Avancée de l'armée russe et retour du lithium du Donbass en Russie

L'armée russe continue à libérer le territoire de la République de Donetsk et l'armée atlantico-ukrainienne continue à reculer. Ce qui porte notamment un coup à l'accaparement par les entreprises occidentales des ressources naturelles du Donbass sous le slogan de la transition écologique. Ainsi, avec la libération de la localité de Chevchenko, c'est le lithium qui revient en Russie. Et la dépendance au lithium de l'Occident, indispensable au monde global technologisé à l'absurde, rend l'Ukraine encore plus stratégique.

Dans la logique des "transitions écologiques", le lithium tient une place de choix. Or, l'Occident dépend en grande partie de la Chine et de la Russie. Or, en février 2022, l'Ukraine abritait environ 500 000 tonnes de lithium de haute qualité et de vastes plaines prometteuses. Selon les spécialistes, la valeur totale des gisements en Ukraine est astronomique. Et comme par hasard :

L’Ukraine et la Commission européenne ont signé en 2021 un accord de partenariat stratégique sur les matières premières, présenté comme une avancée significative pour l’Ukraine dans le domaine des énergies renouvelables. Il s’agit d’un accord qui a également renforcé la confiance des sociétés minières étrangères qui cherchent à obtenir des permis d’exploration ukrainiens, première étape du processus minier.

Le néocolonialisme appelle l'accaparement des richesses - une transition écologique, un renforcement de la confiance, etc. Parce que si l'Ukraine avait elle-même exploité sa richesse, elle aurait perdu la confiance de l'Occident, évidemment. Mais comme elle était prête à tout lui céder, elle a gagné "sa confiance". Et comme chacun le sait, la confiance, ça coûte cher.

Et l'on trouva ainsi d'autres informations concernant un partenariat conclu aussi avec les Etats-Unis et d'une manière générale, le transfert des richesses qui s'est opéré très rapidement, bien avant le partenariat conclu en 2021 par les Européens, toujours en retard face à leur maître. Mais révérence oblige.

En théorie, il s’agit de métaux « pour la transition » ; en pratique, la visée est bien plus large. Il permettrait par exemple d’assurer des importations de titane, décisives pour Airbus et Safran ; de zirconium, utilisé aux trois quarts pour le nucléaire ; de scandium, sous-produit de la métallurgie du titane utilisé dans les piles à combustible et les alliages ultralégers de l’aéronautique ; ou encore de molybdène, employé dans les superalliages, les écrans et les puces électroniques. Pour la fabrication de semi-conducteurs, l’industrie étasunienne est par ailleurs dépendante à 90 % du néon de qualité ultrapure produit à Odessa à partir du gaz issu des acieries.

En amont de ce partenariat, l’Ukraine s’était engagée à privatiser ses mines et son industrie métallurgique, à collaborer avec les services géologiques européen (EuroGeoSurveys) et étasunien (USGS) et à réaliser en anglais un « Atlas de l’investissement » cataloguant les gisements de métaux critiques disponibles. Selon Ukraine Invest, il recensait 8 761 gisements en 2021.

À partir de 2016, le gouvernement a commencé à vendre ses permis miniers par le biais d’enchères électroniques. Entre 2018 et 2021, le nombre de permis attribués est passé de 150 à 377 et le nombre d’enchères électroniques de 10 à 160. En 2019, Metinvest, société métallurgique de Rinat Akhmetov, l’homme le plus riche d’Ukraine, s’est associé au géant Glencore (basé en Suisse) pour exploiter l’un des principaux gisements de fer du pays, à Shymanivske, non loin de Zaporijia.

Or, la fameuse transition écologique va renforcer la dépendance des pays européens, car si leurs besoins explosent avec la surconsommation de technologies, il n'y a pas d'exploitation à ce jour réussie de lithium dans nos pays. L'Ukraine devient alors encore plus stratégique ... question de démocratie, évidemment.

En 2021, la société autrichienne European Lithium a obtenu les gisements de lithium du pays dont celui de Shevchenkivske, situé dans le Donbass. Les mines de graphite de la région de Mykolaïev, dans le sud du pays, ont été attribuées à l’entreprise australienne Volt Resources. Après l’invasion de la Crimée, le géant russe DF a été dessaisi de ses mines de titane, tandis que les autres gisements du pays sont désormais exploités par l’entreprise ukraino-étasunienne Velta Resources.

Or, justement, l'armée russe vient de libérer la localité de Chevchenko dans le Donbass et la Russie a précisé que les gisements de lithium passent sous contrôle russe. Comme l'a déclaré Pouchiline, le gouverneur de la République populaire de Donetsk :

Permettez-moi de vous rappeler qu'il existe des gisements de lithium dans la région de la localité de Chevchenko. Ils sont en effet intéressants pour l’Occident dans son ensemble. Mais pour l’instant, tout cela est sous le contrôle de la Fédération de Russie.

Les intérêts énergétiques sont très souvent à la source des conflits internationaux : l'Occident a besoin de plus d'énergie, qu'il n'en produit. Sa "sécurité", dans le sens de sa domination, en dépend. L'on voit ainsi fleurir les conflits au Moyen-Orient ou en Ukraine, où la dimension mercantile accompagne parfaitement la dimension géopolitique existentielle.