D'un côté des magasins, de l'autre des vies saccagées, mutilées. Des espoirs gazés, matraqués. Finalement quelle violence est la plus médiatisée ? Contre quelle violence le pouvoir attend-il une réaction d'indignation de la société ? De ces questions découlent les priorités étiques de notre société, qui s'inquiète manifestement beaucoup plus pour les capitaux que pour les hommes. C'est simplement un constat.
Dans chaque manifestation, les risques de violence existent de part et d'autre, c'est normal, cela fait presque partie des règles du jeu. Du côté des manifestants, car l'on ne sort pas dans la rue tous les samedis pendant des mois lorsque l'on est satisfait; et du côté des forces de l'ordre - et du pouvoir en place - qui doivent normalement maintenir un minimum d'ordre public. Mais dans le cas des manifestations des Gilets Jaunes, l'on a depuis longtemps dépassé les limites du normal.
Les violences contre les personnes sont courantes, disproportionnées et inquiètent même la communauté internationale, qui s'interroge sérieusement sur la gestion de la crise par le pouvoir. Notamment en ce qui concerne la sécurité. Ces interrogations émergent également dans les milieux professionnels nationaux concernés : les gens formés à procéder aux interpellations sont bizarrement écartés.
Pendant ce temps, 80 magasins sur les Champs-Elysées sont saccagés, les black blocs circulent sans entraves et sont extrêmement nombreux - la technique des "interpellations préventives", appliquée aux Gilets Jaunes, ne leur semble pas ici avoir sa place ... Etrange.
Parallèlement, le net regorge d'images choquantes de manifestants et de journalistes rien de moins "qu'agressés" par des représentants des forces de l'ordre, dont le comportement laisse planer des doutes quant à sa légitimité : poursuites de journalistes, coups contre leurs appareils, coups contre des hommes et femmes à terre, interventions médicales d'urgence de plus en plus nombreuses ...
Si le décompte est impossible, l'ampleur des blessures est anormale en temps de paix.
L'on retrouve même certains policiers avec des ajouts surprenants sur leur uniforme, ce qui donne une impression malsaine de dérive étique :
Et l'indignation contre la violence affichée chez les politiques est particulièrement bien reprise dans les médias, avec une vision uniforme chez la plupart d'entre eux, celle du pouvoir :
Dans cette vision sans nuances, il n'y a aucune place pour les blessures humaines, un léger dysfonctionnement du système de sécurité peut-être envisagé par l'Elysée, non pas en raison des blessures faites aux manifestants, mais parce que les commerçants des Champs-Elysées perdent patience et veulent une réunion au sommet - et les commerçants des Champs ne sont pas des commerçants comme les autres ...
Ainsi, Aurore Bergé, avec toute la force de la bêtise, à laquelle elle ne cesse de nous habituer, déclare:
Veut-elle ainsi accuser Castaner d'avoir laissé faire ? Les CRS de n'être pas intervenus ? Ou bien les Gilets Jaunes de ne pas avoir fait le travail des forces de l'ordre, qui avaient manifestement reçu des consignes assez ... étranges ?
Non, elle suit la ligne Macron :
Or, les Gilets Jaunes ne remettent pas en cause la République, mais la Macronie, image caricaturale de ce que la globalisation peut produire de pire au niveau national. Beaucoup déclarent ne plus s'interposer lorsqu'il y a des dégradations, car ils commencent à réaliser que seule la violence peut faire chavirer ce régime. Ce qu'avaient, par ailleurs, parfaitement compris les "manifestants" de Mai 68, qui ont depuis pris le pouvoir. Et ce qui se passe aujourd'hui est un jeu d'enfants en comparaison des violences alors commises.
Mais des slogans contre le système idéologique commencent à faire leur apparition :
C'est cette "République" qu'incarne et défend Macron et dont il craint la disparition.
Finalement, lorsque l'on parle des "violences", il est particulièrement malsain de voir systématiquement tues les violences physiques et psychologiques infligées aux Gilets jaunes, à ceux qui se battent pour leurs idées, même si et justement parce qu'elles ne correspondent pas à l'idéologie dominante. En défendant aussi primitivement le capital contre l'homme, en les dissociant de manière aussi radicale, nos dirigeants vont finir par nous faire revivre les idées de gauche, celles d'avant la boboïsation, la gauche caviar et globaliste, qu'ils avaient mis tant d'efforts à discréditer.
Apparemment ce serait des grenades des forces de l'ordre qui auraient mis le feu au Fouquet, belle ironie! : )
RépondreSupprimerIl faudrait qu'on m'explique comme si j'avais six ans : pourquoi la police, qui connaît très bien les casseurs pour les avoir vus agir pendant des semaines, s'en prend allègrement aux Gilets jaunes dans un semblant d'exercice d'autorité ?
RépondreSupprimerDe deux choses l'une : soit la police est parfaitement incompétente et préfère s'en prendre à des "proies" faciles, soit ses règles d'engagement sont clairement destinées à laisser faire la casse.
La seconde hypothèse procure au gouvernement un levier pour manipuler l'opinion publique en sa faveur et lui permet de s'obstiner dans sa tentative de casser un mouvement qu'il ne peut satisfaire qu'en renonçant à son programme de mise au pas de la société.
