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Hier soir, après une représentation du ballet Esméralda au Palais du Kremlin, lors d'une interview aux journalistes de la chaîne Rossiya 24, les époux Poutine ont annoncé leur commune décision de mettre un terme à leur mariage.
Voir l'interview ici:
Comme l'a délicatement souligné la journaliste, depuis longtemps Vladimir Poutine et sa femme n'apparaissent pas ensemble. Et il est vrai que des rumeurs se propagent sur la fin proche et possible du mariage entre Vladimir Poutine et son épouse Liudmila. On lui prêtait des aventures, ses enfants étaient présentés par la presse (étrangère) comme envoyés à l'étranger où ils vivaient dans des palais d'un autre siècle. La réalité semble se distinguer largement des fantasmes médiatiques.
Selon Vladimir Poutine et son épouse, la décision d'officialiser une séparation qui, dans les faits, est déjà consommée depuis longtemps, a été prise en commun. La raison avancée se trouve dans l'éloignement du couple suite au rythme de travail du Président et dans le fait que la première dame du pays ne veule assumer un rôle public.
Pour n'importe quel couple, la décision serait alors évidente. Mais il ne s'agit pas de n'importe quel couple, ni de n'importe quel pays. Cela pose tout d'abord des questions de protocoles, comme cela fut le cas un moment pour le président Sarkozy, dont les affaires de coeur firent longtemps la une des journaux de tout bord. Et la question qui se pose maintenant est de savoir s'il va se remarier ou rester célibataire le temps de son mandat.
Toutefois, cela relève en grande partie de la vie privé d'un homme public. Ce qui nous intéresse plus, est l'élément de communication autour de cette décision dans le cadre politique actuel.
A l'époque du culte sans retenu de la mondialisation, la Russie devient le leader de la défense des valeurs familiales traditionnelles. Et il eût été possible de montrer un Président vieux jeu qui incarne le passéisme de cette position. C'est un peu ce que veut faire une partie de la presse française en ressortant l'image de sa femme à l'église avec un foulard sur les cheuveux et non celle d'une femme élégante, comme lors de l'interview d'hier soir. Guerre des images, pour un combat idéologique. Les valeurs familiales sont rétrogrades et d'un autre âge, elles ne peuvent donc être défendues que par des gens dépassés. Or, ici Vladimir Poutine renverse la vapeur.
En ne faisant pas durer une union qui est arrivée à son terme, il donne une autre dimension à son message politique. Les valeurs familiales défendues en Russie ne sont pas celles du Moyen Age, il ne s'agit pas de contraindre la femme à rester au foyer envers et contre tout, il ne s'agit pas de la forcer à rester dans une union qui n'est plus que formelle. Il s'agit simplement de considérer objectivement que la famille est la cellule souche de la société, sans laquelle aucune société ne peut se développer. Que la vision d'une famille traditionnelle est compatible avec la vie moderne.
Ainsi, Vladimir Poutine ne donne pas prise aux rumeurs et positionne très clairement sa décision avec sa femme. Décision prise en commun, qui ne remet pas en cause les liens particuliers qui existent entre eux, ni avec leurs enfants qui ont étudiés et habitent en Russie (contrairement aux rumeurs aussi).
Pourtant, en rejetant la facilité donnée par l'hypocrisie, V. Poutine peut perdre une partie de son électorat. La Russie est un pays, dans une certaine mesure, axé sur les valeurs traditionnelles. Et, pour le chef de cet Etat, décider de divorcer, peut le conduire à perdre une partie de son électorat, notamment composé par les femmes mariées. C'est pourquoi on peut respecter le courage de ne pas dicter la conduite de sa vie privée en fonction des intérêts électoraux.