Le 7 juillet a eu lieu une conférence de presse intitulée "L'affaire Magnitsky: les faits et le système", lors de laquelle Mikhail Fedotov, président du Comité auprès du Président de la Fédération de Russie pour le développement de la société civile et pour les droits de l'homme, a présenté les conclusions du rapport sur l'affaire Magnitsky.
L'affaire Magnitsky avait été longuement débattue lors de la rencontre du Président russe avec les membres du Conseil (voir le procès verbal en russe ici), le dossier a été transmis au Président. Dans le même temps, il a été question d'autres affaires précises, comme celle de ce pauvre étudiant, Ivan Beloussov, condamné à 6 ans de prison pour s'être trouvé au mauvais endroit au mauvais moment lors des émeutes de décembre dernier sur la place du Manège dans le centre de Moscou.
Mais chose beaucoup plus surprenante, alors que le rapport Magnitsky ne reste pour l'instant que des mots, comme l'intervention en ce qui concerne les autres affaires, très discrètement, sans que cela n'ait été abordé lors de la réunion entre le Président Medvedev et le Conseil des droits de l'homme, Kyrill Kabanov, membre du Conseil et président du Comité national anticorruption, a transmis au Président russe une liste de nom pour lesquels il est demandé une révision du procès. On aurait pu s'attendre à voir en première position, justement l'affaire Magnitsky, ou bien l'affaire Khodorkovsky .... mais non: il s'agit de l'affaire de l'ancien sénateur Igor Izmestiev.
Rappelons juste quelques faits. L'ancien sénateur a été arrêté à la mi-janvier 2007 sur accusation de crime organisé, terrorisme et corruption. Selon l'enquête, en 1992 Izmestiev et 12 autres personnes se sont regroupées sous la forme d'une société de protection pour commettre plus de 20 crimes et crimes graves, dont 12 meurtres. L'ancien sénateur a également été soupçonné de tentative de meurtre sur la personne du fils du président de Bachkirie, Ural Rakhimov. Izmestiev a été condamné à la réclusion à perpétuité.
La fraction moscovite du groupe de Helsinky avait alors soulevé la question des violations de procédures.
Mais la société n'avait pas réagi pour lancer un mouvement de soutien à l'égard de l'ancien sénateur.
Dans la mesure où le Conseil des droits de l'homme doit présenter des "expertises" sur des affaires qui soulèvent l'opinion, le choix de l'affaire Izmestiev est plus que surprenant. Il serait par ailleurs plus qu'intéressant que le Conseil dévoile au grand public et la liste des noms dont il a été question lors de la conférence de presse et qui n'est pas publiée sur leur site, et les critères selon lesquels ils déterminent en leur âme et consience qu'une affaire mérite ou non leur attention et la mise en oeuvre d'une "expertise".
Dans tous les cas, donner particulièrement discrètement le dossier de l'affaire de l'ancien sénateur au Président est au minimum le signe d'un manque de respect envers la société.