http://izvestia.ru/news/541055
Le message présidentiel à l'Assemblée fédérale, prévu pour le 12 décembre, semble pour beaucoup annoncer un changement de cap dans la politique intérieure russe. Et parallèlement, les annonces d'un départ anticipé de D. Medvedev reprennent.
L'administration présidentielle termine la préparation du message présidentiel à l'Assemblée fédérale. Il semblerait que celui-ci contienne un certain nombre de points qui deviennent incompatibles avec le positionnement politique du Gouvernement actuel.
Le Président veut relancer la conception de la Nation en Russie, une Nation russe qui ne soit pas ethnique, mais englobe la diversité ethnique et culturelle du pays. La compréhension que seule la Nation permet de garantir l'unité du pays, de limiter et déligitimer les poussées séparatistes semble apparaître dans le discours officiel. Les autres points du discours présidentiel, selon le journal Izvestia, vont concerner la restauration d'un "contrat" avec la société civile et le renforcement de son rôle dans les mécanismes de pouvoir, la question de l'indépendance des médias et la nécessité d'une présentation plus objective des évènements indépendamment des convictions politiques de chacun. Un des points les plus sensibles concerne la question de l'état spirituel, moral et psychologique de la société russe actuelle.
En d'autres termes, la politique intérieure prend un virage, vers un renforcement des valeurs nationales - et leur réhabilitation. Cette orientation va à l'encontre du mondialisme bon ton mené et soutenu à bout de bras par le Gouvernement et D. Medvedev. Cette incompatibilité de voies, qui dans n'importe quel pays normalement organisé autour de partis politiques proposant justement des voies différentes de développement, n'aurait rien d'anormal ni de grave. Mais en Russie, l'absence d'un clivage politique formalisé autour des questions de société, son existence informelle et pourtant réel, met en danger la gouvernance du pays.
Ces constatations, qui n'ont pas grand chose d'original, conduisent à la fin naturelle du tandem. L'un des deux est de trop. A la suite des scandales répétés autour du Gouvernement Medvedev, révélés par les affaires de corruption tant dans l'armée que dans l'agriculture, le clan libéral, tel qu'incarné ici, s'affaiblie, notamment dans l'opinion publique, de plus en plus ouvertement critique. Ainsi, l'hypothèse d'un départ de Medvedev est remise à l'ordre du jour.
Sur cette question les avis divergent. Pour les uns, on peut l'attendre dès le printemps, pour d'autres il faut attendre l'apparition d'une raison sérieuse pour justifier le départ du Premier ministre, comme des erreurs graves commises par des ministres clefs. Selon certains experts, ce n'est pas encore le cas et sans cela rien ne se passera.
Comment interpréter cette position, notamment défendue par le célèbre expert libéral Yurgens? Pour lui, rien ne peut se passer de radical. Tout va bien puisque le baril de pétrole est au-dessus de 100 dollars et il faudrait une raison sérieuse pour conduire Poutine à démettre le Gouvernement. Donc les scandales que l'on a connu ces derniers jours ne sont pas importants. Est-ce cela une analyse objective? Ou n'est-ce pas une réaction de clan? Elle aussi .... Rappelons juste pour la forme, que dans tout pays de système parlementaire - même dans le cas d'un domination du président dans l'équilibre des pouvoirs - le Gouvernement sert toujours de fusible de sécurité. Le Premier ministre saute pour préserver l'image de l'Etat et du pouvoir. Il sert justement à cela. Il faudrait peut être y revenir en Russie.