L'ONU, rien que l'ONU, tout l'ONU semble être la devise indéboulonnable du ministère russe des Affaires étrangères, qui s'est arrêté "au bon vieux temps" de l'après-guerre et de la splendeur de l'URSS, refusant de voir changements irréversibles. Après trois années de guerre. Après l'implication directe des organes de l'ONU dans le combat conduit par les Atlantistes contre la Russie. Alors que l'on ne cesse de nous parler de la guerre de l'information, de l'importance de la communication dans une société soi-disant post-moderne, il serait urgent d'adapter le discours. Et / ou de revoir la ligne politique. Sans "penser la déglobalisation", la Russie ne pourra pas remporter la victoire. Et c'est le monde entier, qui sera englouti dans une longue période glaciaire.
Le 10 février, la Russie célèbre le jour des diplomates. A cette occasion, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov a prononcé deux discours, dont la ligne laisse perplexe : la mission sacrée de la Russie serait d'assurer la souveraineté des Etats ... dans le cadre de l'ONU, du Sud "global" et désormais d'un "Est global".
Soit, l'on parle de souveraineté, soit de globalisation. Mais les deux sont incompatibles, ils s'excluent fondamentalement l'un l'autre, puisque la globalisation (quelle que soit sa forme) est en soi une négation de la souveraineté des Etats.
Le culte de l'ONU, à cette occasion, est érigé au même rang que celui du respect dû à la Patrie :
Aujourd’hui, comme pendant la Grande Guerre patriotique, il est fondamentalement important pour nous de faire preuve de détermination, de fidélité aux idéaux de notre Patrie, à son histoire, à l’héritage de nos grands ancêtres, et en même temps de fidélité aux idéaux de la Charte des Nations Unies.
L'ONU, la Patrie des territoires du monde global. Chaque système de gouvernance a ses mythes, ses croyances, ses valeurs. Le système de gouvernance global aussi et Lavrov vient de parfaitement l'exprimer.
D'ailleurs, ce monde global est réparti en zones, toujours sous couvert de défense de la souveraineté et de la justice, ce que la Russie voit comme sa mission première :
Notre tâche est (...) de parvenir à la formation dans tous les pays du Sud et de l’Est global d’une compréhension de l’absence d’alternative à un ordre mondial multipolaire et d’une compréhension de la nécessité absolue de protéger les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies, qui garantissent l’égalité et la justice dans les affaires internationales.
Ainsi, la mondialisation régionalisée, protégée et garantie par l'ONU. Amen ! Il est intéressant de noter que dans cette répartition géographique, l'on ne voit aucune mention d'un "Ouest global". Car lui n'est pas une zone, il est le centre ? Quel oubli révélateur ...
Parallèlement à cette allégeance quelque peu dérangeante après trois années de guerre sur le front ukrainien contre les Atlantistes, un bref sursaut de conscience : mais nous ne supporterons pas d'être discriminés. Il est vrai que ce n'est pas du tout le cas, depuis au minimum 2014 et le Maïdan en Ukraine ...
Le premier mouvement, celui de la révolte :
Dans ces circonstances, nos obligations envers les organisations qui pratiquent des approches ouvertement discriminatoires, où le principe statutaire d’égalité des participants n’est pas respecté et où les procédures de consensus convenues sont violées, seront revues. Ce processus a déjà commencé. Dans certains cas, elles peuvent être radicalement révisées.
Rien à dire, le monde global tremble ... Le seul cas où cela a eu lieu, puisque la discrimination est devenue une pratique courante, est celui du Conseil de l'Europe. Et encore, le pas a été franchi à contre-coeur avec une résistance acharnée de certaines élites russes et a été finalisé en grande partie en raison de l'exclusion parallèle de la Russie de cette organisation, ce qui a rendu le processus définitif.
Une situation dans laquelle la Russie respecte consciencieusement toutes ses obligations, tandis que l’autre partie ne remplit pas les siennes, ne peut pas être considérée comme normale et nécessite une correction. Si, pour des raisons indépendantes de notre volonté, cela n’est pas possible, alors il ne sert à rien de s’accrocher à des structures internationales dans lesquelles des États dotés de gouvernements hostiles « prennent les décisions ».
Belle déclaration, mais quelles sont ces organisations visées ? Il est dommage, que ces paroles ne soient pas devenues une pratique politique dès le début des discriminations, car cela aurait permis de réinstaurer rapidement le respect dû à la Russie dans les instances internationales, ce qui n'aurait pas permis l'avènement de la globalisation. N'oublions pas que ces instances n'ont de sens aujourd'hui, que si la Russie s'y plie, que si la Russie accepte et ainsi légitime le glissement d'un système d'organes internationaux mis en place après la Seconde Guerre mondiale, devant gérer les relations entre pays souverains, vers un système d'organes de gouvernance globale, devant imposer l'ordre du jour globaliste aux pays.
Malheureusement, la Russie n'a toujours pas passé le cap de la globalisation et ne se permet qu'une globalisation régionalisée, qui permet in fine de légitimer ce système global.
Nous travaillons à éradiquer les pratiques modernes du néocolonialisme et à former un monde multipolaire conforme à la Charte des Nations Unies et, avant tout, au principe fondamental de l’égalité souveraine des États.
