L'ACTUALITE RUSSE EN FRANCAIS MISE AU POINT PAR RUSSIE POLITICS SUR Facebook ET Twitter!

samedi 15 mars 2014

Russie-Etats Unis: les enjeux de Kharkov

Voir: http://itar-tass.com/mezhdunarodnaya-panorama/1047574
http://warsonline.info/ukraine/amerikanskiy-bespilotnik-mq-5b-perechvachen-v-nebe-nad-krimom.html
http://www.pravda.com.ua/rus/news/2014/02/24/7016123/
http://ru.wikipedia.org/wiki/%D0%94%D0%B5%D0%BB%D0%BE_%D0%9F%D0%B0%D0%B2%D0%BB%D0%B8%D1%87%D0%B5%D0%BD%D0%BA%D0%BE
http://www.objectiv.tv/281211/64684.html
http://pn14.info/?p=149068
http://www.vz.ru/news/2014/3/12/676746.html
http://www.vesti.ru/doc.html?id=1377683

La situation en Ukraine a pris cette nuit un tournant dangereux, même s'il est difficile de dire qu'il fut inattendu. Le sang a coulé à Kharkov et des membres locaux de Secteur droit ont été arrêtés par la police locale. Mais pour comprendre ce qui se passe, il faut tout d'abord replacer les faits dans le contexte général.
La révolte de la Crimée qui se dirige vers un rattachement à la Russie a surpris tout le monde. Personne n'imaginait qu'un tel pas fut possible, aussi vite et aussi volontairement de la part de la population locale. Les dérapages politiques de Kiev, la radicalisation de sa politique envers les russes, ont conduit les habitants à vouloir sortir d'un pays dans lequel ils se sentent rejetés et maintenant même en danger.
Or, leur initiative a mis à mal le plan américano-européen reposant sur l'organisation d'un grand mouvement populaire allant comme un seul homme en chantant les valeurs européennes rejoindre le giron de l'UE, rejetant la Russie et ses menaces dénoncées dans les médias occidentaux. Finalement, il n'y a pas de consensus, les valeurs avancées sont celles de l'extrême droite et la Russie devient plutôt une planche de salut. Le contrôle de l'information ni les provovations n'y font rien, les populations de l'Est rejettent les gouverneurs qu'on leur envoie, soutiennent ceux qu'elles ont choisis et qui sont emprisonnés à Kiev les uns après les autres.
Face à cette dislocation, Kiev a du réagir. La Rada décide de libérer des "prisonniers politiques". On compte essentiellement des personnes qui ont tué ces dernières années des policiers ou des magistrats. Par exemple le père et le fils Pavlitchenko. Ils furent arrêtés en 2011 pour avoir assassiné le juge qui leur avait refusé le droit d'agrandir illégalement leur appartement. Le fondement politique est absolument évident. Il s'agit aussi de la libération de Andrey Biletsky, extrémiste notoire, qui a tué un ancien comparse venu dans les locaux de leur organisation à Kharkov. Or, l'extrémisme est bien vu aujourd'hui en Ukraine, il donc non seulement été libéré, mais a pris la tête du Secteur droit-Est que Iaroch vient de mettre en place il y a quelques jours pour reprendre en main ces régions indisciplinées.
Et le résultat ne s'est pas fait attendre. Hier soir à Kharkov explose un conflit entre les anti-Maïdan et des arrivants d'Ukraine de l'ouest. Ces derniers disposent d'armes automatiques et tirent, lacent des coktails molotov, etc et tuent deux personnes, sans compter les blessés. Le combat commence dans la rue et finalement se termine dans le bâtiment du Secteur droit. La police arrive à faire reculer les anti-Maïdan et commence des négociations avec les membres de Secteur droit pour faire cesser le feu. Trois personnes sont prises en otages, dont le policier qui menait les pourparlers. Le Maire de la ville reprend les pourparlers et finalement les armes sont déposées, les otages relâchés et les membres de Secteur droit arrêtés par la police. Pour calmer la foule qui ne voulait pas les voir relâcher en toute impunité, le Maire garantit personnellement qu'ils seront amenés au poste de police.
La situation devient cocasse, si l'on peut dire. Car Secteur droit est une force politique de premier ordre à Kiev et ses membres n'agissent pas sans instructions. Mais la police, quand les choses vont trop loin, est obligée d'intervenir pour rétablir l'ordre. Car la pression de la population locale ne peut être éternellement ignorée. C'est une petite victoire du droit sur la bestialité, mais l'avenir montrera quelle en sera la portée. S'ils sont rapidement libérés, la population risque de réagir violemment, s'ils sont incarcérés, Secteur droit va réagir violemment. C'est une impasse. Et une action contreproductive pour Kiev.
Parallèlement à ces mouvements de terrain, des tentatives d'intervention plus globales se superposent. Au début, des médias assez marginaux avaient lancé l'information selon laquelle deux drones américains survolant le territoire de la Crimée avaient été mis hors d'état par la Russie. Le temps passe et le jeu se précise. Le site officiel de Rostekhnology, hier soir, met en ligne un communiqué officiel : un drone américain a été mis hors d'état de fonctionner par le système russe Avtobaza qui permet de désactiver à distance en coupant les communications. Ce matin, ce communiqué est remplacé par un autre affirmant que Rostekhnology ne confirme pas l'utilisation du système Avtobaza en Crimée, mais ... met en lien le même texte "transféré" vers la revue Voenny Obozrevatel. Ceci permet de lancer le message, permet aux Etats Unis de démentir l'utilisation du drône, mais ils sont au courant que celui-ci a été repréré et désactivé. Pour éviter toute possibilité de doute, le numéro du drone est également indiqué. Il est également expliqué que le groupe de drones a été déplacé par les Etats Unis de la Bavière vers le centre de l'Ukraine début mars.
Mais le jeu ne s'arrête pas là, ce serait trop facile. La guerre moderne est plus technologique qu'humaine. Il faut toujours des hommes pour tirer, mais ce n'est pas uniquement cela qui va déterminer le résultat du conflit. Or, le conflit entre les Etats Unis et la Russie bat son plein. Cette nuit toujours, le ministère russe des télécommunications indique que la tentative menée pour désactiver le satellite russe de télécommunication a échouée, la tentative vient de l'ouest de l'Ukraine. Le système Avtobaza pourra donc continuer de fonctionner sans accroc. 
Tout cela donne l'impression que la coalition américano-européenne ne sait pas très bien comment agir. D'une part, il y a des tentives plus globales visant à préserver coûte que coûte le monopole américain d'hégémonie en sous-estimant les capacités de résistance et de réaction de la Russie qui n'est plus celle des années 90 et encore moins celle de l'époque soviétique, d'autre part ils ne semblent plus vraiment contrôler la situation sur le terrain et laissent trop de marge de manoeuvre à des individus qui n'ont aucune vision politique à long terme. Cette erreur stratégique risque de provoquer un effet inverse. Pour l'instant, les populations de l'Ukraine de l'Est ne veulent pas sortir d'Ukraine, elles veulent être écoutées et respectées, avoir des droits qui soient respectés, et demandent la fédéralisation du pays. Mais à ce jeu-là, ils risquent de les pousser dans les bras de la Russie.

