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jeudi 4 mai 2017

Macron / Le Pen: parce que l'un des deux sera le prochain Président



Hier a eu lieu le tant attendu débat de l'entre deux tours. Un débat violent qui n'aurait pu être autre. Car ce sont deux visions du pays qui s'opposent. Pour la première fois depuis les débuts de la Ve République, l'opposition ne se résume pas à des propositions différentes pour régler les mêmes questions: ici les questions sont différentes. Sortir de l'Europe vs plus d'Europe? Plus d'immigration avec la fin des frontières vs contrôler l'immigration avec la restauration des frontières? Restaurer le rôle de l'Etat dans l'économie vs l'autorégulation du marché global? La violence vient de la réelle opposition.

Mais dimanche prochain, nous aurons l'un des deux en Président, peu importe l'abstention ou le vote blanc. Alors réfléchissons, l'heure n'est plus à pudibonderie.



L'agressivité des échanges entre Macron et Le Pen n'a échappé à personne, même si les journaux prennent d'embler le parti d'un Macron qui aurait finalement survécu, ce dont ils n'étaient manifestement pas si certain que cela.


Autre remarque préliminaire, l'absence des présentateurs qui ne maîtrisent absolument pas le débat et se font déborder par les candidats. C'est à se demander si ce n'était pas voulu, car un tel manque de professionnalisme laisse pantois. Mais si les échanges furent violents, souvent au raz des paquerettes, il n'y a pas eu de véritable dérapage. Car Marine Le Pen était attendue sur les questions de l'immigration, pour justifier le qualificatif d'extrême droite. Mais en écoutant ce débat, il est difficile de parler de néonazisme. Populisme, possible. Souverainisme, certainement. Mais rien à voir avec la rhétorique d'extrême droite, même si pour un oui ou pou un non Hitler est remis au goût du jour, banalisé. Donc finalement, le pugilat n'a pas permis de "faire tomber le masque" du FN, à tel point que l'on se demande s'il en porte réellement un.

Sur le débat en lui-même, les deux interlocuteurs n'ont pas été à la hauteur, mais pour des raisons différentes. Marine Le Pen était empêtrée dans ses fiches, à un point tel qu'elle a baissé sa stature. Si elle est élue, va-t-elle se présenter ainsi, donnant l'impression de ne pas maîtriser le sujet? Macron, de son côté, a poussé au maximum son côté morveux prétentieux, qui s'attache aux détails techniques en parfait haut technocrate lisse et transparent, botte en touche sur la vision du pays et ses relations avec l'islam. Il incarne cette génération qui ne sort jamais de l'adolescence, qui est incapable de devenir adulte. 

Mais c'est bien l'un des deux qui sera élu à la présidence de la République dimanche. L'on peut dire que l'élection a été volée aux français par la justice et les médias. D'une certaine manière, c'est vrai. L'acharnement médiatico-judiciaire bien dirigé contre Fillon, l'adulation médiatique de Macron. Pourtant, les français avaient le choix: celui de la réflexion. Ils ne l'ont pas fait. Tout d'abord, parce que la réponse émotionnelle primaire est plus facile. Ensuite, parce que hurler avec les loups est plus confortable, même si l'on ne comprend pas dans quel but ils hurlent - puis s'arrêtent. Enfin, parce que s'ils attendent des réformes, elles ne doivent rien changer. Ce qui a abouti à ce résultat paradoxale d'avoir écarté les candidats attendus (Hamont et Fillon), pour se rabattre vers des candidats dit en opposition avec le système. Car l'inconnu étant impossible à imaginer, il est nié. Le monde post-moderne de Macron est aussi insaisissable que le retour au souverainisme de Le Pen. Dans les deux cas, ils entraînent un changement trop radical pour être appréhendé par l'inconscient collectif.

Pourtant, directement ou indirectement, ils sont le produit du système dominant aujourd'hui. Macron est le pure produit des technologies politiques post-moderne, qui remplacent le débat d'idée par le marketing, pour faire vendre une politique impopulaire et anti-démocratique qui a remplacé l'électeur par l'acheteur. Dans ce but, le FN est l'instrument nécessaire: il est censé fédérer la peur et détourner l'attention en créant un danger qui fait réagir l'imagination. C'est le seul parti contre lequel Macron ait une chance de gagner. Par ailleurs, la montée du FN est également le résultat logique de la politique menée: les réformes du droit du travail qui ont mis les gens dans la rue - en vain, la politique d'immigration massive dans les pays de l'UE, la question de l'euro qui limite les possibilités de réaction de l'Etat en temps de crise, l'incohérence de la politique internationale qui a brisé l'équilibre des relations Est-Ouest pour le remplacer par un atlantisme primaire. Le mécontentement augmente et fournit l'électorat nécessaire au FN. 

Le score attendu autour de 40% du FN, montre que le système néolibéral arrive au bout du système démocratique. Pas parce que le FN, n'en déplaise à la bonne pensance, soit anti-démocratique, mais parce qu'il va se constituer en parti d'opposition républicaine, qui, à terme, va mettre en échec le programme néolibéral impopulaire, car ne s'adressant qu'à une minorité. Donc le système néolibéral, qui a pu utiliser les mécanismes démocratiques pour arriver au pouvoir, ne peut s'y maintenir démocratiquement, car il repose sur une minorité. Autrement dit, l'élection de Macron, pure produit du système néolibéral, pourra être le dernier Président élu en France au suffrage universel - les "représentants du peuple" sont beaucoup plus dociles, comme nous le voyons.

