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mardi 15 octobre 2019

Ukraine / Donbass : Zelensky est-il finalement une erreur stratégique du clan Atlantiste ?



La tentative de Zelensky de faire avancer le processus politique de règlement du conflit dans le Donbass tourne court. Les nationalistes sont revenus sur le pied de guerre, des foules sont envoyées dans les rues de Kiev, le retrait des forces armées fut un échec. Le mouvement semble à tel point presque "naturel", que l'on est obligé de se demander si la mise en place de Zelensky, correspondant aux standards actuels du jeune manager efficace apolitique, ne fut pas une erreur stratégique du clan Atlantiste. Car même si le conflit dans le Donbass a toutes les caractéristiques d'un conflit postmoderne, il existe et cette existence perturbe le jeu géopolitique dans la région.


Rappelons que, sorti de nulle part, Zelensky est apparu sur la scène politique après les séries télé, présenté comme l'homme de l'oligarque Kolomoïsky. Avec un peu de sérieux, il est difficile d'imaginer, vue l'omniprésence des curateurs atlantistes dans le pays, qu'une telle candidature ne soit que le fait d'un oligarque alors en exil. Et en effet, Zelensky correspond parfaitement à ce que l'image d'un "dirigeant" d'un pays non souverain doit être aujourd'hui : 
  • jeune : l'expérience apportée par l'âge est un inconvénient, car elle empêche une totale soumission aux dogmes néolibéraux:
  • souriant : car la légèreté est de mise, les choses ne pouvant être sérieuses - sauf ce qui concerne le droit absolu de tout être humain de consommer;
  • un burger à la main : il faut faire "peuple", mais "peuple McDo";
  • remettant en cause le protocole étatique : les rites qui fondent l'Etat ne peuvent avoir cure dans un système néolibéral, puisque foncièrement antiétatique;
  • apolitique : le culte du néo-management est incompatible avec la politique, qui suppose une gouvernance, alors que le management est une mise en oeuvre. 


Zelensky était absolument parfait dans le rôle - vu de l'extérieur. Il devait conduire la Russie à se discréditer en lâchant le Donbass grâce à une subite focalisation sur cette Formule Steinmeier, ne donnant finalement aucune garantie quant à l'avenir des populations du Donbass, mais devant permettre aux curateurs de l'Ukraine de passer à autre chose et à la Russie de soi-disant sauver la face en tournant délicatement la page. Dans la foulée, tout a été préparé et Zelensky dans un élan de communication parfaitement contrôlé déclare que le retrait des forces doit se faire sur tout le long de la ligne de front et pas seulement dans deux localités.

Tout a été parfaitement réglé - mais sans compter les années de manipulations de la population ukrainienne, d'exacerbation des sentiments guerriers, des sentiments violents, de la légitimation de l'agression  par une partie du pays de l'autre partie qualifiée alors de terroriste, d'ennemi. Et sans transition, l'ennemi doit être "pardonné" et intégré. Le moment du Grand Pardon est arrivé - sur la scène internationale. Il a été rejeté - par la partie radicalisée à l'intérieur. Certes une grande partie de la population est pour une pacification de la situation et justement pour cette raison a élu Zelensky, dont la cote de popularité était de 73% (passée maintenant à 66%, ce qui reste confortable). Mais la minorité est suffisamment importante pour bloquer le processus. Car dans le cas d'une remise en cause du discours, elle perd sa raison d'être, elle perd sa légitimité - elle peut même avoir eu tort. Et cela n'est pas acceptable. Par ailleurs, les paradigmes conflictuels simplifiés à l'extrême entre Soi et l'Autre, entre le Bien et le Mal, permettent l'absolu qui, lui, empêche toute possibilité même de réflexion et n'autorise que la soumission affective. Donc l'exonération des crimes. Le Grand Pardon réintègre une dose de complexité, qu'il faut ajouter au compte-gouttes, prendre son temps. L'arrivée impromptue de Zelensky et le changement radical du discours furent, en ce sens, une erreur stratégique. Pour le clan Atlantiste. Mais salutaire pour les habitants du Donbass, qui peuvent ainsi passer à côté d'un danger existentiel.