vendredi 14 mars 2014

Regards Croisés Russie-UE, par C. Voos : Avons-nous notre part de responsabilité dans l’intervention militaire russe en Crimée ? Comment en sommes-nous arrivés là ?



Un référendum proposant le rattachement de la Crimée à la Russie ou une plus grande autonomie vis-à-vis de Kiev doit être organisé ce dimanche.

D’un côté les Occidentaux et le nouveau pouvoir ukrainien jugent le scrutin « illégal », de l’autre la Russie, qui ne reconnaît pas les nouvelles autorités de Kiev, considère qu’il s’agit d’une question de « souveraineté nationale ».

Le blocage est donc complet.

 
Les Européens ont-ils fait leur la peur obsessionnelle américaine (Brzezinski) de voir émerger en Eurasie une puissance concurrente et la conviction que, si l’Ukraine parvenait à sortir de l’orbite russe, le modèle impérial moscovite serait détruit à jamais ?
 

En 1990, les Occidentaux n’avaient-ils pas promis à Mikhaël Gorbatchev de ne pas étendre leur alliance militaire aux anciens pays du pacte de Varsovie après la réunification allemande.

 
Dès le début des années 1990, la relation entre l’UE et la Russie a été polluée par la question de l’élargissement de l’OTAN.

Celle-ci suscite le développement des tensions internationales autour d’un triangle complexe UE-Russie-OTAN :

 
En 2004, les élargissements de l’UE et l’adhésion à l’OTAN impliquaient des pays de l’Europe centrale et orientale ayant eu des relations difficiles avec l’URSS et dans le cas de la Pologne, avec l’Empire russe.

