Alors que la manifestation officielle de l'opposition "non systémique" officielle est officiellement prévue pour le 4 février, une fois que tout ce petit monde aura pu rentrer de vacances, ce matin surgit dans les agences de presse un appel à manifester le 8 janvier. D'où cela vient-il et pourquoi?
Pendant que Poutine appelle - sans se presser - au dialogue.
Que le projet de loi sur la simplification du processus d'enregistrement des partis politiques fait des tours et des détours dans les couloirs de la Douma.
Alors que Koudrine ouvre son blog aux Echos de Moscou (voir ici cette oeuvre d'art politique), entrant dans la blogosphère pour valoriser/expliquer son tout nouveau rôle d'intermédiaire entre le pouvoir et l'opposition. Mais pour qui?
Et que les médias mettent en place l'opération Navalny "le penseur politique" avec une série d'interview, très sérieux, édifiants de platitude (voir ici). Il faut quand même le rendre fréquentable après ses dérapages ultra-nationalistes largement médiatisés et utilisés par le pouvoir, dans le sens: ce n'est pas une alternative à Poutine, regardez!
Un groupe de citoyens lance un appel qui ressemble à un cri de désespoir: "Dostali!" (Ras le bol!). Dans leur appel à manifester le 8 janvier, ils mettent sur le même plan et le pouvoir poutinien et cette opposition glamour non systémique, qui dans tous les cas ne pensent qu'à leur intérêt personnel. Ils mettent sur le même plan Koudrine, Navalny, Sobtchak et toute la tribue de la parade du 24 décembre, avec leur entrée VIP, les petits fours et leur manque d'idées pour l'avenir. Ils ne voient pas en eux une alternative ... et comment ne pas les comprendre!
C'est un appel à la troisième voie. A cette voie de changement et de développement dans la logique européenne, "civilisée" comme l'on dirait ici, qui n'a rien à voir avec les éructions révolutionnaires dans les pays arabes, qui veut construire au-delà des rues un pays libre et pas seulement casser. Leurs revendications n'ont rien à voir avec le radotage de l'opposition non systémique officielle, leurs revendications sont simples et claires: régler les questions de logement, les questions des impôts locaux, les problèmes concrets que rencontre la société en l'absence d'un tissus économique réel, lutter contre les problèmes de paupérisation de la société dans un pays riche, contre les problèmes d'alcoolisme et de drogue, etc. Sur cette base, ils demandent une normalisation de la vie politique et la réalisation des réformes promises en ce sens, pour permettre l'émergence de candidats qui représentent réellement les individus et non simplement le système lui-même.
Mais qui sont-ils? L'appel est lancé par le parti non enregistré "Volia" (voir leur site ici), qui peut se traduire par "liberté" ou "libre", qui avait avancé la candidature - totalement inconnue - de Svetlana Peounova, candidature qui a avorté faute de pouvoir - bien évidemment - réunir les 2 millions de signatures nécessaires.
Mais dans ce système déformé, "parti non enregistré" est déjà un statut. Un statut qui a un poids dans la guerre de communication, qui se joue entre les deux cycles électoraux. Une guerre qui peut se gagner dans les médias, même si leur appel est peu repris. Beaucoup dans la blogosphère et un peu sur certains sites d'informations qui ne savent pas très bien encore comment la traiter (voir par exemple ici et ici).
Dans deux jours, la situation sera plus claire. Le mouvement est-il marginal ou est-il capable de saisir le mécontentement populaire qui ne se reconnaît pas dans la récupération bobo qui en a été faite? En tout cas, le paysage contestataire se complexifie de jour en jour, et pour le pouvoir qui ne peut trouver un interlocuteur à calmer, et pour les marathoniens de l'opposition qui sont totalement dépassés.
A suivre....