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mardi 22 mai 2012

Le gouvernement Medvedev: un gouvernement technique, sans poids politique

Voir: http://www.gazeta.ru/comments/2012/05/21_e_4595757.shtml

Hier, la composition du nouveau Gouvernement a enfin été annoncée. Dans l'ensemble, de nombreuses nouvelles têtes absolument inconnues du grand public (souvent occupant des fonctions de second rang dans les gouvernements précédents), des figures de remerciements et quelques survivants. Poutine a clairement ainsi fait savoir que le pouvoir se trouvait au Kremlin et à l'Administration présidentielle, le Gouvernement et la Maison Blanche n'ayant qu'une fonction d'exécution.

Le seul premier vice-premier ministre a avoir gardé son poste est I. Chuvalov, qui occupe la même fonction. Mais comme il l'a déjà démontré précédemment, il n'a jamais pu réaliser sur le plan politique les idées qu'il avançait. Donc son poids réel pour rénover le système laisse perplexe.

D'autres personnalités, classées comme réformateurs libéraux, vont également se confronter à des difficultés, il s'agit du vice-premier ministre A. Dvorkovitch (gaz et pétrole, agriculture et industrie) et du ministre spécialement mis en place pour les relations avec le "gouvernement ouvert" M. Abyzov. Dvorkovitch va se trouver confronté à Gazprom et Abyzov n'a pas de protefeuille déterminé.

Il est en revanche appréciable de noter le maintien de A. Siluanov au ministère des finances (après le départ de Koudrine) et l'arrivée de A. Beluossov au ministère du développement économique, ayant une bonne réputation professionnelle. Toutefois, ces deux personnages, bons "techniciens" dans leur domaine, n'ont pas de poids politique.

Il faut également noter que Poutine et Medvedev se sont défaits des ministres ayant une mauvaise réputation. C'est le cas de A. Furcenko (ministère de l'enseignement et de la recherche), T. Golikova (ministère de la santé) et R. Nurgalev (ministère de l'Intérieur). En effet, après l'échec de la réforme de la police et le nombre croissant de scandales, Nurgalev ne pouvait rester en place. Il a été remplacé par le chef de la police de Moscou, qui a une très bonne réputation - même dans la société civile ce qui est rare - V. Kolokoltsev.

Un autre point appréciable est la nomination d'un ministre pour le développement de la Sibérie et de l'Extrême Orient russe, ce qui semble être le signe du refus du Gouvernement de mettre en place cette énorme machine à corruption et à détournement de fonds publics que pouvait être l'Agence pour le développement des territoires de Sibérie et d'Extrême Orient.

Mais il y a aussi des nominations qui ressemblent à des cadeaux personnels. C'est le cas notamment de l'attribution du poste de ministre de l'agriculture à N. Fedorov, qui s'était occupé de cette question en Tchouvachie, mais surtout qui a joué un rôle non négligeable dans le Front populaire de Poutine. Le poste de la culture également surprend un peu, attribué à V. Medinsky, réputé pour sa vision un peu particulière de l'histoire et de la culture.

Comme l'a souligné Koudrine, c'est un Gouvernement technique, qui n'est pas appelé à jouer de rôle politique majeur. Or, le pays est appelé à être confronté à une crise politico-économique importante, pourront-ils être à la hauteur du défi?

La question reste ouverte.


lundi 21 mai 2012

Iakemenko peut créer un parti: critique envers le pouvoir, mais fidèle à Poutine

Voir: http://www.izvestia.ru/news/524881 et http://top.rbc.ru/politics/21/05/2012/651202.shtml

Qui ne créé pas de parti politique aujourd'hui? Au 17 mai 2012, 167 demandes d'enregistrement de partis politiques étaient déposées. Le quorum est à ce point faible, qu'un petit groupe peut vouloir se constituer en parti politique. Même s'il est enregistré, il ne sera encore que formellement "parti politique", car le plus difficile reste à faire. Trouver son électorat.

A ce petit jeu, V. Iakemenko, qui s'occupe de l'agence de la jeunesse, s'occupait (s'occupe) du groupe millitant de jeunesse pro-kremlin Nachi, qui a annoncé son départ, veut lui aussi trouver sa place dans un échiquier politique déjà saturé. Court donc le bruit qu'il pourrait créer un parti politique, annonce qui doit se faire lors de la conférence de presse le 21 mai. 

La question de son avenir s'était effectivement posée. Aucune place précise n'était prévue pour lui dans le gouvernement, pour certain il a trop de charisme pour le perdre dans la fonction publique, la création d'un parti semblerait alors la voie idéale.