 
Le second élargissement en 2007 à la Roumanie et la Bulgarie, a amené sur les rives de la mer Noire l’UE mais également l’OTAN, qui pénètre ainsi directement dans une zone d’intérêt stratégique russe.
 

Par la suite, après l’élargissement de l’Otan et de l’UE, les pays baltes et la Pologne joueront un rôle de premier plan dans le support européen aux révolutions colorées en Géorgie et en Ukraine, qui vont constituer un autre point de friction avec la Russie.
 

Enfin en 2009, l’UE lance le partenariat oriental, sur initiative de la Pologne et de la Suède dont le but est de resserrer les liens avec six pays de la CEI (Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie, Moldavie, Ukraine).

 
Moscou a interprété cette initiative comme une entrée en force, peu amicale, sur ses territoires d’influence traditionnelle cachant, sous le jargon diplomatique de rigueur, une tentative de réduire l’influence russe dans la CEI.

 
Il existe un volet plus particulier du partenariat oriental, celui qui concerne la sécurité des six pays visés et plus particulièrement la résolution  des « conflits gelés » où la méfiance  réciproque domine.

Il s’agit du Transnistrie et de la Gagaouzie en Moldavie, du Nagorno-Karabakh en Azerbaïdjan, de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie en Géorgie.
 

Concernant ces zones d’instabilité aux portes de l’Europe élargie, Moscou craint que l’UE envisage de réduire l’influence russe dans ces régions (étant donné que l’UE considère que Moscou entretient ces « abcès » de fixation à son encontre) et que l’UE part du principe selon lequel la Russie sabote tout plan qui n’assure pas le maintien de son influence régionale.
 

Dans cette matière de conflits gelés, l’UE est aussi divisée par la question de savoir si le référendum sur l’indépendance du Kosovo représente un précédent ou non.

La position des Européens n’est d’ailleurs pas exempte de contradictions puisqu’ils proclament en même temps leur attachement aux principes d’Helsinki.
 

S’aventure-t-on vers un scénario similaire en Crimée qui donnerait naissance à une nouvelle zone grise entre la Russie et le reste de l’Europe.

 
Et pourtant dès 1999, Vladimir Poutine évoquait déjà à côté d’une zone de libre échange, l’importance pour la Russie de construire un système qui offrirait des garanties de sécurité à l’ensemble du continent européen.

 
Pour les USA, il s’agissait de tentatives pour découpler Washington et Bruxelles en affaiblissant l’OTAN, sous prétexte de créer une nouvelle architecture de sécurité paneuropéenne.
 

Quant à l’UE, loin de saisir l’opportunité de sortir de l’orbite US, elle insiste sur la place prépondérante de l’OTAN dans la sécurité européenne et envoie le signal à Moscou (qui considère cette alliance comme un moyen de conserver l’emprise américaine sur l’Europe) qu’elle a raison de discuter directement avec Washington « au lieu de perdre son temps » à discuter de sécurité européenne à Bruxelles ; ceci affaiblit de facto la capacité de négociations multilatérales de l’UE …

 
Que déduire de tout ce qui  précède ?

 
Que l’Ukraine, bien d’avantage encore que la Géorgie, est la ligne rouge à ne pas franchir.

 
La crise ukrainienne touche aujourd’hui le pré carré vital russe : la base navale à Sébastopol, la résorption de la vacance du pouvoir, les garanties aux populations russophones, la préservation du transit du gaz, la conservation du tissu industriel et minier de l’Est.

 
La Russie recherche la stabilité des frontières, des régimes et des Etats qui l’environnent. Un bouleversement géopolitique majeur à ses portes, dans sa zone vitale, se ferait à son détriment.

C’est pourquoi la Russie apparait d’avantage mue par la défense de ses enjeux essentiels  que par un projet d’expansion. Nous sommes donc loin des ambitions impériales que la presse européenne prête à la Russie.

 

Les événements de Crimée ne sont pas sans rappeler la « Guerre éclair » de la Géorgie en 2008. Là aussi, des milliers de russophones disposaient de passeports russes sauf que la Russie avait déployé ses soldats en réaction à l’intervention géorgienne.

 

Cette fois-ci, Moscou agit préventivement !

