"Президент — это гарант, который гарантирует все"
Как "Единая Россия" выбирала Владимира Путина
Lors de son deuxième congrès, Edinaya Rossiya a officiellement lancé la candidature de V. Poutine pour les présidentielles. Sans grandes surprises sur le résultat, mais très instructif sur la manière. Voici comment on choisit un Président en Russie. A. Kolesnikov, présent au Congrès, raconte le déroulement de la séance ou comment de toute manière les membres n'avaient pas le choix.
Le Congrès commence par l'annonce de l'ordre du jour, à savoir une élection très spéciale. Il est alors demandé à chacun de rester à sa place et de réfléchir à ce qui signifie être Président.
Un joli petit film est montré, avec des interview de représentants de ce bon peuple. Un travailleur déclarant que le Président est le garant, qu'il garantit Tout. Et bien sûr il a raison, surtout en période pré-électorale. Une jeune fille répond que le Président est un Père Noël et là aussi elle a raison, également en période pré-électorale.
Après cela, B. Gryzlov commence le Congrès sur les chapeaux de roue. Tout va trop vite. Il propose de voter et demande si quelqu'un a une remarque à faire ou s'il est contre. Et sans lever la tête continue: Non? Merci.
Même l'hymne est joué plus rapidement que d'habitude. Ensuite débute les interventions sélectionnées.
S. Govorukhin rappelle les mots de Soljenitsyne selon lesquels une jeune démocratie a besoin d'un pouvoir fort. L'intelligencia peut s'écrier: non, il ne nous faut que la liberté et rien d'autre! Mais non, il y a aussi des obligations devant le pays et la société! Donc, l'acteur rappelle surtout les obligations du peuple devant V. Poutine. Il propose ensuite la candidature de V. Poutine, qu'il qualifie de juste, fort, intelligent et compétent non seulement pour défendre les droits mais aussi pour remplir ses obligations. Comment lui opposer un refus?
Ensuite B. Titov (oligarque) se rappelle avec horreur les années 90 où il fallait payer une protection, alors que maintenant on sait où payer - et il regarde V. Poutine à ce moment, mais naturellement, oh non, il envisage certainement les services fiscaux.
Suit un ouvrier d'une usine qui raconte comment V. Poutine est venu, a donné des conseils qui ont sauvé l'usine, une mère de 15 enfants qui ne comprend pas pour qui d'autre il faudrait voter puisque tout va pour le mieux, etc. Et tous bien sûr, comme un seul homme proposent la candidature de V. Poutine. Intervient alors B. Gryzlov pour souligner qu'ils ont bien tous le même point de vue: la candidature unique de V. Poutine.
Vient le discours de D. Medvedev, grandement orchestré et rythmé par les slogans de la foule "Le peuple! Medvedev! Poutine!", comme aux plus belles heures de la gloire du Parti. "Tout le monde en a marre de la corruption et d'un système stupide!" ... slogan et petits drapeaux ... "Ici se trouvent les dirigeants des régions, sur eux repose tout le pouvoir!" ... slogan, petits drapeaux ... "il n'y a pas d'autre équipe que la notre, tout simplement!" ... et on change de slogan: "RUSSIE!!!". De toute manière, même s'il y avait eu une alternative, elle n'existe déjà plus, Medvedev a pleinement raison.
Enfin V. Poutine prend la parole et trouve évidemment ses ennemis à l'extérieur en ces Etats qui sous couverture de subventions cherchent à former des gens pour perturber les élections en Russie. Ils feraient mieux d'utiliser cet argent pour résoudre leurs problèmes financiers intérieurs.
Bref, chacun joue son rôle à la perfection.
Arrive enfin le grand moment: le Vote. Et là, au surprise, trois mots sur le bulletin: Vladimir Vladimirovitch Poutine. Même pas besoin de faire une croix, il n'est pas clair comment ne pas voter pour lui. Il suffit juste de mettre le bulletin dans l'urne, et c'est tout. Certains représentants sont un peu perturbés.
"Mais pourquoi ont-ils donné un stylo?
Oh, j'ai fait une croix? Qu'est-ce qui va se passer???
Alors s'en est fini! Mais tu es fou, il y a des caméras partout ici!!!"
Mais fialement tout se passe bien. 614 votants. 614 pour. Pas de nuls. Pas de voix contre. Il y avait 621 représentants au Congrès, donc 7 personnes se sont abstenues.
Ces "élections" montrent l'idéal électoral pour Edinaya Rossiya: pas d'alternative, une machine bien rodée et des électeurs dociles. Le rêve! Tout de même, pour vérouiller à ce point le processus, même parmi les siens, ils doivent sentir un certain malaise. Que se passera-t-il dans 5 ans?