Ce parti serait adressé à la classe moyenne, aurait pour but de cibler la jeunesse protestataire pour la faire rentrer dans le rang, en critiquant fortement le pouvoir, national et local, mais sans toucher à V. Poutine, qui a simplement le malheur d'être entouré d'ennemis, le tout soupoudré d'une réthorique nationaliste.

Quelles sont les chances de réussites réelles de ce projet? Quasi nulles.

  1. L'idée classique du bon dirigeant, mais mal entouré - le pauvre ce n'est pas sa faute - a fait long feu. Soit le dirigeant n'a pas les moyens de se faire obéir et il est faible. Soit il s'est entouré de mauvais conseillers et il est incompétant. Soit il joue un double jeu et il n'est pas fiable. Dans cette configuration, il n'est pas certain que la réthorique avancée par Iakemenko serve réellement les intérêts de V. Poutine.
  2. La critique facile du pouvoir, mais qui ne toucherait pas Le dirigeant est également irréaliste. Le Président est à la tête de l'appareil d'Etat et toute critique concernant les organes de pouvoir ou les personnes exerçant des fonctions publiques aura une répercussion directe sur la personne du dirigeant. Là encore, cela ne sert pas les intérêts affichés.
  3. Critiquer pour séduire les contestataires ne peut être séducteur que si la critique ne vient d'une personne aussi ambigüe et proche du pouvoir. L'impact sera bien évidemment nul.
  4. Le développement d'un discours nationaliste, peut avoir un certain impact, mais il est déjà utilisé par Edinaya Rossiya.
Un parti ne pouvant fonctionner sans électorat, l'avenir d'un tel parti semble plus qu'incertain car il ne semble pas apte à regrouper un électorat précis. Simplement parce qu'un parti n'a de chance de fonctionner que s'il répond à un programme indépendant, or la fidélité au Chef est ici un gage d'échec .
     


vendredi 18 mai 2012

L'avenir incertain du Conseil des droits de l'homme

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«Ждем сигнала Путина»

Президентский совет по правам человека ждет решения своей судьбы от Путина
http://www.gazeta.ru/politics/2012/05/17_a_4591633.shtml

Jeudi 17 mai, le Conseil auprès du Président pour les droits de l'homme et le développement de la société civile s'est réuni pour la dernière fois, mais sans pour autant prononcer son autodissolution. Le président du Conseil, Mikhail Fedotov, a proposé d'attendre la décision du nouveau Président russe quant à l'avenir de ce Conseil. Toutefois, en attendant la décision présidentielle, M. Fedotov a suggéré de s'occuper des problèmes récents liés aux manifestations du 6 mai et de "l'occupation" des étangs du Patriarche. A cette fin, il propose une discussion avec des représentants de la mairie de Moscou, des forces de l'ordre et de la Procuratura. Mais se pose la question de la légitimité de l'action du Conseil, tant qu'il n'a pas été soit confirmé, soit dissout par oukase du Président.

Par ailleurs, de nombreuses personnes ont, dans les couloirs, affirmé leur désir de ne plus prendre part à son activité ou suspendent leur décision en cas de proposition en attendant d'en voir la nouvelle composition et la personnalité qui le dirigera. Par exemple, Elena Panfilova (Transparency international) ou encore le politologue Dmitri Orechkine ont déclaré ne plus y prendre part. En ce qui concerne Svetlana Gannuchkina, elle a déclaré ne pas entrer dans le nouveau, quant à l'actuel, il n'existe plus, puisque les membres étaient mandatés jusqu'au 7 mai 2012.

Vladimir Lukine, l'Ombudsman fédéral, a en revanche, soutenu la position de ceux qui acceptent de continuer à prendre part au Conseil s'ils y sont appelés.

D'autres personnalités comme Kirill Kabanov (lutte contre la corruption) ou encore Igor Yurgens (INSOR) réservent pour l'instant leurs positions, tout dépendra de la personne qui sera appelée à diriger le Conseil et de sa composition globale.

Mikhail Fedetov a souligné que, bien entendu, le Conseil n'a pu réaliser tout ce qui était prévu de faire, mais il a pu faire bouger un peu les choses.