 

Les Européens ne regardent-ils pas trop souvent Vladimir Poutine sans l’écouter ? Sommes-nous sourds aux déclarations officielles russes pourtant identifiables : en termes de frontières, il y a une ligne rouge à ne pas franchir autour de la Russie.

 

Pour mémoire, en décembre 1991, lors du référendum sur l’indépendance en Ukraine, seulement 54 % des électeurs de Crimée se sont prononcés en faveur de l’indépendance, le plus faible pourcentage dans l’ensemble du pays.

 

Articles de référence :

 


 


 

 

jeudi 13 mars 2014

Le Conseil de l'Europe ne peut pas vouloir savoir ce qui s'est passé à Kiev

Voir: http://izvestia.ru/news/567359
http://www.vesti.ru/doc.html?id=1368925



Le temps passe très vite et la mémoire est courte. En tout cas, beaucoup l'espèrent, car leur légitimité en dépend. Et l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe ne veut pas mettre en place une commission d'enquête pour savoir ce qui s'est passé à Kiev, lors de la prise de pouvoir.
A quoi bon en effet. Dans les couloirs, la situation est plus ou moins claire, mais mettre en place une commission obligerait à rendre public les exactions des opposants, du Secteur droit et de toute cette frange fascisante. Or, ils sont maintenant au pouvoir, ils doivent être financés pour le développement démocratique de l'Ukraine, qui va de paire avec quelques crédos biens connus: table rase de la justice, coupe sèche dans les subventions sociales et les retraites, coupe sèche dans les dépenses de l'Etat (ce qui permet de l'affaiblir), réforme de l'éducation (qui l'a demandée sur Maïdan?), etc.
Il faut réécrire les évènements et non les analyser. Peu importe les demandes sociales et politiques des premiers jours, de ces jours où des gens, dont ce n'était pas le métier, étaient dans les rues. Il faut mettre en place le schéma FMI/UE de la démocratie, des organisations qui elles n'ont pas à le respecter. Des organisations qui ont déjà affaiblis des Etats plus forts que l'Ukraine. Des organisations qui elles ne sont pas suicidèrent.
Donc l'on veut oublier de savoir qui a tiré sur qui, qui a financé ceux qui ont tirés. On met les uns à genoux, les autres sont érigés en héros, mais l'on ne veut surtout pas vouloir savoir. Il faudrait alors dire. Ce qui est dangereux. Le rapport sur l'utilisation des armes chimiques en Syrie l'a déjà largement montré. Parfois, les commissions se mettent vraiment à enquêter.
Il vaut mieux réécrire l'histoire présente, pour l'avenir. Parler d'une annexion par la Russie, d'une occupation du territoire par les forces militaires de Moscou. Reprendre la réthorique de la guerre froide et faire fi des faits qui dérangent. Réécrire, toujours réécrire, il en restera bien quelque chose. Le temps que le doute s'installe suffisamment pour faire oublier.
Faire oublier que l'annexion suppose une occupation par la force d'un territoire étranger pour ensuite, toujours par la force, le faire entrer dans son propre territoire. Ce qui ne cadre pas très bien avec l'allègresse qui accompagne ce référendum. Décision prise par les autorités de Crimée, sur demande de la population de Crimée. En Crimée, selon les accords conclus avec l'Ukraine après la chute de l'URSS, la Russie a le droit d'avoir des militaires pour protéger sa base navale. Et elle paie assez cher le budget ukrainien pour cela. Il n'y a donc pas d'occupation, à moins de considérer que l'existence de bases militaires étrangères dans un pays est en soi un signe d'occupation. Les Etats Unis occupent donc la plupart des pays dans le monde. Quant à la violence, elle a eu lieu à Kiev, pour la prise de pouvoir, pas en Crimée et pas par l'armée. Il n'y a donc pas d'annexion. En absence de structures étatiques globalement effectives, l'Etat est considéré comme défaillant. Une population a toujours le droit à l'autodétermination. La Crimée a déclaré son indépendance. Ensuite elle est libre d'en faire ce qu'elle veut.
Ce n'est pas la Russie qui a agressé l'Ukraine. Mais l'on peut se demander quel rôle a été dévoué à l'UE dans cette crise et il serait certainement intéressant d'enquêter sur la question. Pourquoi les leaders de l'opposition, au pouvoir aujourd'hui, bénéficient d'une telle impunité? Pourquoi les voit-on partout courir de l'ambassade américaine aux instances européennes? Ils n'ont pas un pays à mettre sur pied? Alors pourquoi ne pas enquêter? Pourquoi ne pas vouloir savoir qui l'on soutient?
Parce qu'on le sait déjà. 
Et l'ancien responsable des services secrets ukrainiens, en fonction lors des évènements, A. Yakimenko, le déclare publiquement, l'explique parfaitement. Il ne fait que confirmer ce que tout le monde sait. Le rôle de marionnettiste chevronné joué par les Etats Unis, pour défendre ces intérêts qui leurs sont légitimes, cette exception, cette vision du monde qu'il ne faut surtout pas changer.
Mais il faut se taire.

