Voir: http://www.kommersant.ru/doc/2302839
http://izvestia.ru/news/557480
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Arrivé à la fin de son mandat, le Conseil de coordination de l'opposition se pose la question de son avenir, voire tout simplement de l'existence de cet avenir. Les membres influents sont partis ou annoncent leur départ (Nemtsov, Iachine, Gudkov, Cheïn, Navalny ...), seuls la moitié ont participé à la réunion sur l'avenir du mouvement.
Qu'ils décident d'organiser de nouvelles élections est un risque car, si la dernière fois ils avaient pu mobiliser environ 85 000 votants (surtout par internet) en s'appuyant sur la vague contestataire, l'indice de participation sera un élément important pour apprécier la viabilité du projet. Le risque de décrédibilisation est d'autant plus réel, que cet organe n'a pu faire les preuves de son efficacité.
Dans un pays présenté comme tenu par une minorité autoritaire face à une majorité libérale d'opposition, comment un projet réunissant l'opposition pourrait-il être mort-né? Dans cet état d'esprit, il aurait du être un tsunami politique, dévastant sur son passage les ruines d'un modèle épuisé. Il semblerait donc que certains paramètres ne soient pas si évidents que cela.
Tout d'abord ce projet de coordination de l'opposition s'est consolidé dans la foulée de la grande vague des manifestations post électorales de l'automne 2012. Les slogans étaient simples: annulation des élections législatives, démission de Poutine, nouvelles élections. Le pays pourra alors partir sur des bases saines. Or, les députés sont restés en place après un nettoyage de printemps et la cote de popularité de Poutine ne cesse de monter, tant à l'intérieur, que, Oh surprise, à l'international. La fraction modérée du Conseil demandait des réformes en matière de justice et de la vie politique. Ils ont obtenu l'amestie des hommes d'affaires, la création d'un Ombudsman pour les entrepreneurs, la simplification extrême de l'enregistrement des partis politiques. Le premier mouvement a pris du plomb dans l'aile avec la décision de la CEDH remettant en cause le caractère politique de l'affaire Khodorkovsky et, parallèlement, l'affaire des experts de Novikova justement sur l'affaire Khodorkovsky , voir nos articles:
Quant à la réforme politique, elle a effectivement pu conduire à l'enregistrement d'un nombre impressionant de partis politiques, ce qui a eu pour effet collatéral de disséminer l'électorat contestataire, d'affaiblir les partis opposants à la Douma et proportionnellement de renforcer Edinaya Rossiya.
Autrement dit, sur le front des réformes structurelles, il est difficile de parler d'un grand succès du Conseil de coordination.
Sur le plan des élections, les résultats sont plus tangibles. Malgrè les échecs retentissant de Tchirikova à l'époque aux élections de Khimki et de Gudkov au poste de gouverneur de la région de Moscou, Nemtsov a pu se faire élire député à la Douma régionale de Iaroslav et Navalny a su mobiliser son électorat à Moscou. Passons sur le fait que Edinaya Rossiya les ait aidé à réunir les signatures nécessaires pour la présentation de leur candidature (pour Navalny et Gudkov). D'où la double crise.
La première crise est une crise de choix politique, voire de stratégie. Un groupe de personnes s'est soudé, non pas avec un programme constructif, positif, prônant une alternative concrète, mais ils se sont regroupés contre. Contre des processus électoraux, contre un homme, contre un système. Leurs différences idéologiques a rapidement paralysé le fonctionnement de l'organe et à conduit au départ d'un groupe de penseurs, comme Piontkovsky par exemple, transformant le mouvement en Club de discussion.
La deuxième crise est systémique. Ce groupe est composé tout à la fois d'activistes, de penseurs et de politiques. Quand certains font le choix de la politique, leur but est d'être élu, les autres peuvent rester satisfait de la discussion. Soit ils sont effectivement élus et leur présence dans le groupe n'a plus aucun sens. Soit ils ne le sont pas et ne le seront jamais grâce à ce groupe, qui par ailleurs ne leur permet pas une représentativité réelle et leur appartenance au groupe est naturellement remise en question. Soit ils ne sont pas encore élus, mais ont une chance de le devenir et ils leur faut dès lors entrer dans une voie politique normale, qui les conduit vers des partis politiques et non vers des structures para-politiques.
Une leçon évidente tirée de cet échec est qu'il n'est pas suffisant pour avoir du poids de regrouper des opposants. L'opposition est elle-même divisée, ce qui est par ailleurs normal dans un système politique normalisé. Et pour enfoncer des portes ouvertes, on peut également souligner qu'elle est justement opposition, car elle est objectivement minoritaire. La démocratie étant le gouvernement de la majorité, elle sera au pouvoir lorsqu'elle sera majoritaire et ne constitura donc plus l'opposition.
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