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mercredi 4 mai 2016

La fin du rêve européen



L'Europe ne fait plus rêver. Je ne parle pas de l'UE, comment rêver d'une administration obèse? Non, l'Europe, avec ces petites rues, ces cafés, sa gastronomie et surtout son insolence. Son goût, bon goût, de la liberté qui ne se confond pas avec la vulgarité. Nous sommes passés de Devos à Bigard, de Rosa Luxembourg aux Femens, le foie gras tchèque est vendu à côté de celui du Gers et le fromage est fait au lait pasteurisé. Nous ne faisons plus rêver, car nous nous sommes perdus. Nous manifestons pour des slogans, plus pour des idées. Et nos voisins russes, tellement francophiles, qui en arrivent même - ce que j'ai toujours du mal à comprendre - à vouer un véritable culte à Napoléon, ont ouvert les yeux. Et ce n'est pas une nouvelle chaîne de propagande en russe qui changera les choses. Ils ont ouvert les yeux sur une réalité objective.


En participant ce mois-ci à différentes conférences à Moscou en matières juridique et (géo)politique, une phrase est souvent revenue. Dans la bouche d'intervenants d'âges différents, de convictions politiques différentes. On s'est fait avoir. Dans les années 90, lorsque l'on nous a vendu le modèle dit "européen" avec sa cour de justice a priori indépendante, avec son parlement à valeur démocratique ajoutée, avec ses commissions très très sages, on nous a eu. Ce qui s'y passe n'a rien à voir avec l'Europe. L'Europe européenne, pas celle de l'UE ou du Conseil de l'Europe, cette Europe au rabais, une Europe devenue produit d'exportation

Les russes ont été élevés au son des grands hommes qui ont fait la culture française, cette culture qui imprègnait l'Europe, ils se retrouvent face à des baudruches prétentieuses.

Forcément on ne fait plus rêver. Et le nouveau maître y aide. Que faire pour sauver la face lorsque Obama fait sa tournée impériale en Europe, donnant la leçon à Londres ou à Berlin, expliquant comment gouverner, quels actes adopter - ou non - avec qui collaborer et comment. Le tout devant caméra. Pour être bien certain que le message passe. Le message est passé. L'Europe s'est vassalisée, on le lit maintenant ouvertement, si avant cela se murmurait, avec doutes et espoir d'erreur.

Donc politiquement, nous n'avons plus grand chose à apporter, culturellement - ça se passe de commentaires, il reste les classiques, mais nous n'y sommes pour rien, c'est presque "malgré nous". L'Europe est-elle attractive socialement? économiquement?

La crise des migrants - comme il est convenu de l'appeler - autrement dit, la vague d'immigrés qui a déferlé sur les pays européens, ne va pas améliorer l'image du pays. Ni pour les vacances - venez passer un été de rêve à Kos ? ou visitez les camps d'immigrés parisiens, vous pouvez même en adopter un ? - ni dans la perspective d'une expatriation. D'autant plus que le niveau de vie a suffisamment monté en Russie, les structures s'améliorent, pour être comparables au niveau de vie européen.

L'Europe n'est plus attractive et ce renversement de situation a largement pesé sur le paysage politique russe intérieur. Vouloir l'avenir européen - tel que vanté par l'UE, car la Russie est culturellement européenne - n'est plus repris que dans un discours radicalisé. A ce sujet, une excellente émission de Mikhalkov, la dernière en date, celle du 1er mai:


La radicalisation du discours en arrive à dénigrer tout ce qui est antérieur à 1991, B. Eltsine étant le sauveur qui aurait mis la Russie sur les rails européens. Un peu comme Poroshenko en Ukraine. Mais justement l'exemple ukrainien perturbe le discours, car les gens voient les résultats de ce processus "d'européanisation" forcée, la dégradation morale, politique, économique et sociale qui en a été consécutive. Pour toutes ces raisons, toute cette partie de la population qui était naturellement "pro-européenne", qui rêvait devant un visa schengen, a ouvert les yeux. 

Et c'est une grande perte pour nous. Pour le rayonnement de notre pays et de notre culture. Car ces gens déçus ne reviendront pas grâce aux trolls européens dans les réseaux sociaux. Ils ne reviendront pas suite à l'ouverture d'une Euronews bis qui fera encore plus de propagande. Ils ne reviendront vers l'Europe lorsque celle-ci redeviendra à nouveau européenne.