1)
RépondreSupprimer''''...seule la violence peut faire chavirer ce régime. Ce qu'avaient, par ailleurs, parfaitement compris les "manifestants" de Mai 68, qui ont depuis pris le pouvoir.''''
Beaucoup d'inexactitude et de raccourcis dans cette phrase mais vous n'avez peut-être que le tort de ne pas avoir été contemporaine de ces événements.
En Mai 68 ce n’était pas la violence qui avait fait « chavirer le pouvoir » mais la mise en grève de 9 millions de personnes, ce qui avait conduit au vrai faux départ du Général de Gaulle en Allemagne (sur lequel on s'interroge encore) et son retour tonitruant du 30 mai, qui lui redonna la main par la magie d'un discours resté classique.
Le peuple, lui, était mûr pour ce retournement, car la sympathie générale dont avaient bénéficié les étudiants s'était justement évaporée lors de la deuxième nuit des barricades, le 24 mai, où la moitié de Paris avait été transformée en champ de bataille -avec l'incendie de la bourse en clou du spectacle.
L'on vit d'ailleurs lors de cette nuit tragique (il y eut 2 morts) apparaître d'étranges « étudiants » d'âge de fin de thèse et plus, armés jusqu'aux dents et rompus aux manœuvres paramilitaires.
Les romantiques du quartier latin ne comprirent strictement rien à ce retournement et ce biais cognitif les affecta jusqu'au milieu des années soixante dix. Comme d'autres attendaient Godot, eux se languirent en vain du retour de « La Révolution ». Je rappelle simplement que Serge July, le futur directeur de Libération, commit en 1972 un texte intitulé « vers la guerre civile ».
Même le mitraillage des ouvriers de Sochaux le 10 juin-qui fit plusieurs morts et des dizaines de blessés- laissa le pays de marbre, fatigué par ce long psychodrame et pensant déjà aux prochaines vacances.
Un an plus tard, ce ne furent pas « les manifestants » qui prirent le pouvoir et chassèrent de Gaulle, mais la bourgeoisie libérale et atlantiste de gauche et de droite, ouvrant un cycle historique funeste dans lequel nous pataugeons encore.
« Les manifestants » étudiants étaient eux-mêmes souvent les enfants de cette caste, et ils ne prirent leur revanche que douze ans plus tard, lors de l'arrivée du vieux renard Mitterrand au pouvoir, à l'âge de raison où l'on regarde d'un autre œil les sinécures que peut offrir la position sociale des parents.
La génération suivante descendra encore une marche en nous donnant Macron et sa suite...
La Gaule
2)
RépondreSupprimerLe reste de votre texte est une énième variation sur le thème violence des dominés versus violence des dominants et je pense qu'il s'agit d'un hors sujet, justement à la lumière des leçons que j'ai pu tirer de ce désormais si lointain mai 68.
Le problème est plutôt de savoir si l'on aura encore le droit de manifester dans ce pays sur des thèmes qui déplairont au pouvoir, parce que non seulement celui-ci a le monopole de la violence légitime mais il exerce en plus en sous main la violence qui est attribuée aux dominés.
Je veux parler de la manipulation à volonté tant des antifas que des racailles, et vis à vis desquels les gilets jaunes ont eu jusqu'à présent une attitude pusillanime qui les condamne à terme.
Soit l'on contrôle la violence et l'on hésite alors pas à être soi-même violents avec les contrevenants si les forces de l'ordre pour x raison refusent de le faire (la CGT savait très bien le faire à une époque), soit l'on reprend sans ambiguïté la violence à son compte et l'on en assume toutes les conséquences.
Mais exercer la violence par procuration la main sur le cœur en regardant passivement d'autres s'y adonner est politiquement suicidaire, surtout si ceux-là sont complètement infiltrés par des agents du pouvoir.
Vous dénoncez des violences réelles et graves sur des personnes, mais toutes les vidéos nous montrent aussi ce qu'il faut bien appeler des groupes de badauds déambulant téléphone au point au milieu des forces de l'ordre et sans plus de réaction de leur part.
J'avais beaucoup de sympathie pour ce mouvement, mais je suis maintenant dubitatif sur la finalité de cette espèce de carnaval des fous maintenant endémique où tout le monde ne semble être là que pour filmer la violence des autres et se filmer au milieu.
La Gaule
Il faut proclamer les republiques populaires et inviter des volontaires de Russie. C'est la chose qui peut marcher contre ce régime génocidaire.
RépondreSupprimerQue les dégâts d'un restaurant de luxe émeut plus que des mains arrachés et des yeux crevés en dit long sur le niveau morale et leurs objectifs de tous ces hommes et femmes politiques ainsi que de leurs relais médiatiques.
RépondreSupprimerLes technocrates, ''techniciens spécialistes'', sont des personnages impitoyables, sans aucune empathie pour ceux qui les entourent, indifférents aux conséquences de leurs actes. Les déclarations, les décisions prises par ce concentré de ''subtils et d'intelligents'', les sophismes que chacun doit vénérer, produiront leurs effets pernicieux jusqu'à la fin du mandat de ''l'élu''. On rencontre aussi ces êtres absurdes dans les grandes entreprises et les personnes touchées par leur déraison sont priées de résoudre leurs problèmes, de vivre leurs drames, en silence.
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