mercredi 12 mars 2014

Billet d'humeur: pluralisme, coup d'Etat et révolution - le fantasme ukrainien

Voir: http://izvestia.ru/news/567277

Aucun système ne peut être considéré comme démocratique sans respect du pluralisme. Car seul le pluralisme donne un sens à la liberté d'expression et de pensée. Vous ne pouvez penser librement si vous n'avez pas le choix des informations. Vous n'avez donc plus de liberté de choix. Vous n'avez plus de choix. Plus de liberté.
Les informations diffusées par la télévision russe vont, évidemment, à contre sens de la politique choisie par le nouveau pouvoir à Kiev. Non seulement la Russie a le mauvais goût d'appeler un chat un chat, en l'occurence un coup d'Etat un coup d'Etat, mais elle soutient la volonté exprimée en Crimée de sortir de ce que représente la nouvelle Ukraine, incertaine, dont le caractère étatique en lui-même est aujourd'hui largement sujet à caution. Si ce n'est sur le plan politique pour nos confrères américano-européens, au moins sur le plan juridique - pas d'institutions centralisées qui fonctionnent sur l'ensemble du territoire, pas de procédures légitimes (ni légales) d'accès au povoir dans les régions, pas de procédure appelant au peuple pour la formation actuelle des organes, recours à la force et à la violence, pas de système législatif appliqué sur l'ensemble du territoire, etc. Peut-on encore parler d'Etat?
Dans ce contexte, la fragilité du pouvoir de Kiev est évidente, d'autant plus qu'une crise sociale va bientôt s'ajouter à une crise politique et à moins de mettre l'armée dans la rue contre le peuple, le nouveau pouvoir ne pourra contrôler la situation. Mais l'armée le voudra-t-elle? Il reste les fanatiques du Secteur droit. Octobre après février. On a déjà vu.
Car qui va payer? Les Etats Unis menacent la Russie de sanctions économiques ... surtout si elle ne participe pas au financement du nouveau pouvoir radicale anti-russe. L'UE est en crise et doit déjà soutenir ses propres membres pour ne pas être en faillite. Les populations ne veulent pas payer pour l'Ukraine, ni les américains, ni les européens. C'est une chose de prendre des mesures abstraites contre la Russie, qu'elles soient politiques ou économiques, c'est autre chose de mettre la main au porte-monnaie. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les gens sont beaucoup plus favorables à des sanctions politiques contre Moscou que économiques, dont ils vont avoir un retour de bâton, les économies étant interdépendantes. Qui est prêt à sacrifier son mode de vie pour une base de l'OTAN en Ukraine? Est-ce le combat existentiel auquel on pense lors de nos crises d'adolescence et de nos prises de conscience adultes? Je ne parle pas aux professionnels bien sûr.
Bref, personne ne veut payer pour l'Ukraine et la Russie ne veut pas continuer à soutenir à bout de bras l'Ukraine, si elle devient radicale et antidémocratique. Mais ça, il ne faut pas en parler, les gens risqueraient de réfléchir, les ukrainiens surtout, donc il vaut mieux couper l'information. De toute manière, ils s'en rendront compte par eux mêmes assez tôt. Mais d'ici là, qui sait ce qui peut se passer. Peut être nous, les dirigeants ne seront plus là, ou l'Ukraine ne sera plus. On verra alors.
Pour l'instant il faut couper l'information, donc la réflexion, donc la liberté. La révolution mange ses enfants, les coups d'Etat n'ont pas d'enfants. La révolution renverse totalement le système au nom de la liberté totale, elle ne demande pas l'ancienne constitution, ne garde pas les députés (en mettant les autres au pas), ne garde pas le SBU et autres. Elle veut la liberté de manière anarchique, totale, improbable, souvent destructrice. Mais elle veut la liberté, elle lance de grands débats - au moins dans les premiers temps. Le coup d'Etat veut le pouvoir, en soi, pour soi, à tout prix, à n'importe quel prix. Il n'a pas besoin de la liberté, encore moins de débats.
Donc, on coupe les médias et l'Occident applaudit. Les radicaux ukrainiens feraient-ils ce que nos vieux ou jeunes routards cyniques de la politique aimeraient tellement faire? Se passer du peuple, de la démocratie, de la liberté et enfin avoir le pouvoir, le vrai, même un instant, un instant seulement.

