Voir:
http://itar-tass.com/krizis-na-ukraine
http://itar-tass.com/mezhdunarodnaya-panorama/1165712
http://izvestia.ru/news/570285
http://itar-tass.com/mezhdunarodnaya-panorama/1165539
http://ontimer.livejournal.com/27218.html
Après le massacre d'Odessa, lors duquel les membres de Secteur droit et des combattants de Maïdan ont fait brûler vifs, dans l'Immeuble du syndicat le QG, des partisans d'un référendum sur la fédéralisation de l'Ukraine, la question des responsabilités est cruciale. Elle permet aux uns de faire semblant de gouverner, elle donne aux autres l'illusion d'être au-dessus des combats. Pourtant, une ligne politique a peut être été tracée.
Si ces évènements ont autant choqué, c'est par leur caractère inique, bestial, la négation même de toute humanité. Faire brûler des gens dans un immeuble, tirer sur ceux qui veulent en sortir, bloquer les portes, compter ceux qui se jettent dans le vide, bloquer l'arrivée des secours et des pompiers. Le tout sous le regard vide des forces de l'ordre. Ensuite, entrer dans le bâtiment, compter les morts comme on compte les points dans un jeu vidéo, prendre des objets comme on brandit des trophées. C'est inhumain. Cela rappelle les exactions nazies lors de la seconde guerre mondiale, lorsque des villages ont vu leur population brûlée vive dans les églises.
Autres temps, autres moeurs? Non, c'est ici, c'est maintenant et c'est à nouveau en Europe. Et à nouveau les instances européennes et internationales sont incompétantes, aveugles. Elles soutiennent au nom d'intérêts très particuliers un régime qui se retourne contre son peuple. Elles salissent le nom de démocratie, elles dénaturent les droits de l'homme. Elles collaborent aux exactions d'un régime qui a perdu tout lien avec la réalité. Comme les dirigeants européens dans leur grande majorité l'avaient fait avant, ils le refont aujourd'hui. Toujours cette faiblesse, toujours cette hypocrisie.
La seule différence entre ces deux époques est l'ampleur de la vague médiatique. Même si les médias officiels peuvent limiter l'impact des informations dérangeantes, ils ne peuvent totalement les taire. Les sources sont diversifiées, il n'est plus possible de dire: je ne savais pas. Et il est délicat de dire: je ne veux pas savoir.
Donc il faut trouver un responsable. Très vite. Comme à son habitude, Iatséniouk fait un discours dans lequel il essaie d'avoir un peu de prestance, pour cela il fait de grandes pauses théâtrales presque entre chaque mot. Il faut bien faire comprendre que ce qu'il dit est important. Donc, ce qui a été commis est un crime contre l'Ukraine. Bravo! Il se souvient qu'à Odessa habitent également des ukrainiens. Et, bien sûr, la Procuratura doit trouver les liens avec la Russie qui est responsable de cette provocation.
Pendant ce temps, le Los Angeles Times affirme que l'incendie a pris spontanément, des sources en France affirment que l'origine de l'incendie est inconnue. Il vaut mieux dans ce cas ne pas montrer les coktails molotovs préparés par ces charmantes jeunes ukrainiennes, blondes, les yeux bleux - ou même bruns, ne soyons pas racistes - le sourire au lèvre. Il ne faut pas montrer les membres de Secteur droit les lancer sur bâtiment qui alors prend feu. Il ne faut pas montrer la foule déchaînée tirer sur la façade. Il ne faut pas montrer cette foule frapper les hommes à terre. Seulement les images passent quand même. Donc l'affirmation de Iatséniuk ne tient pas.
Et premier miracle dans cette guerre civile qui s'évertue à n'en pas porter le nom, les Etats Unis désavouent leur marionnette. Le pauvre Iatséniouk, il avait tant essayer de se comporter en homme d'Etat, mais ce n'est pas donné aux marionnettes. L'ambassadeur des Etats Unis en Ukraine affirme officiellement que le Département d'Etat ne détient aucune preuve permettant d'impliquer la Russie d'une manière ou d'une autre dans les tragiques évènements qui ont eu lieu à Odessa le 2 mai.
