La question de la participation, ou plutôt du degrè de participation, de la victime au procès pénal est une question toujours sensible. D'une part, elle doit avoir les moyens de défendre ses intérêts et d'obtenir réparation des dommages qui lui ont été causé (en général dans le cadre d'une action civile), d'autre part la question purement pénale (responsabilité et peine de la personne interpelée) se place sous l'angle de la défense de l'intérêt public et le rôle de la victime ne peut être que minime.
La Douma examine en ce moment un projet concernant le renforcement du rôle de la victime dans la procédure de libération anticipée. En gros, quand une personne a exécuté la moitié de sa peine d'emprisonnement, si sa bonne conduite est reconnue par les autorités pénitentiaires, il peut faire une demande de libération anticipée qui sera examinée par le juge. A ce jour, la victime ne participe pas à cette procédure. Et la question s'est posée de savoir comment l'intégrer, comment représenter ses intérêts. Un premier projet de loi, écarté, proposait d'ajouter en condition supplémentaire, le remboursement en tout ou partie du préjudice causé à la victime. Mais les députés ont trouvé la démarche par trop mercantile: un condamné ayant de l'argent ayant plus de chance de sortir qu'un condamné pauvre. Toutefois, cela permettait également d'apprécier la volonté du condamné de compenser le préjudice causé, donc sa bonne foi.
Un nouveau projet de loi s'organise autour de l'information de la victime de la demande de libération anticipée faite par le condamné, de la possibilité reconnue à la victime de s'exprimer sur la question, soit lors de l'audience par vidéo-conférence pour éviter le déplacement, parfois à l'autre bout du pays, ou en l'absence de moyens techniques, par courrier adressé au juge.
Cette idée peut être appréciée différemment. Il est évident que la victime, sur le plan humain, est intéressée à question de la libération, ou non, de la personne qui lui a porté préjudice. Mais au-delà de l'appréciation de la compensation du préjudice, quel peut être son rôle? Le juge ne peut évidemment pas faire entièrement reposer sa décision sur la position de la victime. Le rôle du juge est d'apprécier objectivement la situation, non seulement au regard de la compensation du préjudice, mais du danger social présenté par le condamné et donc de son repentir, de sa conduite. La personnalité du condamné est un élément important. Toutefois, l'appréciation faite par la victime peut évoluer depuis la condamnation, notamment en voyant le repentir du condamné. Mais, à l'inverse, si la victime s'oppose à la libération anticipée, alors que le condamné rempli tous les critères, il serait bon qu'elle argumente également sa position, afin d'éviter l'arbitraire. Bref, que le juge tienne compte de la position de victime, pourquoi pas, mais qu'il ne fasse que la retranscrire, serait une erreur.