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lundi 25 avril 2016

L'Autriche, Macron et le combat anti-politique

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Quand Macron nous montre la voie


Les élections présidentielles en Autriche, qui risquent de déboucher sur l'arrivée au pouvoir d'un Président qualifié d'extrême droite, sont révélatrices de l'impasse dans laquelle se trouvent aujourd'hui les partis politiques dans les pays de l'Union européenne. Comment comprendre, à cette lumière, ce qui se passe en France et ce phénomène "Macron"?


Au premier tour des élections présidentielles en Autriche, le candidat du parti FPO, Norber Hofer, a atteint 36,4% des voix, suivi de loin par le candidat écologiste Alexander Van der Bellen (20,4%) et une candidate indépendante, Irmgard Griss (18,5%). La grande surprise fut l'échec flagrant des candidats "naturels" de ces partis classiques autrichiens, écartés dès le premier tour avec 11,2% des voix: le social-démocrate Rudolf Hundstorfer (SPO) et le conservateur Andreas Khol (OVP). Norber Hofer incarne l'aile dite libérale de ce parti, loin des dérapages extrémistes et il attire l'électorat. 

Même si la fonction du président autrichien est essentiellement honorifique, cet échec représente un réel coup de semonce pour le chancelier autrichien Werner Faymann (SPÖ) et le vice-chancelier Reinhold Mitterlehner (ÖVP), dont les mandats courent jusqu'en 2018. Les deux partis ont toujours contrôlé la présidence depuis la Seconde guerre mondiale, soit avec un élu issu de leurs rangs, soit avec un indépendant qu'ils soutenaient.
Les analystes ont expliqué cette montée du parti FPO par la crise des migrants et la montée du chômage. Autrement, dit, la crise sociale et économique pousse l'électorat à remettre en cause la possibilité des partis traditionnels à régler les problèmes qui les touchent réellement. Le tout sur fond de crise de l'Union européenne, de rejet de ce qu'elle représente aujourd'hui, de cette confiscation de l'Europe.

Et cette question ne se pose pas uniquement en Autriche, nous voyons globalement le même schéma en France. En 2014, seulement 8% des français avaient confiance dans les partis politiques. A ce niveau, ce n'est plus une crise de confiance, c'est une capitulation en rase campagne. Pour des raisons évidentes de pouvoir, les partis, et l'élite qui les accompagnent, ne peuvent remettre réellement ce système en cause, car l'on ne coupe pas une branche sur laquelle on est assis.

La proposition la plus populiste est celle de remettre en cause la Ve République, mais surtout de garder ces partis, comme si le problème venait de la Constitution et non des politiciens modernes qui sont incapables d'en être à la hauteur. En effet, comment garder une Constitution pour un pays souverain, qui se respecte et défend une politique, revendique des intérêts propres avec cette "élite" qui flotte dans des vêtements de pouvoir trop large pour elle. Comme on peut le lire dans cet article du Monde:
Dans ce contexte d’impuissance publique, il y a urgence à ouvrir un débat sur l’incapacité des institutions de la Ve République à déverrouiller les blocages de l’action politique.
Il y a eu d'autres tentatives de placébos, notamment cette fièvre de renommer les partis. Comme si cela était suffisant pour régler un problème qui n'a même pu être masqué.

Dans cette confusion générale des genres, nous avons vu appraître de nouvelles personnalités, devant incarner le renouveau dont les français ont besoin et revendiquent bruyamment. Un certain renouveau devant donc être offert au bon peuple, autant en contrôler l'orientation. Et la tête de premier de la classe du gendre idéal, un Macron sorti de la finance pour sauver l'état, nous a été servi sur un plateau. Et sur un plateau de gauche, sinon il n'aurait pas été suffisamment perceptible - à droite.

Ainsi, la distinction classique droite / gauche, libérale / socialiste peut éclater en petits morceaux qui seront recollés selon un nouveau canevas. Certes, Macron déclare ne pas aimer la gauche d'aujourd'hui. Il y a peu de chance que celle d'hier lui ait plu d'avantage. En tout cas, il a sa conception de la gauche. Une conception qui remet en cause cette distinction à laquelle les gens sont habitués:
"Moi je ne mens pas aux gens, je dis ce que je pense, je le dis depuis le début. Je suis de gauche, c'est mon histoire. Mais la gauche aujourd'hui ne me satisfait pas. […] À mes yeux, le vrai clivage dans notre pays [...] est entre progressistes et conservateurs, c'est ce clivage que je veux rebâtir maintenant et je ne veux pas attendre 2017. […] Je veux pouvoir construire une action commune avec toutes les bonnes volontés qui croient à ce progressisme pour le pays"
Traduction: il n'y a plus de droite et plus de gauche.  Sur ce point il a raison: il a même activement travaillé à ce résultat. La dichotomie semble plus s'orienter, en transversale des partis politiques, sur un axe globaliste et anti-étatique et un axe étatiste et revandiquent l'existence d'intérêts nationaux. Mais ce que Macron propose est loin de cela. En remplacement, l'on doit voir apparaître des progressistes (ceux qui sont avec lui, quelle que soit leur appartenance politique) et des conservateurs (ceux qui sont contre lui, quelle que soit leur appartenance politique).