Les grandes manifestations du 14 octobre, journée nationale des bandéristes et UPA (armée ukrainienne ayant collaboré aux crimes nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, requalifiée pour les circonstances de force indépendantiste), en furent la démonstration. A 15h, les groupes extrémistes du Maïdan, qui ont perdu leur poids politique institutionnel, reviennent dans la rue, suivis à 16h par les vétérans et leurs soutiens, autour d'une "Marche contre la capitulation". 





Voir différentes vidéos :





Une foule passant par la place Maïdan et allant devant l'Administration présidentielle. Une foule, dans l'ensemble, calme et décidée. Et compacte :



Il y a bien eu quelques fumigènes, mais aucune violence factuelle particulière, sinon celle en soi de  l'idéologie portée par ces mouvements extrémistes, n'a été relevée :



Sur la tribune, devant une foule plus que favorable à ces propos, les leaders nationalistes  ont donné 10 jours à Zelensky pour remplir leurs conditions. Sur leur page facebook, ils se sont prononcés contre le statut particulier du Donbass, contre le retrait des forces armées de la ligne de front, contre l'amnistie générale des combattants du Donbass, contre l'autorisation de toute formation militarisée sur le territoire du Donbass (dont la "milice populaire"), pour l'interdiction de toute institution élue sur le territoire du Donbass tant que l'intégralité de la frontière russo-ukrainienne n'est pas sous contrôle de l'armée ukrainienne et pour la sortie des accords de Minsk en les remplaçant par des négociations dans un format de Budapest, à savoir intégrant les pays ayant signé le memorandum de Budapest en 1994 (Ukraine, USA, Royaume-Uni et Russie). Pour tenter d'amadouer cette opposition, le Premier ministre ukrainien a participé au concert d'un groupe d'extrême droite, accusé pour ses déclarations néonazies, sans n'en avoir retiré aucun bénéfice politique.

Finalement, aussi paradoxale que cela puisse paraître, la réaction de cette foule est - normale. On lui a expliqué pendant des années qu'il y avait un ennemi qui la mettait en danger, elle veut le combattre et l'écraser et ne comprend pas pourquoi il faut tout arrêter pour mettre en place un processus politique alors que le combat n'est pas terminé. Des années de préparation psychologique ont conduit au Maïdan, ensuite le discours s'est encore radicalisé, ayant entraîné des décisions politiques anormales en temps de paix : intervention armée dans l'Est du pays, interdiction des films et livres en langue russe, attaque (physique) contre les chaînes de télévision ne reproduisant pas le discours, attaque (physique) contre les tribunaux voulant relâcher les personnes accusées de terrorisme, etc.  La société ukrainienne est en guerre. Même si les militaires, retenus par les politiques, ne mènent pas une guerre totale et entière. Et l'on se retrouve face au paradoxe classique produit par nos sociétés postmodernes : d'un côté, un discours extrêmement agressif est normé (et toute digression est violemment réprimée); d'un autre côté, le conflit armé qui logiquement en découle est retenu, empêchant par là même toute possibilité de résolution réelle.









5 commentaires:

  1. "la réaction de cette foule est - normale": Voilà, vous avez très bien résumé la situation ! Certains politiciens (tous?) imaginent que les citoyens jouent autant les girouettes qu'eux même. Grave erreur, et ils s'en aperçoivent de plus en plus souvent aujourd'hui.

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  2. Que de monde pour un défilé pour la guerre.
    Je ne me rappel pas autant d'affluence dans les manifestations contre les violences d'Odessa par exemple, ou de Mariopol,... la liste est trop longue.

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  3. L'ukraine était dès le début une aberration, sauf à considérer que l'URSS était éternelle, faire cohabiter le Donbass russe, avec tout ce que ces gens ont souffert du nazisme, avec l'ouest né de pays ayant peu ou prou soutenu Hitler et le nazisme ne pouvait qu'exploser à la fin de l'URSS.

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  4. L'ukraine était dès le début une aberration, sauf à considérer que l'URSS était éternelle, faire cohabiter le Donbass russe, avec tout ce que ces gens ont souffert du nazisme, avec l'ouest né de pays ayant peu ou prou soutenu Hitler et le nazisme ne pouvait qu'exploser à la fin de l'URSS.

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  5. Que vont faire les dirigeants du Donbass? Ils ne vont pas continuer une guerre larvée 5 ans de plus j'imagine, alors quoi? Pas une seule proposition venant de ces abrutis n'est acceptable. Et les russes qu'est-ce qu'ils en pensent.

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