Voir: http://izvestia.ru/news/534639
Depuis les élections présidentielles, qui ont temporairement positionné M. Prokhorov sur la scène politique russe dans une posture favorable, son capital politique ne cesse de baisser, en raison du choix d'une voie trompeuse et de propositions oiseuses.
En constituant le groupe "Grajdanskaya platforma" (Platforme citoyenne), M. Prokhorov annonçait la naissance d'un nouveau type de parti politique, qui allait révolutionner la manière de penser la vie politique du pays. Techniquement, à l'inverse des partis traditionnels qui doivent avoir un programme et une ligne d'action, celui-ci n'en aurait aucun, mais permettrait à des candidats de tout bord de participer à des élections en son nom. Sur un plan plus théorique, était née l'idée d'un néopartisme, sous la plume de son conseiller "idéolologue" R. Chaïkhutdinov. Mais les membres de Grajdanskaya platforma s'y sont opposés, car selon eux il s'agit d'une proclammation selon laquelle "la guerre est la paix, le vice est la vertu, la haine l'amour". Il est difficile de mener un combat politique dans cette optique.
Il fallait donc un nouveau projet. Revenant à une conception plus traditionnelle du parti politique, un autre conseiller, ancien vice-ministre de l'économie, I. Starikov, propose la création d'un parti qui va totalement modifier l'ordre constitutionnel russe. Son programme est simple. Il faut restaurer l'équilibre des pouvoirs entre le Président, le Parlement et le Gouvernement, pour ne plus permettre l'hégémonie présidentielle et constituer le Gouvernement sur d'autres fondements. Pour cela:
- La Douma doit adopter une loi constitutionnelle sur la constitution d'une assemblée constituante. Et ce, avant le 5 décembre de cette année.
- Elle doit proclamer son autodissolution le 13 avril 2013.
- Ensuite, il faut organiser de nouvelles élections en octobre 2013 (ici, la date n'eset pas exactement précisée), pour que la nouvelle Douma adopte la nouvelle Constitution.
- Pendant ce temps, Prokhorov présente au bon peuple de Russie le nouveau texte constitutionnel.
Seul petit accroc, il y a déjà peu de chances que la Douma adopte la loi constitutionnelle prévoyant l'assemblée constituante et encore moins que les députés acceptent de remettre leur mandat en jeu, volontairement. Pour l'instant, M. Prokhorov ne s'est pas encore prononcé.
Bref, il s'agit d'un réel délire politique. Mais pas d'un programme. On reste toujours dans la même incapacité à traiter des problèmes réels. Il est certainement plus intéressant de repenser tout le système, qui doit de lui-même s'écrouler pour laisser gentillement la place à M. Prokhorov et ses acolytes et de cette manière tranquilement diriger le pays. C'est plus intéressant que d'aller convaincre des électeurs sur un programme social et économique. Et tellement plus facile que d'envisager un combat dans les urnes.