Il faut donc s'adapter et relâcher une grande partie des personnes arrêtées à la suite du massacre. Car, ceux qui furent arrêtés ne sont pas ceux qui ont lancés les coktails molotovs, ne sont pas ceux qui ont tiré sur les gens qui voulaient sortir du bâtiment, ce ne sont pas ceux qui ont battu les blessés à terre. Ce sont les partisans du fédéralisme qui ont, semble-t-il, du seul fait de leur existence, perturbé l'ordre public. Il ont en plus eu l'outrecuidance de survire aux flammes, aux tirs et aux coups. C'est indécent.
En effet, 172 personnes avaient été arrêtées juste après les évènements, après une rapide enquête il en reste finalement 127, contre lesquels une affaire est ouverte. La population d'Odessa se regroupe devant les bâtiments des forces de l'ordre, demande leur libération, la démission du maire de la ville, etc. Finalement, 67 partisans du fédéralisme sont libérés sur ordre de la Procuratura.
Qui va être responsable? Le chef de la police de la région d'Odessa est démis de ses fonctions et des policiers sont inculpés, car ils n'ont pu maintenir l'ordre dans la ville. En réaction à la libération des victimes, les membres de Secteur droit s'en prennent à la police de la région. Pour les calmer, le nouveau chef de la police, leur dit qu'il était sur Maïdan lui aussi (c'est donc un gage d'objectivité, en tout cas un critère de recrutement) et qu'il va reprendre toute cette affaire en main, ils peuvent être rassurés.
De nombreuses questions se posent, à l'intérieur, comme à l'extérieur.
En ce qui concerne le comportement de la police lors du massacre d'Odessa, pourquoi la police n'a rien fait? Elle laisse passer dans la rue des membres de Secteur droit avec une arme visible à la main (voir photo en haut de l'article). Elle semble également, au début des évènements, regouper des membres de la police en civil, avec un bandeau rouge au bras, ces membres à bandeau rouge feront partie des tireurs ensuite, pour quoi faire? Leur donner les consignes? Dans ce cas, la police est partie prenante au massacre. Cela pourrait-il s'expliquer par le fait que des éléments extrémistes furent enrôlés ces derniers temps pour compléter les effectifs, et faire le sale travail?
Vous voyez ici un policier en uniforme bien entouré de bandeaux rouges.
Donc, à l'intérieur, Iatséniouk a le choix entre reconnaître son impossibilité à contrôler le pays, les organes publics et l'Etat, soit à admettre son implication et dire que l'arrestation et le massacre des opposants est le fondement de sa politique d'Etat. D'Etat démocratique, européen. Soutenu et financé par l'Europe, les Etats Unis, le FMI, etc.
C'est évidemment impossible. Donc, la police locale est responsable. Et les russes. Heureusement qu'ils sont là, sinon il suffit de les inventer.
Seulement l'argument russe ne passe pas, même aux Etats Unis. Il n'a vraiment ici aucun sens. Et pour la première fois, alors que jusqu'à présent les américains avaient tout couvert, justifié, expliqué, ou simplement avaient gardé un pieux silence, le Département d'Etat, par la voix de son ambassadeur en Ukraine dit non. Les russes n'y sont pour rien. Il faut une enquête objective. C. Ashton aussi, au nom de l'UE, trouve la couleuvre un peu grosse, et demande une enquête. Afin de satisfaire les attentes innatendues de justice de ses partenaires, la Russie prépare une requête devant la Cour européenne des droits de l'homme contre les exactions commises par l'Ukraine à Odessa.
Autrement dit, il semblerait que le pouvoir actuel en Ukraine ait franchi une ligne, soit en ordonnant, soit en laissant faire, soit en ne pouvant empêcher, ce massacre, ligne au-delà de laquelle les Etats occidentaux ne peuvent soutenir et protéger le régime en place. Qui devient trop ouvertement criminel. Pour autant, il y a peu de chance que cela ait des conséquences directes pour ce régime, s'il ne réitère pas cette "erreur stratégique", pour employer un terme on ne peut plus cynique vues les circonstances, mais qui à mon sens traduit bien le point de vue des "partenaires" de la Russie sur ce "dossier".