Lors de la séance de questions au Gouvernement de ce 8 mars, Thierry Mariani, député des français de l'étranger, a demandé au Gouvernement français de défendre les intérêts nationaux devant les structures de l'UE et de voter contre la prolongation des sanctions européennes contre la Russie, l'exécution des accords de Minsk ne dépendant pas d'elle. La réponse fut simplement affligeante, creuse, à l'image de la diplomatie de notre pays aujourd'hui.
Le député T. Mariani relance le débat sur les sanctions adoptées par l'UE contre la Russie, défendant ainsi les intérêts des entrepreneurs français. Voir sur son site la question et la réponse. Le positionnement est clair: les sanctions adoptées contre la Russie ont des effets désastreux sur l'économie française, surtout sur l'agriculture et leur maintien n'a aucun sens: la violation des accords de Minsk n'est pas du fait de la Russie, mais de l'Ukraine qui n'adopte pas les réformes constitutionnelles nécessaires pour garantir une pacification des relations sur son territoire. Ce que le ministre des affaires étrangères allemand a rappelé à Kiev, lors de son récent séjour.
La question restant encore de savoir jusqu'à quand ces sanctions devront restées en vigueur, car l'instabilité politique dans laquelle tombe l'Ukraine (voir notre article ici) ne va pas s'arranger: le gouvernement n'a plus de majorité parlementaire pour gouverner, des élections générales se profilent et le système est destabilisé par une corruption endémique bloquant même l'aide du FMI. Quelle est la responsabilité de la Russie ici aussi?
La réponse gouvernementale est simplement ahurissante d'inconsistance. En substance, non la France ne votera pas contre la prolongation des sanctions européennes, mais elle travaille activement avec la Russie à "la diplomatie des terroirs" (c'est beau et l'efficacité était flagrante au salon de l'agriculture) et à "obtenir un travail avec la Russie" (ça veut dire quoi???) ainsi qu'à l'obtention de "débouchées alternatives pour nos agriculteurs" (même si de nouveaux importareurs occupent maintenant le marché russe).
Tout cela, par ailleurs, contrevient à ce que le secrétaire d'état au commerce extérieur affirme en début d'intervention, une ou deux minutes plus tôt (il a dû oublier), en disant que la baisse du volume des relations commerciales avec la Russie est en quelque sorte naturelle, car elle est liée non pas aux sanctions européennes et aux contre-sanctions russes, mais à la baisse de la demande intérieure russe suite à la chute du marché des hydrocarbures et du cours du rouble.
Si tel est le cas, pourquoi alors aller négocier? Et pas un mot sur la diversification du marché russe, sur le renforcement de la production intérieure? Etrange ...
Et pour cause. Car si le secrétaire d'état évoque les visites des ministres de l'économie et de l'agriculture, il est particulièrement discret sur la réaction de la partie russe.
Pourquoi donc les ministres en visite n'arrêtent d'invoquer la suspension des sanctions européennes à l'égard de la Russie pour l'été? C'est justement parce que ces sanctions font mal. Et surtout à trois pays en Europe: à l'Allemagne qui a déjà perdu 29,9 milliards d'euros et 500 000 emplois, à l'Italie avec une perte de 16,3 milliards d'euros et 300 000 emplois et à la France à hauteur de 11,1 milliards d'euros et 162 000 emplois.
C'est peut-être pour cette raison que le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, a fait, lors de sa visite à Moscou, des déclarations surprenantes - et dégradantes pour le pays qu'il représente. En substance: la France ne peut lever les sanctions contre la Russie, elle n'en a pas le pouvoir, c'est de la compétence de l'UE, nous n'y pouvons rien, même si je suis contre, même si le Gouvernement est contre et le Président aussi, nous ne pouvons rien faire, mais la Russie, elle, elle peut lever les sanctions contre la France.
Juste comme ça. Pour être gentille. En remerciement de la politique équilibrée, certainement, menée par la France. Pour les Mistrals. Pour le soutien apporté par le Gouvernement français dans les stractures européennes, ou encore mieux à l'ONU. Bref, pour le bon sens dont fait preuve la France à l'international.
La Russie, quelque peu surprise, a gentillement, oui vraiment très gentillement, répondu que les "contre-sanctions", qui ont été prises après la deuxième vague de sanctions européennes, seront levées immédiatement. Immédiatement après que les pays européens lèvent les sanctions prises contre la Russie.