5 commentaires:

  1. "Ils ne reviendront vers l'Europe lorsque celle-ci redeviendra à nouveau européenne."

    On ne reviendra pas en arrière, si nous devions nous relever nous ne pourrions pas le faire en revenant en arrière (dans le passé j'entends, pas dans l'échelle des valeurs "progressistes").

    Vu l'état général des mentalités en France, soit y a un petit groupe de grands esprits qui se cachent bien, soit -et c'est beaucoup plus probable- il n'y a aucune raison de penser que les germes d'un renouveau existe en France (en Europe je sais pas, mais je vois pas grand chose de nouveau à l'horizon non plus).

    S'il doit se produire un changement de paradigme quelque part, je pense qu'il se produira dans une zone économique qui a de bonnes raisons d'espérer, et dans un ensemble culturel confiant qui se donne raison pour d'autres motifs que les défauts réels ou supposés de ses voisins/concurrents.

    Qui sait, peut-être la Russie ?

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  2. Merci encore pour cet article, qui resume bien un sentiment diffus et un peu honteux d'une bonne part d'Europeens.
    Faut-il s'en etonner pour autant, et que peut-on encore y faire? Pour autant que je puisse les comprendre, les touristes etrangers aiment surtout la France pour son patrimoine culturel et gastronomique. Or tous deux sont graves dans le passe et n'ont rien ou peu a voir avec les Francais contemporains. Si la litterature classique, les gorges du Verdon ou l'epopee napoleonienne sont encore des objets de fantasmes pour etrangers en mal d'exotisme, notre question est celle-ci, nous Francais: que devrions-nous faire pour reintroduire cet "esprit francais" au sein de notre pays? Sinon un retour au temps des puissances multipolaires, independantes et pretes aux guerres d'interet, je ne vois pas bien. Napoleon fait encore rever les Russes pour son romantisme du glorieux siecle des revolutions, le sang et l'odeur en moins ... quant a notre CA de l'UE, les traites imposes ont remplace la democratie censitaire par une technocratie financiere. Peu de difference a la sortie pour un peuple deboussole et spectateur de son changement demographique. Plus d'Histoire dont s'inspirer, plus de projet a realiser (sinon la paix universelle, qui profite bien aux irenistes assermentes) ... bienvenue sur la plateforme mondiale! Le prix a payer pour un village global?
    Savoir ce que l'on veut, avant de pleurer ce que l'on perd. Un conseil sage, emis par Jacques Sapir il y a peu et a Moscou meme.
    A suivre ...
    Bien a vous, FS

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  3. Merci pour cette description on ne peu plus véridique. Je ne suis pas français mais québécois, mais vos propos rejoignent bien mes sentiments envers l''Europe, envers la France. Mon dernier voyage remonte à 2012 et j'avais déjà remarqué les dégâts pour y avoir été quelques années auparavant. Y retourner sous peu, je chercherais sans doute l'exotisme des petits villages reculés qui ont moins souffert de l'Atlantisme...si ça ce trouve.

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  4. Peut-être que les Russes se sont trompés sur notre compte, mais nous aussi nous nous sommes trompés parce que nous avons été trompés, sur le devenir de notre europe après des décennies de conflits, enfin la paix, la concorde, l'amitié entre les peuples allait advenir.
    Tous ces beaux sentiments ont été détournés au profit de quelques uns, en ce sens rien de nouveau sous le soleil. Va pour le constat.
    Maintenant, celui-ci étant fait, reterons nous longtemps les bras ballants à se lamenter sur un beau rêve disparut, ou reprendrons nous le combat pour chasser tous les marchands avides et cupides....

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  5. Dans « C’était de Gaulle », au sujet de la sortie de la CEE, il soutient : « C’est de la rigolade ! Vous avez déjà vu un grand pays s’engager à rester couillonné, sous prétexte qu’un traité n’a rien prévu pour le cas où il serait couillonné ? Non. Quand on est couillonné, on dit ‘je suis couillonné. Eh bien, voilà, je fous le camp !’ Ce sont des histoire de juristes et de diplomates, tout ça ». On ne l’imagine guère rester enchaîner deux ans à un traité qui nous « couillonnerait »…

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