Voir: http://izvestia.ru/news/554748
Quand vous assistez à des tables rondes dont les participants sont des "libéraux", comme il est convenu de les appeler, même si pour cela le concept est dévoyé, vous entendez souvent cette affirmation: Mais le peuple russe n'est pas près pour la démocratie!
Si l'on se permet de ne pas éviter les rappels historiques, ô combien intéressants, avec l'évolution des assemblées populaires qui a commencé au Xe siècle, les vetche (вече), l'histoire de grandes villes comme Novgorod la grande, Belgorod ou autres, on risquerait de découvrir des racines démocratiques, des mécanismes profondément démocratiques, tant de décision que de contre pouvoir dans une Russie féodale loin, très loin des stéréotypes actuels.
Si l'on discute avec les gens, ceux de la rue, lorsque les enfants sont en train de jouer et que les parents s'ennuient, donc discutent, on se rend compte qu'ils sont plus que près pour la démocratie, qu'ils la veulent. Mais... Et j'insiste, Mais, ils ne l'associent pas avec le chaos des années 90, lorsque ces mêmes libéraux d'aujourd'hui étaient au pouvoir. Ils prennent très au sérieux leur devoir életoral, regarde attentivement ce que les candidats peuvent apporter pour résoudre ce qui les inquiètent: la médecine, les relations avec les administrations diverses et variées, l'accès aux maternelles, le programme des écoles, comment entrer à l'université et obtenir un diplôme qui permette à leurs enfants de travailler. Donc, oui, les gesticulations sur les places publiques, les "occupy import", et autres grandes messes d'une partie minoritaire, mais bruyante, de la population ne les intéressent pas. Ils ne le prennent pas au sérieux. Surtout après y avoir goûté et avoir compris quels en sont les buts.
Peut-on pour autant affirmer que "les russes", en tout cas "ces russes", ne sont pas prêts pour la démocratie? Pour certains auteurs et "penseurs autoproclamés", oui: ces russes constituent une sorte de masse grise informe. L'entretient de deux représentants de cette caste, les écrivains Akounine et Chichkine, dans la revue Aficha en est une démonstration.
Il est vrai que ces deux auteurs ont des points communs. L'un écrit essentiellement des romans policiers, l'autre de la prose. Mais surtout, l'un vit en France et l'autre en Suisse. Et la haine du régime s'est transformée chez eux en haine du pays, qu'ils appellent la patrie monstrueuse.
Leur analyse, d'une finesse politique sans pareil, vaut le détour. Donc, si les russes n'ont jamais eu de sentiment de fièreté, c'est parce que tout a été importé, la liberté, la république, le parlement etc. Un petit cours d'histoire du droit (russe) leur ferait certainement du bien. Historiquement, les institutions russes se sont développées en parallèle avec ce qui se développait dans d'autres pays européens.
Ensuite, le peuple russe n'existerait pas, ce serait une sorte de corps, un corps sans âme, donc en fait un cadavre, comme le souligne justement l'auteur de cet article dans Izvestia, Gleb Kouznetsov. A côté de cette masse informe, donc, il y aurait deux groupes ceux, qui ont pour héros Tchékhov ou Pasternak et les autres, qui glorifient Ivan le Terrible, Staline et maintenant Poutine. Donc, les premiers sont les gentils libéraux qui veulent réformer le pays pour le bien. Les seconds sont les méchants qui cassent les réformes faites par les premiers. - Combien de russes regrettent les grandes réformes économiques des années 90 où ils ne percevaient pas de salaires, où l'insécurité était partout présente, où l'Etat ne finançaient plus les services publics de base? Aucun? Ils ne comprennent donc pas ce qu'est le libéralisme ... A moins qu'il ne s'agisse pas de libéralisme en fait ...
Quand les gentils, cette "aristocratie libérale", revient au pouvoir, que font-ils? Ils prennent aux méchants pour redonner aux gentils... Non, ce n'est pas une plaisanterie. Comme le souligne, G. Kouznetsov, leur schéma n'est pas très original: arrestation, confiscation, redistribution. Voici le libéralisme que prônent ces grands penseurs libéraux.
En guise de conclusion, rappelons avec l'auteur de cet article, que chacun peut trouver ce qu'il cherche dans l'histoire de n'importe quel pays. En Europe, vous trouverez et l'Etat de droit et Vichy, et les droits de l'homme et les violences policières, et l'accès à l'administration et la corruption. Chacun trouve ce qu'il cherche. Et cela n'a strictement aucune signification.
En revanche, ce que vous trouverez de moins en moins en Europe c'est la liberté de la presse, la liberté de parole, l'aternative politique réelle, le consensus social et la fièreté nationale. Vous y trouverez de plus en plus de politiquement correct, de schéma de pensée qui évitent de penser, de non dits et de non droit. Est-ce ce libéralisme que veut la Russie?