Que ces candidats vous plaisent ou non, dimanche l'un d'eux sera Président. Il est possible de se draper dans sa dignité et décider que se déplacer serait par trop s'abaisser. L'on peut également se donner bonne conscience en allant voter blanc: je me suis déplacé, j'ai fait l'effort, mais je ne suis d'accord avec rien.

C'est merveilleux la bonne conscience. Surtout que l'on entend un peu partout que le vote blanc est pris en compte. Alors, pourquoi s'en priver? Pour ceux qui y croient, une petite mise au point:
Depuis la loi du 21 février 2014 visant à reconnaître le vote blanc aux élections les bulletins blancs sont décomptés séparément des votes nuls et annexés en tant que tel au procès verbal dressé par les responsables du bureau de vote. Mais, comme auparavant, ils ne seront pas pris en compte dans le nombre des suffrages exprimés (ensemble des bulletins moins les votes blancs et nuls).
Finalement, ne pas se déplacer, un vote nul ou un vote blanc n'est rien d'autre qu'une démission. Se laver les mains de ce qui se passe pour ne pas se salir, parce que l'on n'est pas totalement satisfait par ce que l'on voit. Et ensuite reprendre sa dignité et continuer à critiquer? C'est une position un peu facile. C'est une position lâche. Il faut se salir les mains pour avoir le droit de critiquer.

Lorsque vous irez voter, n'oubliez pas que vous votez pour un Président. Pas pour un ministre de l'économie ou des transports, mais pour un Président. C'est-à-dire pour une personne qui doit conduire et déterminer la politique du pays. A charge ensuite aux membres du gouvernement de la mettre techniquement en oeuvre. Vous votez pour une personne qui va aussi représenter la France à l'étranger, qui va vous représentez, vous au-delà du pays. Finalement, le choix qui se pose est simple: souverainisme contre mondialisme. Il n'y a pas de mauvais programme, il n'y a que des choix. Macron veut plus d'Europe, car il en est le candidat. Marine Le Pen veut plus de France. Leurs programmes sont diamétralement opposés, car ils correspondent à des visions exclusives de l'avenir du pays.

Ayez le courage de faire un choix, même s'il ne vous satisfait pas entièrement. Nous n'avons plus les moyens de la pudibonderie.



7 commentaires:

  1. Comme le choix de dimanche prochain paraît être, dans les 2 cas, une plongée vers un inconnu ''impossible à imaginer'', il est dommage que les candidats n'aient pas profité de la très forte audience TV pour s'adresser principalement aux français.

    Davantage qu'autrefois, la France a besoin de savoir ce que souhaite vraiment le pays et ce vote est, plus que jamais, un devoir. De très bonnes surprises peuvent encore arriver pour ceux qui sont pessimistes.

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  2. Le président ne conduit pas la politique du pays. C'est le rôle du Premier ministre, celui-ci étant l'émanation des élections législatives.

    Le président est le chef des armées et représente la France à l'étranger. Il a le pouvoir de faire entrer la France en guerre pour 3 mois, avant que l'Assemblée nationale puisse dire son mot.

    Il est très possible que Macron se retrouve avec une Assemblée très divisée, et Le Pen n'aura jamais une majorité de députés pour elle. Elle sera paralysée.

    Finalement, le choix du président a peu d'importance dans la configuration actuelle. Macron compte gouverner par ordonnance, mais encore faut-il qu'il ait un Premier ministre issu de son courant. Pas du tout sûr.

    L'élection reine ici, ce sont les législatives.

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  3. Vous avez une lecture très spécieuse de la Constitution de 58

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  4. La présence des deux candidats en plus du contenu pauvre de leur programme, reflète une indigence intellectuelle de la population française dont elle n'a pas l'apanage. Il suffit de voir le mépris envers Asselineau. Cela dit même si Marine LePen n'est pas le garant du France forte, elle a le mérite, de par son père, d'être un grain de sable dans la panurge mondialiste, et tant qu'à provoquer un déraillement autant que ce soit maintenant où il existe encore des esprits lucides, qui de tous temps sont les seuls à avoir sauver la France.

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  5. Comme les médias ont absolument tout fait pour que Macron soit à l'Elysée, je suggère qu'en 2022, ces mêmes médias se rassemblent pour élire le futur président sans déranger les citoyens. Nous gagnerons ainsi du temps et de l'argent.

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  6. "Finalement, ne pas se déplacer, un vote nul ou un vote blanc n'est rien d'autre qu'une démission."

    Tout à fait d'accord.

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  7. il y a peut-être une autre option :-) : le vote révolutionnaire. Celui-ci " est une expression utilisée pour désigner un vote apparemment paradoxal. En effet, dans ce cas un électeur vote pour le candidat qu'il considère comme étant le pire, dans l'espoir que son élection provoque une révolution. L'idée de départ est de provoquer un changement de paradigme politique et de mettre en échec les candidats ou les partis qui se contenteraient de réformer le système en place. En France, l'expression est également employée lorsque les électeurs d'un parti ou d'une fraction d'un parti préfèrent voter pour leurs adversaires plutôt que pour leurs alliés. Par là, ils veulent souvent préserver les chances de leur candidat dans une élection future ou faire élire celui auquel ils pourront s'opposer de façon frontale." source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Vote_r%C3%A9volutionnaire

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