Autrement dit, les progressistes sont des réformateurs qui vont de l'avant, pour les conservateurs il ne reste que le passéisme. Un des petits problèmes de la théorie de Macron, dichotomie facile et superficielle, est qu'elle ne précise pas dans quel sens - choisi - va ce "progrès". Comme s'il n'y avait qu'un seul sens, donc pas de choix possible. Si ce n'est cette voie, c'est donc du conservatisme, à savoir une résistance au progrès. 

C'est justement ici que se trouve le point d'ancrage idéologique de Macron: il n'est pas apolitique, il est anti-politique et anti-démocratique car il rejette le débat en dehors de la sphère de l'acceptable.

Est-ce réellement de ce changement dont a besoin la France. L'on peut en douter.

15 commentaires:

  1. c'est exactement cela, et sa tête de faux-témoin propre sur lui ne me donne pas l'impression d'avoir affaire à un idéaliste.

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  2. Un changement de constitution qui réduirait le rôle du président en supprimant son élection au suffrage universel qui "pipolise" la vie politique et en réduisant ses prérogatives redonnerait la priorité au programmes politiques sur les personnes et aurait des conséquences très favorables sur la vie politique qui ne serait plus réduite à un spectacle et redeviendrait un débat d'idées

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  3. Réduire la sphère du suffrage universel pour renforcer la démocratie, mais Orwell suit mon blog!

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    1. Aussi:
      • la logique inversée,
      • la néantisation de la pensée,
      • l'exceptionnalisme de l'arrogance.

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  4. La vie politique en France tourne entièrement autour de l'élection du président et cela a pour conséquence de réduire le débat politique à un choix de personnalités et à réduire fortement le débat d'idées. Accentué avec le quinquennat : l'élection législative qui suit immédiatement son élection n'est plus que l'élection obligée d'une chambre d'enregistrement des volontés du nouveau monarque pour lui donner "les moyens de gouverner"

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  5. Anti-politique et anti-démocratique, c'est l'objectif de ces méprisables personnages. Les peuples sont des enfants, qu'importent leur avis, leurs problèmes et leur volonté, l'engeance politique et associés travaillent pour des intérêts supérieurs (les leurs peut-être).

    Ils cherchent tous d'où pourrait venir le vent et comme ils doutent, ils soufflent sur les voiles pour faire avancer leurs pauvres idées. Le vent viendra assurément, ce pourrait même être une tempête.

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  6. Jésuite, Hegel, Young Leader...
    Voilà qui place notre homme proche du néo-conservatisme atlantiste.

    C'est à ça qu'on les reconnaît.

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  7. Bientôt Un Président d'Extrême droite en Autriche, un Présidents assimilable à l'Extrême droite aux USA(Trumb) et une présidente d'extrême droite en France.

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    1. Extrême droite = Pour le bien Commun ?

      Rappel= Tonton était de gauche, Nationalsozialismus, en bon allemand, se traduit par Socialisme-national, et non pas comme National-socialisme.

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  8. Les présidentielles sont un choix d'homme pour un pays, c'est effectivement la logique de cette élection, rendue nécessaire après les échecs des 3e et 4e. Logique, à moins de ne considérer l'UE comme un facteur stabilisant en l'absence de personnalité dirigeante. Ce qui serait assez inique.
    En fait, c'est tout autant la fonction présidentielle gouvernante qui dérange que le SU. Car soyons logique, la "pipolisation" ne vient pas des électeurs, mais des des candidats. Et peu importe qu'un député ou un "simple" électeur mette le bulletin dans l'urne, si les candidats sont sélectionnés à rebours.
    Car finalement, dans le cadre de l'UE, la fonction présidentielle est incompatible avec le développement du transfert de gouvernance.
    Ce discours sur cette pipolisation de la vie politique, la nécessité de rendre le pouvoir au peuple ( en réduisant le SU pour un plus grand débat d'idées) est totalement tronqué, mais certes très à la mode.

