Lors de son discours à l'Académie militaire de West Point, le Président Obama a indiqué assez clairement sa position, celle des Etats Unis, en matière d'interventionisme et de défense de ses intérêts stratégiques: la fin justifie les moyens.
Sur la scène internationale, les Etats Unis doivent toujours être le leader qui entraîne les autres avec lui. Pour autant, lorsque les intérêts fondamentaux des Etats Unis sont en jeu, ils peuvent intervenir seuls, voire militairement si cela est nécessaire et même si l'opinion internationale est importante, rien n'est supérieur à la défense des intérêts américains, des ressortissants à l'étranger et des intérêts économiques des Etats Unis. Mais que l'on se rassure, les Etats Unis ont les moyens qui lui permettent de former l'opinion publique et d'influer sur les autres pays, lui permettant donc d'obtenir leur soutien. La conclusion logique ne se fait pas attendre: ces moyens ont permis d'isoler la Russie en amenant les pays européens et le G7 a soutenir la politique de sanctions économiques, politique donc bien prise dans l'intérêt exclusif des Etats Unis, comme le sous-entend le Président, et qui n'a rien à voir avec l'Ukraine, mais avec le non-alignement de la Russie.
Le manque de tact d'un tel discours est effarant et a été relevé dans la presse américaine, mais parfois de manière étonnante. Celle-ci y a vu un discours contre productif, qui a surtout réussi à énerver plusieurs des alliés des Etats Unis, allant de Singapour à la France. Il est vrai qu'annoncer aussi directement que la politique américaine repose sur la manipulation des autres puissances pour les amener à servir et défendre les intérêts des Etats Unis, il fallait oser le faire. Et savoir que de toute manière, à part quelques montées de salives, il n'y aura aucune conséquence. Ensuite, ce qui est surprenant, c'est la critique presqu'uniforme reprochant au Président de trop se lier les mains en matière d'interventionnisme. Bref, pourquoi se réduire à se point les possibilités d'intervention unilatérale? Pourquoi ne pouvoir intervenir unilatéralement si des intérêts supérieurs, qui n'engagent pas forcément les intérêts vitaux des américains, sont en jeu? Bref, se pourrait-il que l'Amérique n'aille plus de part le monde défendre la démocratie les armes à la main? Choking! Enfin, la dernière grande critique concerne le style du discours. Un discours général, sans rien de concret alors qu'il s'adresse a des militaires. Par exemple, il ne parle plus du renouvellement des relations entre la Russie et les Etats Unis, mais de la nécessité de brider, voire de dompter, la Russie et la Chine qui se conduisent de manière de plus en plus agressive, mais sans pour autant dire comment y parvenir. Traduction: le Russie et la Chine ne se plient plus aux règles du jeu en se mettant à servir leurs intérêts propres, ce qui en fait des concurrents dangereux à détruire. Mais par quels moyens, la question reste ouverte.
Dans ce contexte, l'Ukraine est une opportunité à ne pas lâcher. Et il faut remettre de l'huile sur le feu régulièrement, sans trop se salir les mains. Et les déclarations plus que surprenantes de la porte-parole du Département d'Etat, J. Psaki, qui ne sait pas, ne veut pas avoir, ne comprend pas, reprend uniquement les sources officielles ukrainiennes ont un sens alors: en donnant carte blanche au pouvoir ukrainien actuel, en refusant a piori toute investigation objective, tout autant que la condamnation des violences contre les populations civiles, qui se réfugient maintenant dans les sous-sols, les Etats Unis poussent le pouvoir ukrainien, qui se croit tout permis, à commettre l'irréparable, à mettre en place un chaos qu'il ne peut gérer seul ... et que les Etats Unis vont aider à entretenir et contenir, dans l'espoir de pousser en même temps la Russie à la faute. Dans tous les cas, en contrôlant la zone ukrainienne, les Etats Unis contrôlent le transit du gaz russe vers l'Europe. Joli coup, non? Et dans ce cas, peu importent les frontières de l'Ukraine, seul compte le trajet d'acheminement, les entreprises qui le contrôlent, le point de sortie etc. De ce côté là, tout ne se passe pas trop mal. Les personnes sont placées. Donc le conflit peut continuer.
La doctrine est très simple: on est les leader, on le reste, on détruit ce qui dérange et ne s'aligne pas. Comme l'argent c'est le pouvoir, l'énergie - c'est le pouvoir. On va la contrôler. Et de cette manière, on va isoler la Russie, en contrôlant sa frontière énergétique avec l'UE, avant que ses accords avec la Chine ne soient efficaces. C'est un coup de pcsker menteur, mais parfois ça peut marcher. L'inconnu restant le seuil critique d'alignement des pays européens.