Hier soir, toutes les chaînes nationales montraient des membres régionaux du parti Spravedlivaya Rossya en train de découper leur carte du parti et annoncer publiquement soit leur départ, soit le départ de la direction actuelle, incarnée par Mironov et Levitchev. Excellente analyse à ce sujet publiée sur le site Ossobaya Bukva (Особая буква).
Rappelons ce qui n'est un secret pour personne. Le parti Spravedlivaya Rossya est une création artificielle du Kremlin qui voulait mettre en place une force de centre gauche afin de centraliser le paysage politique autour d'un bipartisme de fait et en même temps affaiblir le parti communiste - lui véritable parti politique, donc trop indépendant du pouvoir à leur goût.
Pour ce faire, trois partis politiques sont regroupés, le parti Jizn (la vie), le parti Rodina (la patrie) et le parti Pensionnerov (les retraintés), trois partis faibles et hétéroclytes. Sur cette base, évidemment, les espoirs furent déçus. Le parti communiste a continué à se renforcer et Spravedlivaya Rossiya n'arrive pas à trouver sa place. Instrument du pouvoir, mais devant occuper un territoire bien à lui pour exister politiquement, le parti hésite longtemps entre la soumission et l'opposition. Et ce, jusqu'à la rupture provoquée par Mironov, mais trop tard. Spravedlivaya Rossiya gagne alors en terme d'image, mais perd le soutien du Kremlin, et la faiblesse de ses dirigeants se fait ressentir, surtout avec l'ouverture du paysage politique à la concurrence.
Ne servant plus à rien, le parti est lâché par le pouvoir, qui n'a qu'une envie, voir disparaître de la scène politique cet OVNI politique, si possible avant les prochaines législatives. Les espoirs sont alors reportés, pour jouer ce rôle, sur le parti Patriotov Rossii (les patriotes de Russie). Démarche qui, par allieurs, présente l'intérêt pour le pouvoir de suivre - et d'encourager - le mouvement de réveil national.
Or, Mironov n'a jamais bénéficié d'un réel soutien de la base du parti. Lâché par le pouvoir, concurrencé par de "vrais" partis d'opposition, les membres régionaux du parti se révoltent et commencent à regarder ailleurs. Ils organisent une assemblée parallèle - qui n'est pas reconnue par les instances du parti - demandent le départ des dirigeants actuels, une assemblée générale pour remettre le parti dans un "bon" courant politique, faute de quoi ils appelleront les membres à un départ en masse du parti. Cette résolution prise à la suite de l'assemblée parallèle a été envoyée aux deux dirigeants et à tous les députés du parti.
Les analystes politiques, comme Pavel Saline, estiment que le parti n'en a plus pour longtemps. Soit il va se désagréger, soit il va se scinder. Dans les deux cas, sa force politique en sortira affaiblie.