Koudrine, l'un des maîtres à penser du néolibéralisme en Russie, actuellement à la tête de la Chambre des comptes, estime qu'il faut relancer un programme de privatisation en Russie - l'Etat n'a rien à faire dans l'économie. Toujours le même populisme avancé : ça évitera d'augmenter les impôts, quand c'est étatique c'est pas efficace, et surtout aux Etats-Unis ils ne font pas comme nous (ce qui est certes un argument de poids). La Russie a connu les mêmes arguments dans les années 90, avec pour résultat la désindustrialisation du pays, la crise socio-économique et les prises d'action étrangères sur l'économie russe. Faut-il toujours répéter les mêmes erreurs, l'idéologie est-elle tellement forte qu'elle empêche toute analyse objective, n'y a-t-il aucune force étatique ? Ou bien les mêmes causes produisent-elles les mêmes effets - il faut créer une nouvelle élite, plus globaliste ? Le Kremlin a délicatement et fermement écarté la proposition, rappelant tout ce que la Russie a dû subir en raison des privatisations massives.
La Russie connaît parfaitement les mécanismes de privatisation et comme l'affirmait Tchoubais, l'un des piliers de la destruction de l'URSS et de la mise en vente globale de la Russie dans les années 90 (toujours en poste aujourd'hui, toujours influent), la privatisation a alors surtout permis de détruire une classe dirigeante pour assurer le transfert du pouvoir. Autrement dit, la question économique était totalement absente de la privatisation et la chute vertigineuse de l'économie russe qui en a suivi, ainsi que la désindustrialisation massive, l'illustrent parfaitement. Actuellement, le processus ne s'arrête pas et la Russie revient à peine aux résultats soviétiques de l'activité économique, c'est effectivement un brillant succès des néolibéraux, qui n'a simplement rien d'économique.
Et puisqu'il ne faut rien changer, Koudrine propose de relancer les privatisations massives, car il faut sortir le secteur étatique de l'économie. Il reprend exactement les mêmes arguments que Tchoubaïs dans les années 90, à savoir l'inefficacité a priori de la gestion publique, le gain pour la population et la non-augmentation des impôts, etc.
La baisse des prix lorsque le secteur devient concurrentiel est magnifiquement illustrée par la hausse des prix tant en France, qu'en Grande-Bretagne, que ce soit pour les transports, la poste, la consommation d'énergie, etc. Mais, peu importe.
Et Koudrine d'expliquer que l'Etat s'est impliqué dans l'économie après la crise de 2009, ce qui est bien en période de crise, mais la crise terminée, il doit en ressortir. Donc, si l'on a bien compris, il n'y a strictement aucune crise économique mondiale aujourd'hui, qui porte sur ses ailes une crise sociale sans précédent, le tout empaqueté dans une crise politique qui n'en finit pas ? Parfait, c'est bon à savoir ... En tout cas, il est bon de connaître le discours ambiant, celui qui est censé recréer une nouvelle réalité par la force magique de la répétition et de la persuasion. Ce qui ne marche pas longtemps.
Les mêmes causes entraînent-elles les mêmes effets ? Tchoubaïs disait alors :
"La privatisation en Russie jusqu'en 1997 n'était absolument pas un processus économique ... Elle avait pour enjeu principal d'arrêter le communisme. Et cette question, nous l'avons réglée".
En effet, la crise sociale des années 90, notamment, faisait réfléchir la population sur ce qu'elle avait perdu et les communistes remontaient. En détruisant totalement l'économie et en mettant les gens en situation de survie, ils n'avaient plus le temps de penser à la politique - il fallait manger. Pendant ce temps-là, une nouvelle "élite" s'est construite sur les restes du système. Cette "élite", moderne, "libérale", démocrate, ressemble à s'y méprendre dans son fonctionnement aux charognards.
Les mêmes causes entraînent en général les mêmes effets. Quelle élite, quel système, cette fois-ci faut-il détruire ? Les élites qui sont liées à l'Etat ? Sortir l'Etat de l'économie, c'est aussi paralyser toute cette élite gouvernante, tout le système d'influence, c'est remettre à plat les zones de pouvoir. Et si cette nouvelle élite économique n'est plus liée à l'Etat national, elle sera liée à qui, à l'élite globale ? Il n'y a pas d'autre alternative. Ce n'est ni bien, ni mal, c'est un choix idéologique, qu'il convient de faire en pleine conscience. La Russie sera alors pleinement alignée dans la globalisation.
Heureusement, le Kremlin a répondu à Koudrine, en lui rappelant justement l'impact particulièrement négatif sur l'économie russe des privatisations massives dans l'histoire russe récente, qu'il a fallu reconstruire, justement grâce à l'implication de l'Etat. Très justement Peskov, porte-parole du Kremlin, souligne que la privatisation n'est pas un but en soi.
Il est plus que temps que les fripouilles néo libérales cessent d'influencer la politique russe et qu'ils soient définitivement virés. Que la Russie revienne aux principes de Primakov qui ont fait le succès de ce pays.
