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mardi 4 février 2025

Les Etats-Unis, Rutte et la colonie européenne


Pour Rutte, le nouveau Secrétaire général de l'OTAN, l'Europe est et doit rester une colonie américaine, puisque de toute manière il ne peut y avoir de défense en Europe sans les Etats-Unis et que l'OTAN est une arme américaine. La boucle est bouclée, il n'y a plus rien à voir, ne reste plus qu'à augmenter les budgets nationaux de la défense. Ou comment les visages changent pour garantir la continuité de la même ligne politique. Rien à voir, on circule

Le mythe d'une "armée européenne", d'une Europe qui serait le contrepoids des Etats-Unis, une sorte de garantie de souveraineté (européenne, bien évidemment, la souveraineté ne peut décemment plus être étatique) face à la domination américaine a fait long feu. Ce mythe était objectivement impossible, sauf à détruire les Etats européens. Or, les populations ne sont pas encore prêtes au suicide collectif et l'UE est trop faible pour en assurer le fonctionnement et devenir elle-même un Etat. Finalement chaque chose revient à sa place, comme le déclare tranquillement Mark Rutte lors d'une conférence de presse avec le nouveau Premier ministre britannique.

« L’hypothèse selon laquelle l’OTAN peut exister sans les États-Unis est fausse pour de nombreuses raisons. La défense européenne sans les États-Unis ne peut exister pour de nombreuses raisons », a-t-il déclaré, répondant à la question d’un journaliste qui lui demandait s’il était « temps pour l’UE de créer sa propre défense sans les États-Unis »

Et le seul exemple avancé de tout cela par Rutte ... est sans surprise celui de l'Ukraine :

Ce qui, selon lui, n'était pas seulement un conflit entre Moscou et Kiev, mais une « question géopolitique ». Selon lui, l’UE et les États-Unis sont capables de défendre ensemble leur territoire commun.

Ainsi, pour défendre ce territoire "commun" du monde global atlantiste, il va falloir mettre la main au portefeuille

Cependant, tant que les négociations de paix n’ont pas lieu, Rutte estime que les membres de l’OTAN doivent investir davantage dans la défense. Le montant précis est encore en cours de négociation. “Une chose est sûre: cela sera bien au-delà de 2 %”, a détaillé Rutte. “Nous devons nous préparer à la guerre. C’est la meilleure manière de l’éviter”, a-t-il confié.

Rutte continue, comme Stoltenberg avant lui, à faire avancer les intérêts américains, à les imposer aux Européens, dont la capacité de résistance a été réduite à néant. Et d'ailleurs l'OTAN et les Etats-Unis sont toujours sur la même ligne, peu importe le changement de Secrétaire général et de Président. Ce que l'on peut voir sur le site du Département d'Etat américain, publiant un post-release suite à la conversation entre Rubio et Rutte le 22 janvier. Les nouvelles administrations continuent le travail des anciennes, c'est bien pour cela qu'elles sont en place. Rubio a expliqué à Rutte la nouvelle ligne, le message est passé.

Le secrétaire d’État Marco Rubio s’est entretenu hier avec le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte pour présenter de façon détaillée les priorités immédiates du président Trump en matière de politique étrangère. Le secrétaire d’État a réaffirmé l’engagement des États-Unis envers l’OTAN et l’importance continue de l’Alliance pour la sécurité internationale. Le secrétaire d’État et le secrétaire général Rutte ont discuté de l’importance de la capacité des Alliés en matière de défense et d’un véritable partage des charges. Ils se sont entretenus de l’importance de mettre fin à la guerre de la Russie contre l’Ukraine et de la nécessité d’une solution pacifique. 

Et ici aussi, en matière de "négociations" sur l'Ukraine avec la Russie, les Etats-Unis et l'OTAN marchent la main dans la main. Trump fait monter la pression, ne propose rien de concret et joue la carte qu'il maîtrise le mieux, celle du chantage. Mais la Russie n'est pas le Mexique, c'est plus compliqué (voir ici notre texte sur les limites objectives de Trump). Et comme le rappelle régulièrement la Russie, par différentes voix, il n'y a pour l'instant aucune proposition de paix concrète, que de la pression et de la comm. Le MAE russe n'est pas dupe : les Etats-Unis cherchent à tester et comprendre ce que la Russie est prête à lâcher, quel est son point faible. Pour l'instant, bref, ils testent "l'ennemi".

Et d'un côté nous avons Trump, qui annonce la possibilité de fournir les armes à l'Ukraine, contre un paiement en nature, dans le sens très direct du terme, comme on peut le lire dans Le Monde :

« Nous cherchons à trouver un accord avec les Ukrainiens selon lequel ils apporteraient en garantie leurs terres rares et d’autres choses en échange de ce que nous leur donnons », a fait savoir Donald Trump pendant un échange avec des journalistes dans le bureau Ovale.

Dysprosium, néodyme, cérium… les terres rares sont des métaux stratégiques, car indispensables à l’économie de demain, en particulier pour les grandes technologies de la transition énergétique.

De l'autre côté, nous voici avec Rutte, qui déclare aux médias allemands qu'il a préparé des plans secrets pour l'Ukraine, qui tiendront définitivement Poutine au loin. Une certaine conception de la négociation ... Et de déclarer:

“Nous ne divulguons pas ces informations afin de ne pas aider la Russie”, a ajouté le secrétaire général de l’OTAN. “Nous gardons cela secret. Une chose est certaine: après cela, Poutine ne réessaiera plus jamais.”

Au jeu des dix différences, il va être difficile de les trouver entre les anciennes et nouvelles administrations.

Pour une fois, Macron a raison : la guerre en Ukraine ne va pas finir demain. Les "négociations de paix" sont toujours une volonté d'obtenir par la diplomatie et la politique ce qu'il n'a pas possible d'obtenir sur le champ de bataille contre la Russie, à savoir sa capitulation. Seule la manière change : Trump veut que cela coûte moins cher aux Etats-Unis. Les pays européens se préparent à en payer le prix. Ils n'ont de toute manière pas le choix, c'est le sort de tout pays occupé, que d'entretenir l'armée d'occupation et d'assurer les guerres de conquêtes de l'Occupant. 

Trump ne casse pas le système précédent, il veut le rendre plus performant et pense qu'en lui ôtant ses excès wokistes, il obtiendra de meilleurs résultats. Pour les Etats-Unis, bien sûr. 

Ce qui implique une allégeance totale des autres pays, chantages et menaces peuvent aider à convaincre. Et ça marche.

Ce qui implique une victoire en Ukraine, pour se débarrasser de la Russie. Une extinction politique de la Russie dans un premier temps, serait acceptable pour cette Administration à la différence de l'ancienne, qui voulait une disparition physique immédiate. Pour autant, le but final n'a pas changé, le procédé pour y arriver est simplement "rationalisé".

Et Rutte proclame gaiement la colonie européenne. Qui doit servir à réaliser ces buts. Le reste n'est que gesticulation et bruit de fond.

1 commentaire:

  1. Il y a tout de même un intérêt dans la nouvelle politique impérialiste des USA c'est qu'elle se veut partir d'un centre et non plus être diffuse au niveau mondial et cela déstabilise complètement ses alliés et proxy européens. Cela crée donc des espaces propres au développement de nouveaux contre pouvoirs. Voir notamment en hongrie, slovaquie, allemagne et bientôt en France. Pas sur que le peuple des pays euriopéens s'alignent sur ce nouveau hégémon.

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