Depuis cet été, la furie américaine se déchaîne contre le projet de gazoduc russo-européen Nord Stream 2. Sanctions américaines contre les entreprises européennes partenaires, coalition médiatique de médias engagés contre un "projet climaticide" pour ne pas dire que la ligne est simplement pro-globaliste et anti-russe. Maintenant, les députés allemands ont rejeté à une majorité écrasante la résolution de soutien au gazoduc. La morale de l'histoire est aussi simple que banale : il est extrêmement difficile de porter un projet économiquement globaliste, en se positionnant pour la défense des intérêts souverains des Etats. Car il est impossible de différencier la globalisation économique de la globalisation (soumission) politique - tout a un prix.
Nord Stream 2, le projet de gazoduc reliant la Russie à l'Allemagne, est porté par le géant russe Gazprom, mais avec l'implication de grandes entreprises européennes comme Engie, Shell ou BASF. Or la question énergétique européenne est pour les Etats-Unis un enjeu considérable et un marché non négligeable. Ce marché est dominé par la Russie, comme avant il l'était par l'URSS, positionnement géographique oblige. Depuis des années, au nom de la "souveraineté" énergétique de l'Europe, la diversification est une obligation, qui a principalement permis de renforcer la position américaine. L'on notera que l'impératif de diversification de l'approvisionnement a été posé par les instances européennes en 2015, c'est-à-dire à la suite de l'organisation du Maîdan en Ukraine par les Etats-Unis avec le soutien des Européens, ayant conduit à la réunification de la Crimée à la Russie et à l'ire globaliste, se traduisant toujours par une accumulation de sanctions.
Ainsi, aujourd'hui, la Russie fournit à l'UE et à la Grande-Bretagne 38,7% du gaz naturel et les Etats-Unis sont arrivés en deuxième position avec 28% en 2019. La concurrence est rude, d'autant plus que la fourniture de gaz américain coûte cher, car c'est du gaz naturel liquéfié, notamment de schiste, les pays européens construisent à grand frais des terminaux spéciaux pour l'importer, ce qui notamment le cas de l'Allemagne, de la Finlande ou encore de la Pologne. L'UE, après 2015, a renforcé la tendance et les financements. L'opération a encore été accentuée par Donald Trump en 2018, quand après sa tournée, l'UE envisageait d'en construire une dizaine.
Ecartelée entre les Etats-Unis, qui veulent renforcer leur position sur le marché européen, et la Russie, qui est le fournisseur historique et moins cher de gaz, l'Allemagne a tenté de jouer l'accalmie en promettant, en février 2019, la construction d'un terminal pour le gaz US. Ce qui n'a servi à rien, puisque dès été 2020, l'aboutissement de la construction de Nord Stream 2 se profilant, des sénateurs américains ouvrent le feu contre les compagnies européennes qui participent à la construction du gazoduc :
"Dans une lettre datée du 5 août, trois sénateurs américains républicains menacent de “destruction financière” le port de Sassnitz-Mukran, sur l’île allemande de Rügen, dans la mer Baltique, s’il ne met pas un terme immédiat à sa participation à la construction du gazoduc Nord Stream 2 qui doit acheminer le gaz russe vers l’Allemagne et l’Europe.
“Si vous continuez à fournir des biens, des services et un soutien au projet Nord Stream 2, vous mettez en danger votre survie financière”"
Maintenant, ce sont les députés allemands qui viennent de refuser de voter favorablement à la résolution déposée soutenant ce projet, à une écrasante majorité de 556 voix contre et 83 pour. Ce qui rend de plus en plus incertain l'avenir de ce projet.
La dimension géopolitique de ce projet confrontant les intérêts de la globalisation, au sein desquels les intérêts américains sont dominants, et les intérêts nationaux (russes et des pays européens), le rend difficilement réalisable. Il serait important que les pays ayant pour volonté de défendre leur souveraineté réalise, et tiennent compte du fait, qu'il est impossible de diviser la globalisation économique (en voulant y participer à égalité) et la globalisation politique (en la refusant au nom de la souveraineté nationale).
Ce coup-ci j'avoue que je ne comprends pas: que c'est-il passé en Allemagne?
RépondreSupprimerIl est évident que cela fait suite aux élection ô combien démocratiques aux USA.
Sûr, les entreprises européennes visées vont payer des pénalités monstre - donc quoi le "48ème Président" Biden a-t-il pu leur promettre? Car Biden a bien du promettre puisque les moyens de pression des USA & menaces assorties sont connues depuis belle lurette et avait été déjouées avec succès. Quel était donc cette surprise, certainement réservée depuis longtemps par le futur chef étasunien à la CE?
C'est stupéfiant.
Comme quoi, dans les eaux troubles...
simple !
SupprimerBiden Robinette grand reset !
Trump :
“Si vous continuez à fournir des biens, des services et un soutien au projet Nord Stream 2, vous mettez en danger votre survie financière”"
les USA ont prettés entre 15 000 milliards et 20 000 milliards de dollars au système bancaire européen !
donc . . .
Qu'en est-il de l'Autriche qui est partie prenante dans ce projet et qui compte bien le voir arriver à son terme, ont-ils tourné casaque eux aussi?
RépondreSupprimerLe haut patronat allemand n’a pas dit son dernier mot, le projet étant bien avancé désormais ! Poutine en réclamant « fermement » les preuves sur Navalny, se sent fort sur ce coup-là comme en Ukraine à l’époque où les Biden ont fait capoter Burisma dans sa recherche de ressources pétrolifères sous le Bassin du Donetz par l’oligarque propriétaire russo-ukrainien. Depuis l’affaire est en stand by, comme le séparatisme dans le Donetz, ainsi que dans tous les autres endroits délicats dans le Caucase, en Syrie, en Lybie, en Iran, au Vénézuéla,etc...Face à Biden, Poutine a du répondant. Il a reconquis sur la scène internationale sa place stratégique sur le plan diplomatique comme étant un grand pays même avec un niveau de PIB faible et à peine supérieur à celui de l’Italie. Même la Crimée semble une affaire entendue désormais à l’occident ! Il n’a qu’à attendre que l’adversaire fasse mouvement ! Le danger pour Poutine est désormais à l’intérieur de la Russie !
RépondreSupprimerMis à part que ce gaz coûte très cher, qu'il y en a peu, que les exploitants sont en faillite, y a t-il encore une production suffisante ou est-ce encore un fantasme de l'EU ?
RépondreSupprimerChère Karine, il faut relativiser. La motion de soutien étant proposée par AFD...
RépondreSupprimerDeutscher Bundestag - AfD: Pipelineprojekt „Nord Stream ...
bundestag.de/dokumente/textarchiv/2020/KW47-DE-NORD-STREAM-804244
LE VOTE NÉGATIF EST PUREMENT ANTI AFD.
En Allemagne où je vie, les décideurs économiques ont encore du poids
Petite Maj sur le soit disant "freedom gaz" des USA que certains en Europe attendent en remplacement du North Stream (ou des puisque avant NS2 il y a North Sream I...) , cela en devient risible à forçe de ridicule:
RépondreSupprimerhttps://lesakerfrancophone.fr/petrole-de-schiste-qui-va-payer-pour-depolluer