RépondreSupprimerPlus personne n'écoute ce has been de Koudrine. Pas la peine d'en faire tout un billet.
RépondreSupprimerHas been, oui, à la tête de la Chambre des comptes ... et toujours très influent. Mais il vaudrait mieux ne pas en parler pour ne pas gâcher l'ambiance ... mais bien sûr))
SupprimerAh Ah Ah !
RépondreSupprimerComme quoi tout le monde a ses guignols. C'est sûr, au vu de la situation en occident et notamment en France, c'est bien le moment de suivre l'exemple, cela va tellement mieux ici.
Plus c'est gros, mieux c'est, mais un moment donné cela devient grossier.
Bon courage au russes et si jamais vous trouvez une méthode pour vous débarrasser de vos parasites, merci de laisser une note sur le net qu'on en prenne de la graine, merci.
P.S: et si possible rapidement car ici ça urge
Oui si vous pouvez faire en sorte d'écarter ces parasites ce serait bénéfique également pour nous. La seule différence réside dans le fait que seuls les Russes ont encore une âme collective qui les rend capables de s'unir pour chasser les prédateurs. Ce qui fait largement défaut chez "nous". Je dis "nous" parce que nous ne sommes déjà plus chez "nous". Nous leur appartenons déjà!
RépondreSupprimerJ'imagine que Koudrine s'adresse à un public ciblé, dans le cadre des élections prochaines, question, comme vous le dites ci-dessus, de déforcer le pouvoir central actuel, en jouant sur l'appât du gain qui en fait rêver encore certains au service du globalisme. Quelle aubaine cela serait pour ces anglo-saxons, mauvais joueurs, qui n'ont que la haine et l'idée de vengeance à «offrir». La soumission de l'autre et le chaos étant leur leitmotif. En tout cas, il est certain que les Koudrines en tout genre ont l'oreille attentive des services de renseignement et des ONG occidentaux, prêts à intervenir, si une opportunité se présentait.
RépondreSupprimerLe globalisme, porté par une poignée de quelques individus dérangés du képi, essentiellement anglo-saxonnes, faut-il le dire ?, accompagnées de leurs compradores nationaux style Macron, ne s'arrête jamais. Il appartient donc aux peuples de la terre de le stopper net. Il est vrai, que les Hubris égocentriques qui infestent ce petit monde occidental en putréfaction avancée, ont pris soin de confier à covid la répression des populations, au cas où la mauvaise idée leur viendrait de s'activer contre la déchéance programmée de tout une civilisation. Petite anecdote: j'ai taillé une bavette avec covid. Il était effaré d'être rendu responsable de tant de malheurs humains. Et de conclure, il me dit: «j'ai vraiment l'impression qu'on me prend pour un con».
je pense qu'il vaut mieux les laisser bien en vue là où ils sont pour bien les surveiller comme a suggérer une certaine écologiste.
RépondreSupprimerDans une Russie qui oscille entre désir d'ouverture et de repli sur soi, Koudrine est resté ce relais d'influence très écouté au Kremlin (et jusqu'en occident...!). C'est le président Poutine qui l'a nommé en 2018 à la tête de la Cour des comptes. Son retour dans le cercle des hauts fonctionnaires réduit certes sa liberté de parole mais lui donne un accès plus direct au président. Bref, Koudrine n'est pas là par hasard.
RépondreSupprimerLe rôle de la Cour des comptes est de superviser les budgets et les comptes financiers du gouvernement ainsi que de faire un rapport précis sur la réalisation des objectifs fixés par le président.
Il est intéressant d'apprendre que la question de la privatisation revient maintenant à l'avant scène des débats. On devine donc que cela discute ferme au Kremlin. Serait-on au seuil d'une nouvelle transition économique ? Poutine, au-delà des opinions, écoute et apprécie ceux qui prennent des responsabilités. Koudrine fait son travail. Un bilan (un contrôle sur les résultats) est présenté au président. L'article rbs.ru* mentionne néanmoins une nuance. Il s'agit de réduire la faible efficacité des décisions prises par l'Etat ainsi que sa lourdeur bureaucratique et tout ce qui s'y rattache en termes de corruption... Peskov, quant à lui, remet l'église au milieu du village (C'est son rôle). L'aventurisme libérale avec le braconnage économique de l'ère Eltsine est révolu.
On pourrait aussi s'interroger sur la survie politique de certaines figures politiques après les élections de septembre. Il y a des conservatismes dépassés et il y a des priorités nationales... Le président tranchera et donnera de nouvelles instructions. Dans quelque temps de nouveaux bilans lui seront présentés. De crise en crise, la vie continue...
La Russie évolue vers la modernité. Ailleurs, en occident, on la regarde et on se gratte la tête sans trop comprendre ce qui s'y passe.
*https://www.rbc.ru/economics/07/09/2021/613736829a7947010bee0e58
Le problème le plus grave de la Russie a toujours été les "cinquième colonne", et ce bonhomme me paraît un de leurs.
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