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  9. Si vous ne voulez pas voir que les institutions de la Ve, dont l'aspect délétère est amplifié par le travail de décérébration des journalistes soi-disant politiques qui ne parlent que de course à l’Élysée, font que de plus en plus d'électeurs votent pour la prestance, la séduction, d'un candidat et non pour son programme et que systématiquement 6 mois après l'élection présidentielle il y a une majorité de "mécontents" qui ne s'attendaient pas à cela de la part d'un candidat qui présentait si bien, ce qui ne change rien à la politique qu'il mène contre la volonté de la majorité des électeurs, et que c'est une régression et un déni de démocratie, c'est votre droit.
    La IVe, le régime des partis comme disait De Gaulle, avait ses défauts mais au moins les électeurs votaient pour un parti et un programme et les partis appliquaient leur programme. Ceci est indépendant de l'UE puisqu'il y a des régimes parlementaires dans plusieurs pays.
    Anonyme du 25 18h01

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    1. Je ne pense pas que les français aient voté pour la « prestance » de François Hollande (!), ils ne sont pas aveugles. Ils ont bien voté pour un programme, comme du reste ils l'avaient fait pour Sarkozy. Le fait que les présidents de la cinquième depuis Giscard ont toujours plus tendance à faire l'inverse de ce pour quoi ils ont été élus n'a rien à voir avec le vice supposé des institutions, mais bien plus à celui des hommes.
      Puisque que vous semblez tant attaché au régime des partis, je ne vois pas d'ailleurs ce que vous reprochez à un système où les partis ont complètement repris la main pour que rien ne change, le président n'étant plus que le préposé en chef de l'immobilisme politique distillé par les mêmes partis.
      Quand à la vaillance politique des officines qui ont squatté la quatrième république pendant treize ans, laissez-moi rire ! Leur seul programme a été de maintenir le statu quo en matière de politique coloniale et au bénéfice du lobby (lequel au passage débordait largement les frontières partisanes) qui a fait et défait les présidents du conseil durant ces tristes années.
      Le seul homme qui a essayé de se dégager de cette logique fut Pierre Mendès France, et il dura moins de six mois. Le fait qu'il ne se décida néanmoins pas à rompre avec la même logique des partis qui l'avait censuré, en appuyant la volonté ferme de De Gaulle de les briser, lui coûta définitivement sa carrière politique.
      Sinon, vous êtes tous bonne pomme de trouver un programme dans les slogans de Macron. Ce gus a d'abord un tour de taille et des dents blanches. Une prestance quoi ! Comme Lecanuet il y a un demi-siècle.
      LG

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    2. Je n'idéalise pas la IVe dont le principal défaut était la proportionnelle intégrale qui émiettait la représentation parlementaire et obligeait à des combinaisons gouvernementales aussi disparates qu'éphémères mais au moins les électeurs émettaient des votes politiques et non personnels avec tous les aléas que cela comporte comme le montre avec éclat Hollande. Et le débat politique était centré sur les programmes des partis qui concernaient la vie des électeurs et non sur les chances de machin ou de truc d'accéder à la "fonction suprême"
      Ce que vous dites de Macron que je partage pour l'aspect manipulation du public, car il a un programme qui est le libéralisme à outrance, illustre parfaitement ce que j'ai écrit jusqu'à reprendre le mot prestance

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    3. Je pense que le vrai pragmatisme en politique est d'idéaliser un programme, mais pas au point de ne pas le voir s'incarner dans une personnalité emblématique. La constitution de la cinquième république me paraît être un bon compromis entre ces deux exigences très prégnantes dans notre histoire.
      C'est pourquoi aussi je ne croirai jamais en l'idéalisme absolu en son genre d'un Etienne Chouard (avec lequel j'ai déjà eu l'occasion d'en parler longuement).
      LG

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  10. Si on revient à une constitution tirant vers la 4.ième, on aura fait le tour. Les USA ont la même constitution depuis 200 ans. Pendant ce temps, la France aura essayé plus de 10 organisations politiques différentes sans qu'aucune me fonctionne vraiment. Elles se sont toutes effondrées devant l'émeute ou la défaite. L'Allemagne a sa constitution (loi fondamentale) depuis l'après guerre, crée en même temps que la 4.ième (environ). Bref, notre instabilité dans l'application d'un texte, approuvé par referendum pour les derniers,est totale. Il me semble que nous plaçons trop de confiance dans le papier -magie de la chose écrite- et pas assez dans les hommes. La 6.ième est une perte de temps et d'énergie. D'ailleurs l'actuelle a un mécanisme de révision simple. Nous pouvons l'amender à loisir, si nécessaire. Il faut plutôt s'interroger sur les hommes/femmes: pourquoi élisons-nous des personnes -députés et président- de 3.ième ordre, en tout cas pas à la hauteur des enjeux. Et toujours enclin à jouer sur les bords, c'est à dire ne respecter éventuellement ni la lettre ni l'esprit du texte...
    3 exemples au hasard:
    -les députés laissent passer un texte sur les sectes retirant la scientologie de la liste, alors qu'elle y figurait.
    - Chirac décide de ne pas promulguer la loi portant le CPE, alors qu'elle a été votée en bonne et due forme. Le président ne dispose pas du droit de véto.
    - Hollande envoie des armes, y compris lourdes donc meurtrières et offensives, aux extrémistes coupeurs de têtes et autres horreurs en Syrie, violant ainsi des textes internationaux et surtout violant la simple humanité. Non seulement il l'a fait et avoué mais les réactions de l'opinion ont été nulles. Parce que, probable, cet info a été censurée.

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