La globalisation régionalisée est non seulement une forme de néocolonialisme, mais une sorte de système totalitaire soft, qui devient violent dès qu'il est en danger. La guerre en Ukraine en est l'un des aspects. En attendant, le ministère russe des Affaires étrangères promet de se battre de toutes ses forces, pour que ce système fonctionne.
Le discours politico-médiatique ainsi produit, en temps de guerre, ne peut remplir la fonction qui est normalement la sienne dans ce contexte : contenir l'ennemi et fédérer les alliés. C'est à l'inverse un message de faiblesse, qui donne des ailes à l'ennemi (et le comportement actuel de Trump l'illustre parfaitement), sans pouvoir entraîner derrière soi d'autres pays de sa zone naturel d'influence, ce qui se voit par la politique de non-investissement en Russie des BRICS ou de l'avancée des Etats-Unis en Asie centrale.
Il y a de fortes chances que la Russie soit de surcroît sincère, pensant permettre la sortie de la globalisation avec cette "globalisation régionalisée", pudiquement baptisée "monde multipolaire". Le problème majeur est l'impossibilité de penser en dehors des cadres intellectuels et politiques globaux. Cette faiblesse, qui la fait tomber dans toutes les illusions tendues, justement pour permettre la pérennité de ce système de gouvernance. Et pour l'instant, ça marche. A son corps défendant, ce problème est général et concerne la plus grande partie des élites nationales, même celles qui se considèrent "souverainistes".
PS : Cerise sur le gâteau, le représentant de la Russie à l'ONU, Vassily Nebenzia, a déclaré :
que l'organisation mondiale dispose d'un « certain potentiel de négociation » pour des contacts entre la Russie et les États-Unis sur la question de l'Ukraine.
Comment deux Etats souverains, pourraient-ils régler leurs différends de manière bilatérale ? Quelle idée, cela ressort du monde "d'avant". Dans la globalisation, c'est impensable ... et d'ailleurs, rassurons-nous, "impensé".
Quand un pays a une telle envie de se faire tromper, ce serait un crime de ne pas le tromper. Une fois de plus. Et Trump est la personne idéale pour cela. Ce qui explique certainement la facilité avec laquelle les élites américaines, l'ont accepté. Espérons, que les consciences en Russie se réveilleront avant qu'il ne soit trop tard.
Vous avez 100.000 fois raison !
RépondreSupprimerL'heure n'est plus à la diplomatie et encore moins à l'illusion de la Charte des nations unies.
La réalité s'impose : les Usa font leur marché sans demander permission à l'ONU à Panama, à Gaza, au Groenland, au Canada, en Ukraine ! Des pays sans défense...
Et surtout, la Russie reste une PROIE inaccessible pour les Globalistes américains, (pour reprendre votre terme de globaliste.)
Ce globalisme n'est rien d'autre que la DICTATURE d'une gigantesque organisation privée, le Commonwealth il y a peu, dépassée au XX ème siècle par le "Nouvel ordre mondial", un empire sans nom et se cache derrière un état : celui des Usa, habit officiel et outil de ces grands banquiers américains anglo saxons. Le peuple américain n'en a pas conscience, mais il est l'esclave de ces banquiers immensément riches et puissants, car ces dictateurs ont besoin de mercenaires pour agir.
La Russie reste une PROIE pour ces banquiers, après tant d'autres pays conquis. Et cette organisation criminelle ne lachera pas sa proie. En d'autres termes ce qui attend la Russie, dans un terme qui ne peut être fixé est le sort de l'Irak pour prendre un seul exemple. C'est cela que doit comprendre Lavrov, et tous les membres du Conseil de sécurité de la Russie.
Car cette conquête du monde passe par la conquête des territoires de la planête qui sont immensément riches comme, loin devant tous, la Russie. Une fois la Russie conquise, ses structures anéanties de gré ou de force, ses dirigeants soumis ou assassinés comme le fut Saddam Hussein (encore une fois ce n'est qu'un exemple), la Chine et les Indes n'auront plus de sources de matières premières... les gangsters auront sinon gagné sans combattre la Chine , du moins remporté une victoire essentielle pour conquérir le monde.
L'ONU ne sert plus au monstre financier, sinon pour neutraliser les pays qui résistent, par le seul véto du réprésentant des USA.
Cette guerre est totale et si les élites russes ne le comprennent pas, la Russie risquera de un jour un souvenir, comme Babylone.
Nous n'en sommes pas là car la Russie a les moyens de résister et de survivre. Elle doit expliquer au reste du monde ce qui l'attend si elle cessait de combattre les Globalistes américains qui lui font la guerre depuis toujours.
La Russie peut tenir tête au monstre. Elle ne risque pas d'être balayée en quelques heures comme d'autres pays riches (de pétrole seulement) l'Iran, le Vénézuéla, ou occupée comme le Groenland...
Voilà ce que les dirigeants russes doivent expliquer maintenant à la face du monde. La planète entière comprendrait. Et Xi et Moddi comprendraient mieux que cette leçon dépassée sur la Charte des nations unies !
Tant que des globalistes dirigeront la Russie
RépondreSupprimerC'est évident mais pas clair pour tout le monde , visiblement
Taper sur les homos n'est qu'un écran de fumée, faut il le comprendre