 

jeudi 17 mai 2012

Le projet politique de M. Prokhorov s'enlise

Voir: http://www.vedomosti.ru/politics/news/1750831/prohorov_sygral_partiyu

Après les élections présidentielles, M. Prokhorov avait annoncé la possibilité d'enregistrer un parti politique avec les modifications législatives apportées en la matière. Mais le temps passe, le comité d'organisation ne se réunit pas et l'annonce passe que l'évènement est reporté à mai.
Le mois de mai est presque fini et M. Prokhorov hésite toujours à créer un parti politique. La constitution de celui-ci reste très floue, il n'est pas clair qui en fait déjà partie, qui pourrait, etc.
Certains de ses soutiens parlent désormais de l'échec du projet politique de Prokhorov. Les gens se plaignent que rien ne bouge.
Il semble qu'avec les manifestations, M. Prokhorov ait du mal à se positionner. Il a critiqué le pouvoir. Est apparu à la cérémonie d'entrée en fonction de V. Poutine. Rechigne à participer aux manifestations. Et critique également l'opposition.
Il y aurait la possibilité de cette troisième voie, tant attendue par certains. Mais Prokhorov est-il l'homme de la situation? Son sens politique laisse à désirer et il est loin d'être un grand orateur. Or ces qualités sont essentielles pour pouvoir faire démarrer ce nouveau mouvement, qui pourrait réellement répondre aux attentes et aux besoins d'une partie significative de la population, qui ne se reconnaît ni dans les partis soutenant le pouvoir, ni dans l'activisme de l'opposition de rue.

mercredi 16 mai 2012

Un projet de loi circonstanciel contre les manifestations - et les manifestants

Voir: http://pravo.ru/news/view/72300/
Déposé le 10 mai à la Douma et déjà adopté par le Comité concerné de la Douma le 15 mai, le projet de loi déposé par des députés Edinaya Rossiya modifiant certains aspects de la réglementation des manifestations et des amendes en cas de violation fait grincer les dents.

Tout d'abord, il s'agit d'un projet circonstanciel. Lors de la manifestation du 6 mai, une augmentation dangereuse de la violence, de part et d'autre, a été remarquée. Plus habituée à manier le bâton que le mercurocrome, les représentants des forces de l'ordre ont été pris de court. Mais aucune loi de circonstance n'a jamais pu régler en profondeur un problème, le côté émotionnel est toujours trop fort.

Le pouvoir réagit donc, par la voie classique: il y a un problème, il faut une loi. D'où le projet de loi. Selon les auteurs, les sanctions actuellement prévues pour les organisateurs, soit une amende allant de 1000 à 2000 roubles (environ de 25 à 50 euros), ne sont pas adptées à la situation. Elles ne permettent pas de compenser les frais induis par les dégradations concernant les biens publics et n'ont pas non plus un caractère dissuasif - puisque une fois payées, les organisateurs retournent dans la rue.

Ils proposent donc d'augmenter les amendes. Pour les organisateurs, cela pourrait aller de 10 000 roubles à 1 million de roubles et 200 heures de travaux d'intérêt commun. Pour les participants, les simples citoyens donc, ils encoureraient également une responsabilité dont l'amende irait pour les personnes physiques de 10 000 roubles à 900 000 roubles et pour les personnes morales de 50 000 à 1,5 millions de roubles à la place des 100 à 300 roubles actuellement. Je serais toutefois curieuse de savoir comment il sera possible de démontrer qu'une personne morale - qui est une fiction juridique - a commis une infraction à la réglementation des manifestations, puisque des personnes physiques y prennent part. Il faudrait alors démontrer que la personne physique qui participe à la manifestation ne le fait pas en son nom propre, mais qu'elle représente officiellement la personne morale ...  On frise l'absurde!

La personnalisation de la sanction est bien entendu laissée à l'appréciation du juge. Ce qui a fait vivement réagir les députés d'opposition, soulignant que compter sur l'objectivité des juges est une démarche démagogique.

Pourquoi cette loi est-elle de circonstance? Parce que les députés qui sont à l'origine du projet ont reconnu, quand la question leur a été posée, ne pouvoir donner aucun autre exemple que celui du 6 mai. Quand les députés d'opposition ont voulu savoir sur quels faits s'appuyaient les auteurs du projet pour démontrer l'inefficacité des mesures actuelles, comment les organisateurs peuvent porter la responsabilité des actes commis par des provocateurs etc, ils n'ont pas obtenus de réponse. Le responsable du Comité a interdit de répondre ... cela sortirait du cadre du débat parlementaire.

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce projet de loi, mais encore deux remarques.
Si la responsabilité des provocateurs doit être relevée pour que justement le droit à manifester des citoyens soit garanti, il faut également renforcer la responsabilité des forces de l'ordre lorsqu'elles abusent de leurs fonctions. Sur ce point, les choses sont beaucoup plus floues ...
Par ailleurs, le projet envisage la possibilité de limiter le cercle des personnes ayant le droit d'organiser des manifestations en l'interdisant à toute personne ayant déjà été condamnée pour violation en la matière. Ceci retirerait le droit à quasiment tous les organisateurs actuels, qui n'organisent pas des manifestations pro-pouvoir évidemment.