M. Le Foll est-il conscient qu'il affiche à la face du monde l'image d'un pays qui affirme avoir perdu sa souveraineté, pleurniche quelques arrangements, comme on donne les restes d'un repas aux serviteurs. Est-ce cela la diplomatie française consciente de son rôle et de sa grandeur, à laquelle faisait appel le secrétaire d'état en réponse à la question de M. Mariani? Elle flotte dans le rôle.
Et pour être réaliste, les sanctions ne seront pas levées cet été. Même si la population française les demande, même si les entrepreneurs n'en peuvent plus, les agriculteurs sifflent un Président qui a du mal à mettre un pied dehors, même si la classe politique - de droite - l'exige, même si les députés montent au créneau. Même si F. Fillion affirme avec raison à qui veut l'entendre que c'est une erreur.
Les sanctions continueront car les Etats Unis en ont besoin dans leur combat d'influence contre la Russie. Non seulement la représentante américaine à l'ONU affirment qu'elles doivent être liées à la Crimée, or la Crimée ne redeviendra jamais ukrainienne car la population ne le veut pas, mais J. Kerry affirme encore que la Russie viole les accords de Minsk en condamnant Savtchenko pour avoir tuer des civils, notamment russes, dans son action dans les rangs du bataillon punitif ukrainien Aïdar (voir notre article ici). Des députés du Parlement européen demandent même de prendre des sanctions contre ... le Président russe. L'absurdité n'a plus de limites.
Il est évident que les sanctions ne seront pas levées. En tout cas, pas par ce Gouvernement. Les prochaines élections donneront la possibilité de changer de majorité, mais les nouveaux représentants du peuple auront-ils le courage de rendre au pays sa souveraineté? Car l'enjeu pour la France est ici.
L'absurdité est partout présente. Les incompréhensibles ''valeurs'' du ''peuple de gauche'' et de sa république (qui font penser à une série télévisée très drôle où un épisode fait dire à un personnage que, pour jouer à un jeu dont les règles sont inintelligibles, il faut bien en comprendre les valeurs) sont appliquées. Ces ''valeurs'' permettent ainsi aux plus limités de se donner le rôle de gouvernants.
RépondreSupprimerNos personnages politiques n'ont qu'un objectif : être le premier dans la compétition. C'est la finalité. On a gagné, on cesse, on souffle. Beaucoup ne dépasseront jamais ainsi le stade de spermatozoïde et peu se signaleront par un signe d'intelligence. Quant à l'intérêt des peuples....
Cet article reflète parfaitement le sentiment de plus en plus partagé de notre perte de souveraineté,la contre-productivité de notre politique étrangère, l'UE à genoux devant les USA..
RépondreSupprimerVivement que nous puissions tourner la page!
Bonsoir Madame. Intéressante la réponse de notre ministre de l'agriculture: il dit tout haut la vérité sur la situation de la souveraineté de la France. A savoir qu'à la suite de l'approbation du traité dit de Lisbonne, la République a transféré 80% de ses pouvoirs dans les mains de la Commission Européenne. Alors, effectivement, notre pseudo gouvernement ne peut pas lever unilatéralement les sanctions contre la Russie. Il nous faut nous y habituer, le pouvoir est détenu par la Commission Européenne et non plus par Paris. Ceci dit, les sanctions sont une véritable bénédiction pour le peuple russe, et pour l'économie de ce pays: les acteurs économiques sont en train de boucher les trous de leur secteur à grande vitesse. Le marché du porc français en Russie est définitivement perdu: la Russie est devenue exportatrice de porc cette année, félicitations aux agriculteurs russes, et dommage pour les français!!! La seule solution qu'il nous reste est de sortir de cette Union Européenne par l'article 50 du T.U.E., mais aucun parti politique français, mis à part l'U.P.R. ne le propose, ni ne l'écrit, et surtout pas le F.N.:il ont trop d'intérêts dans cette magouille. Cordialement. Bernard
RépondreSupprimerMalheureusement, si les mots prononcés par des Jupé, Fillon et autres Sarkozy changent de ceux que l'on entend dans le gouvernement, leurs actes ne différeront pas s'ils venaient à accéder au pouvoir.
RépondreSupprimerSarkozy et ses sbires sont des atlantistes convaincus qui appliqueront la politique états-unienne sans se poser de questions, oubliant en un instant tous les propos qu'ils auront tenus pour être élus.