Le Congrès américain entend légiférer sur les sanctions contre la Russie, la plaçant au même titre que la Corée du Nord ou l'Iran dans la liste des dangers premiers pour les Etats Unis, et limitant ainsi la possibilité pour Trump de négocier en tête à tête avec son homologue russe. Pourtant, Trump est-il réellement opposé à reprendre le contrôle du marché énergétique européen et à affaiblir son concurrent russe? Ou comment les sanctions américaines servent deux buts: économique, tout d'abord, avec le marché énergétique européen et géopolitique, ensuite, par la dissociation de l'oligarchie énergétique russe de la politique internationale menée par le Kremlin. Dans les deux cas, la Maison Blanche applaudit.
Le Congrès va être amené à se prononcer jeudi sur la nouvelle mouture du projet de loi sur les sanctions à prendre contre la Russie, l'Iran et la Corée du Nord. Les explications avancées sont toujours les mêmes: soutien des "séparatistes" en Ukraine, interférence dans les élections américaines ou encore omnipotence des hackers russes. Sur les 10 raisons avancées par les autortés américaines, 5 concernent directement ou indirectement la Russie ... et les intérêts du marché américain, comme cela est clairement indiqué.
Ces sanctions doivent concerner tous les partenaires de la Russie dans le domaine énergétique, c'est-à-dire l'Allemagne en particulier et l'Europe en général. D'où la réaction inquiète de la Commission européenne qui intime aux Etats Unis de coordonner avec elle la politique des sanctions contre la Russie, la construction de Nord Stream 2 est dans le collimateur et la question énergétique est très importante pour l'Europe. Evidemment, aucune réponse Outre-Atlantique n'est tombée.
La communication de la Maison Blanche autour de ce projet de loi reste assez flou. D'un côté, Scarramucci annonce que Trump va réfléchir, puisque rien de démontre l'intervention de la Russie pour les hackers. Mais, S. Sanders, elle, selon CNN, annonce que la Maison Blanche est satisfaite de ce projet de loi, dont la qualité rédactionnelle et juridique a été largment améliorée et sera donc prête à le soutenir.
Et en effet, pourquoi D. Trump ne devrait pas soutenir ce projet de loi?
D'un côté, en attaquant dans le domaine énergétique, il tente de "libérer" l'Europe contre elle-même et contre ses intérêts, ce qui finalement n'est que la tradition américaine, de "l'oligarchie énergétique russe". Au passage, les Etats Unis cherchent à vendre leur gaz de schiste, beaucoup plus cher que le gaz russe et économiquement invendable sans motivation idéologique.
D'un autre côté, il peut tenter d'affaiblir la Russie de l'intérieur en tapant sur le point sensible, celui de l'oligarchie. Certes, le "patriotisme économique" a été décrété, mais la confusion des genres est bien le point faible du système russe. La confusion de l'économique et du politique est telle, que, effectivement, la politique internationale menée par la Russie, impliquant une souveraineté réelle du pays, se trouve confrontée aux contraintes de la politique intérieure de plus en plus orientée vers le néolibéralisme et le culte du marché tout puissant, rejetant donc l'Etat et l'intérêt général au second plan.
Le projet de loi de sanctions, en mettant en avant la question sensible de ce lien "pouvoir/business d'Etat privatisé", sous l'angle de la corruption des grands oligarques, de leurs liens inévitables avec l'Etat et en les menaçant de sanctions lorsqu'ils utilisent le dollar (et ils utilisent tous les dollars, à titre privé comme professionnel), cherche justement à provoquer une rupture, un schisme, dans le système politique russe qui se trouve balancer entre deux conceptions de l'Etat et du pouvoir incompatibles.
D'une manière générale, pourquoi s'en priver, puisque récemment aucune mesure en réponse n'a été adoptée. Les enchères montent. Les Etats Unis cherchent à savoir jusqu'où ils peuvent aller. Pour l'instant, assez loin. Et cette hésitation en Russie dans la réponse à apporter est aussi le résultat de ce conflit idéologique interne, qui commence à paralyser le pouvoir sur les grands dossiers, tant qu'une décision au sommet n'a pas été prise.
Comme les sanctions sectorielles ont obligé la Russie a positivement restructurer son économie, à la diversifier, à ne plus penser que la richesse subitement acquise grâce au gaz et au pétrole la dispense de redévelopper une véritable industrie et de relancer l'agriculture puisqu'elle peut acheter tout ce dont elle a besoin à l'étranger, ce projet de loi, s'il est adopté, va obliger la Russie à recomposer son champ politique, à clarifier sa base idéologique. Ce qui ne peut que la renforcer à long terme.
35 diplomates russes expulsés des EU, propriétés diplomatiques saisies, 35 diplomates qui attendent toujours un visa pour aller remplacer ceux qui ont été expulsés, nouvelles sanctions pour éjecter les russes du marché européen du gaz, j'en passe tellement la liste est longue. En réponse : Rien. V.Poutine serait-il un masochiste qui adore se faire humilier mais, qu'en est-il du peuple russe, j'aimerais savoir si une majorité le soutient dans ces acceptations humiliantes?
RépondreSupprimerIl faut toujours avoir en tête que Poutine veut un monde multipolaire dont font partie les USA. Il les a toujours appelés "nos partenaires". Donc d'abord une réaction hautement diplomatique puis jamais deux fois et encore moins trois fois. La preuve, c'est que sa côte monte aux USA.
SupprimerSi ces sanctions passent, la Russie se doit de répondre. On a assez rigolé. De plus c'est une obstruction voulue et planifiée à Trump, peut il réagir? Ils sont complètement fous ces Ricains et il faut les arrêter par tout les moyens car ils vont bien finir par appliquer leur first strike doctrine. Ils ont atteint le caniveau et je souhaite que Putin leur réserve "un chien de sa chienne". Il y a des limites à tout.
RépondreSupprimerL'UE sera le dindon de la farce : non contente de perdre le marché russe, elle devra acheter le gaz de schiste étasunien plus cher...
RépondreSupprimerA part çà, l'UE nous protège!
J'espère que la Russie prendra le virage à temps. Les gens n'attendent que ça.
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