Dans l'ensemble ce projet est mauvais. Mauvais sur le plan juridique puisqu'aucune étude sérieuse de l'impact des contraventions actuelles n'a été faite, les qualifications juridiques laissent à désirer, etc. Mauvais sur le plan politique puisque la situation est tendue et qu'il ne suffit pas de sortir du champ légal le droit de manifester pour que les gens ne sortent dans la rue. Au contraire, cela risque d'aggraver les choses.
Sur la forme, il montre également l'incapacité actuelle des députés de la majorité de construire un dialogue au sein du Parlement avec les députés de l'opposition. S'ils ne prennent pas consience rapidement du danger que représente cette position psychorigide, c'est le système institutionnel qui risque d'en payer les frais.

mardi 15 mai 2012

Nouveau projet de loi: un avocat devrait obligatoirement être juriste

Voir: http://pravo.ru/news/view/72198/
Un avocat doit obligatoirement être un juriste, c'est-à-dire avoir suivi des études juridiques supérieures et en avoir obtenu le diplôme. L'affirmation peut faire sourire de par son évidence. Lorsque vous allez chez le médecin, vous espérez qu'il ait suivi des cours de médecine, pourtant en recourant à un avocat, il y a un risque pour qu'il n'ait jamais suivi un cours de droit.

Selon la législation en vigueur, une personne est en droit de demander le titre d'avocat soit lorsqu'elle a suivi des études supérieures juridiques dans un des établissements accrédités par l'Etat, soit lorsqu'elle a obtenu un titre scientifique en science juridique (soutenu sa thèse).

Or, le système a longtemps permis à des personnes n'ayant pas fini une faculté de droit, en passant un examen, de soutenir une thèse en science juridique. Le 20 juin 2011, le Gouvernement a adopté un réglement interdisant pour l'avenir à toute personne n'ayant pas un enseignement juridique supérieur de soutenir une thèse dans la spécialité juridique.

C'est justement avec cette possibilité que les députés de la fraction communiste de la Douma veulent en finir, pour qu'un avocat ait obligatoirement suivi un enseignement juridique. Il s'agit de faire en sorte que les personnes ayant soutenu leur thèse avant l'entrée en vigueur du réglement ne puissent devenir avocat que s'ils ont effectivement un doplôme de droit. Ce qui est somme toute souhaitable ... 

lundi 14 mai 2012

Une union des forces d'opposition encore très hypothétique

Voir: http://www.izvestia.ru/news/524091
I. Iachine propose la mise en place d'une plateforme commune qui regrouperait tous les partis d'opposition afin de ne présenter qu'un candidat commun aux différentes élections, sur la base de primaires dont l'organisation pourrait être prise en charge par La ligue des électeurs.
Mais cette idée pose de nombreuses questions.
Tout d'abord, il s'agit de regrouper des partis très différents, de droite, de gauche, d'extrême droite ou gauche. Que peuvent-ils avoir en commun? S'il est possible de se regrouper dans une manifestation, qui est un mouvement contestataire, une élection est un processus de construction. Ils doivent pouvoir dégager un programme commun, avec des buts, des moyens concrets de mise en oeuvre de ces buts. Et l'idée tout sauf Edinaya Rossiya n'est pas un programme.
Ensuite, les partis qui pourraient y entrer sont différents également de point de vue de leur taille. Si ce procédé peut aider les petits partis qui ne peuvent avoir de répresentation  et de candidats dans tout le pays à entrer dans la vie politique, quel est l'intérêt des grands partis, comme le parti communiste ou LDPR? Aucun. Ils ont une base électorale réelle qui n'est pas présente que sur Facebook, ils ont un potentiel humain leur permettant de présenter des candidats à toutes les élections. Et ils n'ont aucun intérêt à soutenir le développement et le renforcement de partis concurrents. Ni de se noyer dans une mare politique. L'espace politique est un espace hautement concurrentiel et il n'y a aucune logique à permettre à un concurrent de se renforcer, donc de vous affaiblir.
Il semblerait que l'opposition aujourd'hui ne comprenne pas très bien les règles du jeu politique. Elle voulait une modification de la législation pour pouvoir créer librement de nouveaux partis, elle l'a. Mais maintenant elle est confrontée à une réalité incontournable: une élection ne se prépare ni ne se gagne dans la rue. Il faut construire un programme, aller vers les électeurs, les convaincre et comprendre leurs attentes. C'est un processus qui prend du temps et de l'énergie. Créer un parti ne donne pas automatiquement le droit de gagner une élection.