mardi 11 mars 2014

La préparation des élections présidentielles en Ukraine: arrestation du candidat M. Dobkine

Comment ne pas s'interroger sur les doubles standards démocratiques qui règnent en Ukraine et à propos de l'Ukraine. D'une part, le pouvoir de Kiev s'estime légitime, car il possède la légitimité populaire exprimée à Maïdan. Ce qui lui a permis de prendre le pouvoir, de modifier les institutions et d'adapter la législation, sans aucun contrôle démocratique du peuple ukrainien dans son ensemble.
D'un autre côté, quand un gouverneur est élu par la population, sur une place, comme à Maïdan, mais une place qui n'est pas celle de Maïdan, Gubarev, ce gouverneur populaire, est arrêté pour avoir fait exactement ce que ceux qui sont au pouvoir à Kiev aujourd'hui ont fait hier. Les uns sont des héros, les autres des terroristes.
Dans ce contexte, il faut quand même préparer les élections présidentielles. Le chef de Secteur droit annonce sa candidature, personne n'osera rien dire, surtout depuis que des armes lourdes ont "disparu". Mais quand l'ancien gouverneur de Kharkov, M. Dobkine, se présente aux présidentielles, il est arrêté.
Il est en effet plus facile de se débarrasser de ses adversaires pour s'arranger entre soi.
Et pendant ce temps, les institutions américaines, internationales et européennes se demandent quelles sanctions prendre à l'égard de la Russie.
Nous vivons dans un monde merveilleux!

lundi 10 mars 2014

Maïdan: le suicide politique de Khodorkovsky

Voir: http://www.pravda.com.ua/rus/news/2014/03/9/7018227/




Les larmes aux yeux, M. Khodorkovsky apparaît sur une Maïdan, qui, en réalité, n'a pas besoin de lui.

Les larmes aux yeux, M. Khodorkovsky explique que Yanukovych, sur ordre du Kremlin, a fait tirer sur la foule. Qu'il n'y a pas de fascistes sur Maïdan, mais des gens en quête de liberté. Qu'il ne faut pas croire à la propagande du Kremlin, qu'il la connait, qu'il a payé cher pour cela.
 
Passons outre la décision de la CEDH reconnaissant que le procès Khodorkovsky n'a pas de fondements politiques. C'est hors sujet, c'est du passé.
 
Mais cet homme, qui à sa sortie de prison se voulait une alternative politique pour la Russie, clamait l'amour de son pays et se voyait Penseur Libre des temps modernes. Pourquoi cet homme fait-il une prestation de mauvaise série B? Pourquoi se comporter comme un propagandiste de bas étage? Pourquoi ne pas appeler à une enquête internationale après les scandales qui touchent l'origine de ces mythiques 100 martyres par les snippers? Mythiques, car l'un a été retrouvé avec des papiers d'identités différents portant la même photo, un autre est tombé d'un pont dans un quartier éloigné de Maïdan ... Mais peu importe, là non plus n'est pas la question.
 
Pourquoi s'abaisser à ce point? Un silence médiatique trop long et l'impression d'être totalement sorti de la zone d'intérêt des médias? La nécessité de rentabiliser l'investissement qui a été fait sur sa personne, même de cette manière? La conviction qu'il ne pourra de toute manière jamais jouer un rôle politique majeur en Russie, problème de carrure? Alors pourquoi pas ...
 
Il est vraiment dommage de voir que pour certains, il est plus difficile d'être héros en liberté qu'en prison. N'est pas Mandela qui veut  ...
 
Comme l'écrivait Jean-Paul Sartre dans Le Diable et le Bon Dieu, "L'honneur de l'homme, ça se répare à la pointe du couteau. Mais moi, il m'a faite putain et je suis beaucoup plus difficile à raccommoder."