http://www.ej.ru/?a=note&id=11278
http://www.kommersant.ru/doc/1756750
http://www.pravda.ru/politics/parties/other/22-08-2011/1088735-nahnah-0/
http://www.mk.ru/politics/article/2011/08/22/616298-porosenok-quotnahnahquot-golosuet-protiv-vseh.html
Comme le pouvoir ne connaît que les modalités soviétiques de gouvernance, certains opposants se souviennent manifestement avec nostalgie de l'ambiance enfumée des cuisines, qu'ils remettent au goût du jour en les dépoussiérant légèrement.
Ainsi ce dimanche, Boris Nemtsov réunit ses "amis" (Viktor Chenderovitch, Dmitri Bykov,Olga Romanova, Evguénia Albats, Alexandre Rykline et autres) dans les "cuisines" du centre Sakharov pour artistiquement discuter de la situation politique en Russie dans cette période pré-électorale. Avec l'humour qui caractérise certains de ces personnages un nouveau mouvement est créé, notamment en réaction du refus d'enregistrer PARNAS, c'est le mouvement "Nakh-Nakh". L'appellation en elle-même est un jeu de mot. Il y a bien sûr le petit cochon du conte Les trois petits cochons qui s'appelait Nafnaf. En remplaçant le son "f" par la lettre russe "x", c'est-à-dire phonétiquement "kh", on passe du registre enfantin des contes à celui beaucoup moins poétique du mat (langage à la pointe de la vulgarité criminelle, très en vogue notamment dans les milieux artistiques afin de montrer plus facilement son non-conformisme). Bref, pour le sens, il s'agit des les envoyer se faire f....
Le projet est d'une simplicité enfantine, elle aussi: inciter les gens à rendre les bulletins de votes non valables. Soit en mettant un grand "X", soit en inscrivant "pour le parti des menteurs et des voleurs" (idée lancée déjà précédemment par le blogger Navalny), soit en inscrivant encore par exemple "contre tous". Les moyens ne sont pas limitatifs. Il s'agit également de lancer des annonces en ce sens via internet, d'en faire la propagande dans les bureaux de vote en allant voter, etc.
Comment interpréter ce "mouvement"?
Tout d'abord le but. Si les 7% sont atteints, cela montre l'existence de fait d'un parti d'opposition dont l'enregistrement n'a pas accordé. Toutefois, tous les bulletins non valables peuvent-ils être automatiquement attribués à ce mouvement? C'est peut-être un peu présomptueux. Si les 40% sont atteints, dans ce cas les élections peuvent être contestées. Mais soyons réalistes, déjà atteindre 7% serait un record! Il suffit de voir comment se sont déroulées les élections de Valentina Matvienko. Des revendications politiques, des manifestations... Ce qui n'a pas empêché Mme Matvienko d'être élue et la commission électorale de lui reconnaître un score digne des républiques bananières, sans que la justice n'y trouve rien à redire. Donc quel est le but??? Faire savoir que PARNAS avait légitimement le droit d'exister ou proposer une alternative politique à celle avancée par le pouvoir. Si c'est le premier cas, on reste effectivement dans le registre enfantin, si c'est le deuxième cas, rien de constructif n'est avancé.
Ensuite la nature du projet. Est-ce un projet politique ou un projet artistique? Comme on vient de le dire, la nature politique du projet est particulièrement limitée, c'est le retour au vote contre tous qui existait déjà. En revanche, ce peut être un projet artistique commercialement viable, comme il en existe plusieurs aujourd'hui dans le registre de la caricature poétique (par exemple "Grajdanine poet"). Dans ce cas, rien de nouveau non plus n'est avancé.
Enfin, les effets de ce projet. Dans la mesure où il est peu probable que le score atteint soit significatif - les experts l'estiment à 2-3% - les voix seront simplement redistribuées proportionnellent aux partis vainqueurs, donc essentiellement à Edinaya Rossiya. Cela permettra également d'enlever peut être quelques voix aux partis de l'opposition intégrée ou à Pravoe delo s'il passe la barrière. Donc l'effet direct est nul.
En revanche, l'existence même de ce mouvement pose certaines questions. Le projet PARNAS est-il fini? Son échec est-il ainsi ouvertement annoncé par certains mêmes de ses membres? Quoi qu'il en soit Boris Nemtsov a trouvé le meilleur moyen de déclarer sinon la force du pouvoir en place, du moins la faiblesse d'une certaine partie de l'opposition politique russe, son impasse intellectuelle. Car de facto il affirme que pour lutter contre le pouvoir en place ... il n'a rien trouvé.
Quelle que soit la réponse, c'est une démarche improductive sur le plan politique. Elle permet certes de se faire de la publicité, puisque déjà la création de ce mouvement a largement été commentée, mais il en faut plus - et il faut certainement autre chose - pour que cela fasse bouger les gens. Simplement vraiment s'intéresser à eux ... et moins à soi-même.
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