Parfois les mots ont le pouvoir de créer une nouvelle réalité. Parfois, à force de volonté, il est possible de modeler le visage d'une société. De modifier les comportements. De revenir sur le passé pour envisager un avenir meilleur. Parfois...
Aujourd'hui, la Russie célèbre l'unité populaire. Question poignante dans un pays multiculturel. Un pays multiéthnique. Qui cherche à se recréer en nation.
Aujourd'hui est célébré le combat des boyards à la fin du 16e quand ils ont mis en marche un mouvement de défense des intérêts russes contre les prétentions polonaises.
Aujoud'hui, la journée est marquée par l'organisation d'une grande marche russe - dans le sens ethnique du terme - à Moscou et dans les environs. 18 manifestations prévues. Près de 50 000 personnes attendues. On y retrouvera les jeunes fanatiques pro-kremlins des organisations de jeunesse politique "Nachi" ou encore "Molodaya guardia". Un meeting organisé par Edinaya Rossiya. Et d'autres réjouissances... plus nationalistes les unes que les autres (pour plus de détails voir ici).
Etrange manière de rappeler l'unité populaire.
Dans la semaine écoulée, plusieurs décisions de justice ont été rendues sur des questions plus que sensibles. Notamment, des activistes de "Drougaya Rossiya" ont été condamnés à plusieurs années de réclusion pour leur participation aux évènements de la place du Manège en décembre dernier, qui s'est terminé en pogrome: la police ayant relâché les auteurs présummés d'un meurtre. Lors de la conférence de presse qui a suivi le verdict, un jeune homme asperge le procureur d'eau. D'une simple infraction administrative, les faits rebondissent et le jeune homme est déjà accusé d'avoir versé non pas de l'eau mais un autre liquide et d'avoir formulé des menaces à l'adresse du procurueur. Il risque beaucoup plus. (pour plus de détails, voir ici).
Bref, la société se crispe autour des questions non pas nationales, mais nationalistes. Revient avec force le sentiment d'un danger pour l'éthnie russe. Un danger diffus qui viendrait de tout ce qui n'est pas soi. Qui provoque les slogans comme "Pourquoi nourrir le Caucase?". Qui ne peut déterminer un ennemi fantasmagorique, qui n'est pas dans l'autre ... mais en soi-même.
Bonne fête de l'unité populaire! Sans cynisme. Sans humour. Simplement pour souhaiter que ce jour puisse faire réfléchir sur l'importance du désir de vivre ensemble. Condition incontournable pour donner corps à la nation russe. Empreinte de tolérance. Riche de sa diversité.
С праздником Вас!