ne mettant KO l'ensemble des pays de l'OTAN.
      Alors, pourquoi s'énerver ? :)

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  8. Franchement, je ne vois pas bien les gains économiques et géopolitiques de l'intervention américaine dans cette région du monde, au regard des crises internationales que les USA ont créées de toutes pièces, et des problèmes sociaux graves auxquels quoiqu'il arrive ils vont devoir faire face sinon c'est la guerre civile. La raison en est que les affaires étrangères et les affaires internes sont gérées aux USA par des bras cassés idéologues russophobes, sinophobes et totalement irresponsables. Ce n'est pas en mettant un grain de sable dans la chaussure des BRICS pour soi-disant bloquer un projet de développement de moyens de communication physiques que la situation va changer. L'Oncle Sam est devenu sénile et vaniteux.
    Voici un bon résumé de la situation globale mis-en-ligne il y a quelques jours par l'excellent Dmitry Orlov :
    " L’Occident collectif s’est gravement blessé lui-même en imposant des milliers et des milliers de sanctions à la Russie. Plus important encore, l’ensemble de l’UE, et l’Allemagne en particulier, ont détruit la base de leur prospérité économique, à savoir l’énergie bon marché fournie par la Russie, et sont par conséquent entrés dans une boucle de crise économique dont ils sortiront trop faibles pour s’opposer à la Russie. De l’autre côté de l’océan, les États-Unis sont, d’un point de vue économique, un homme mort. Leur dernier vestige de puissance économique repose sur le pétrole de schiste, qui a atteint son apogée et est appelé à décliner rapidement. Son Trésor et son système bancaire sont tous deux au bord de l’effondrement, car le monde abandonne progressivement le dollar américain. Le pays est dirigé par un président marionnette sénile, dont le vice-président est une idiote ricanante. Le pays est en proie à une guerre civile naissante qui ne manquera pas d’éclater à mesure que l’effondrement financier se poursuivra et que les conditions économiques s’aggraveront. Compte tenu de ces développements, les États-Unis pourraient ne plus être en lice, les bases militaires américaines dans le monde deviendront non fonctionnelles, l’UE et l’OTAN se dissoudront, et les Européens et d’autres anciennes nations vassales des États-Unis remplaceront leurs dirigeants fantoches américains par des conservateurs patriotes et rétabliront des relations bilatérales avec la Russie. La Russie savait peut-être ce qu’elle voulait au début de l’opération militaire spéciale, mais ce qu’elle pourrait obtenir à la fin pourrait dépasser les rêves les plus fous de ses dirigeants."
    Source : https://lesakerfrancophone.fr/il-ny-a-pas-de-raison-pour-des-pourparlers-de-paix

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    1. Un peu d'optimisme ne fait pas de mal. Merci Camembert.

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    2. You're welcome Sir Languedoc 30 :)

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    3. Ils se congratulent les uns les autres, en se donnant du "sir".
      Comme c'est mignon

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  9. La mondialisation (impérialisme mal déguisé) américaine était facile à contester : un pouvoir sans partage , tout le monde est contre .

    -OMS FMI GIEC ne fesaient pas encore autorité partout , on les ignorait , ici et là .

    - le contrôle à la chinoise repose sur la reconnaissance faciale et la prédiction de comportement .
    C' est un produit de la lutte anti-terroriste que les américains/israëliens vendaient au chinois mais sans
    l' utiliser officiellement , partout . En , occident , on met des femmes dans la police . On est gentiment coercitif . On est en " cunnicratie " comme dit "Modeste Schwartz" .

    Mais si la chinamérique monte un duo "bon flic méchant flic " comme pendant la guerre froide , on aura régulièrement un accord mondial de type OMS ( vaccin covid ) GIEC ( voiture electrique ) FMI ( argent électronique ) suivi à l' inverse d' une agitation des masses populaires l' une contre l' autre ( taïwan ) , il sera alors , facile de serrer la vis , là il y aura du contrôle social pour tous et beaucoup d' argent pour les marchands d' armes . ( ça commence déjà )

    La guerre froide chinaméricaine va nous pourrir la vie comme elle a pourri celle des jeunes soviétiques . Pour les chinois , ça fera pas une grosse différence , mais l' occident va avoir un retour dans " les pires heures de notre histoire " très désagréable . Et les jeunes russes , post communisme vont pas aimer non plus .

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    1. Désolé, je n'ai rien compris. En bon français intelligible, tout ce sabir veut dire quoi exactement ?

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  10. Les USA veulent couper la route entre Russie et Iran. La carte géographique le montre et les déclarations ne le disent pas. J'espère pour les Russes qu'il y a des géographes au MFA.
    S
    ps : je suis pas rancunier en temps de guerre.

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