Les 29 et 30 mars, à Vilnius, a été organisée une conférence sur le thème du paradigme de développement régional et des transformations juridiques de cette zone allant des pays baltes à la mer noire.
Cette zone pose en effet de nombreuses questions. Question des relations avec son voisin à l'Est, la Russie. Question de l'intégration dans l'Union européenne et de ses conséquences. Question d'une identité culturelle propre et intégrée.
Cette zone est prise dans les filets de l'histoire et se débat avec des espoirs encore un peu flous.
En ce sens, la manière dont la conférence s'est déroulée est très significative. Poids incontournable du paradigme pétrolier dans le développement de la zone. Question du transit, de la dépendance énergétique et de la diversification des sources comme pendant à la question de la souveraineté nationale. Et là se trouve concentrée toute la difficulté de l'appréhension du rôle de la Russie, voisin incontournable. Historiquement. Culturellement. Economiquement. Selon certains intervenants, la chance de la zone baltique est de sortir du point de mire géopolitique qui tourne aujourd'hui autour des matières premières énergétiques, ce qui peut lui laisser la possibilité de se développer.
Mais se développer comment?
L'option du tout Europe? L'image de cette Europe salvatrice, qui montrera le chemin, qui indiquera les moyens d'y parvenir, qui est l'ange précurseur d'un avenir meilleur? C'est possible, mais ce n'est qu'un choix et un choix politique. En position de faiblesse, ces pays ne se trouvent pas alors en situation de négocier leur position d'égal à égal, et risquent de brader leur souveraineté pour des promesses sur lesquelles ils n'auront que peu d'emprise. C'est une manière de changer de maître. C'est un choix.
L'option de l'intégration régionale élargie, qui tient compte du contexte culturel et des impératifs géopolitiques? C'est une autre option. Option qui permet, sans naïveté, de se situer dans ces rapports ambigus entre l'Union européenne et la Russie. De rester soi et de se développer en harmonie avec ses voisins, si différents.
Toutefois, il est évident que la position de la Russie est problématique. Son poids économique lié à l'exploitation et à l'exportation de matières premières énergétiques ne correspond pas à son poids politique intérieur. Nouveau géant aux pieds d'argile? Pas tout à fait. Son système juridique permet de poser les bases d'un Etat, mais les pratiques ne permettent pas de lui donner la force nécessaire à son développement. Existence du système judiciaire, formalisme de la pratique. Proclamation des droits, violation systématique notamment des droits des détenus. Ici, la jurisprudence de la CEDH permet de mettre en lumière toute la distance qui existe entre le droit "affiché" et le droit "vécu".
Cette conférence a eu le mérite de permettre à des personnes de pays différents, de formations différentes d'échanger leurs points de vue et leur expérience. Cette prise de connaissance qui permettra peut être une prise de consience est une prémisse indispensable à tout choix. Dans quel monde voulons-nous vivre? Qui voulons nous être?