A ce jour 172 groupes politiques ont mis en place un comité d'organisation en vue de se constituer en parti politique. Pourtant, tous ne participeront pas activement à la vie politique, même s'ils sont enregistrés.
Par exemple, pour participer aux élections des gouverneurs en octobre, les partis doivent déjà avoir été enregistrés et avoir passés toutes les procédures régionales avant la date d'annonce des élections, c'est-à-dire le 5 juillet. Car il ne suffit pas de l'enregistrement par le ministère de la justice, il faut également enregistrer le parti dans au moins 42 régions, et le délai est environ d'un mois.
Pour cette raison, les experts estiment que, en plus des 7 partis actuellement existant et du Parti républicain de Kassianov qui a du être rétabli suite à la décision de la CEDH, on peut compter sur encore 7-8 partis, ceux qui ont déjà obtenu leur enregistement fédéral. Il s'agit du Parti démocratique de Bogdanov (candidat aux présidentielles en 2008), L'Alliance des Verts d'O. Mitvol (ancien vice-directeur de l'Agence de surveillance de l'environnement et ancien préfet d'arrondissement de Moscou) pour les plus connus. Ensuite, se développe une floppée de partis inconnus du grand public: le parti populaire pour les femmes de Russie, l'union des citadins, le parti populaire de Russie, le parti des réseaux sociaux, le parti social-démocrate de Russie et le parti communiste de la justice sociale. Certains estiment que le parti Front de gauche, qui n'a rien à voir avec le mouvement de Udaltsov, a également toutes ses chances.
Bref, une quizaine de partis sont attendus pour les prochaines élections. Dans l'ensemble, les experts - toujours rassurants - estiment que l'apparition d'une centaine de partis est peu probable, mais ils en attendent une trentaine ou une quarentaine.
Qu'y a-t-il ici de rassurant? Les électeurs vont se trouver noyés dans une masse de partis qu'ils ne connaissent pas, dont ils ne connaissent pas les programmes, représentés par des gens qui leur sont totalement inconnus. Est-ce cela le pluralisme politique? Si on l'entend d'un point de vue purement formel, oui. Mais ce pluralisme politique ne donne pas de choix réel à la population.
Il ne s'agit pas d'un libéralisation du système politique, mais de son africanisation, si le terme peut encore être utilisé sans heurter le politiquement correct. Donc oublions le politiquement correct qui nous enjoint à l'extase devant l'émergence de tant de partis politiques - qui ne sont pas des forces politiques. Et c'est justement ici que le bas blesse.
En la matière comme en beaucoup d'autres (réforme de l'enseignement supérieur ou de la santé), la solution de facilité a été retenue. Au lieu de favoriser le développement des mécanismes politiques, des "combats" politiques, la construction de différentes idéologies proposant des voies différentes de développement de l'Etat. Pour cela, réellement donner un accès libre aux médias aux Forces politiques existantes. Pour cela renforcer les procédures d'examen des amendements lors de l'examen des projets de loi à la Douma. Par exemple. Au lieu de cela, le pouvoir a eu recours au tout marché, à ce libéralisme bas de gamme et sauvage qui a déjà ravagé la Russie dans les années 90. Parce que, outre l'alternative crise d'autorité / démission, aucune voie de dialogue social et politique réel n'a pu être mise en place. Donc les réformes se terminent soit par une décision autoritaire de ce qu'il faut faire, soit par le renvoie à un soi-disant marché omniscient qui permettra de prendre la bonne décision à la place d'un pouvoir qui ne s'en donne pas la peine.
En matière d'organisation politique, c'est un dangereux populisme. Quelle sera la réponse quand les gens comprendront qu'on les a trompé?