Voir: http://izvestia.ru/news/570132
http://www.rg.ru/2014/04/29/spisok.html
http://www.rg.ru/2014/04/29/spisok.html
Toute action entraîne réaction, cette expression bien connue est ici particulièrement à sa place. Les sanctions américaines, les nouvelles évidemment, mais prises dans leur ensemble également, produisent pour leurs auteurs un effet pervers:
- elles permettent à la Russie de se décider à prendre des décisions qu'elle repoussait n'étant pas prioritaires,
- elles permettent la consolidation des élites et le développement de l'esprit du service d'Etat qui leur manquait tant,
- elles permettent de donner un sens au combat pour le rapatriement des actifs, qui de fait ne peut plus être taxé de sursaut soviétisant,
- elles permettent enfin de couler les fondations de la Nation.
Quoi qu'il puisse en paraître, ces affirmations ne sont pas exagérées. La puissance du discours condamnant la Russie ne se mesure pas à l'aune des décibelles, de la gesticulation des orateurs ni du rang des personnes visées, mais en analysant leur efficacité. Or, l'efficacité est, rappelons-le, le rapport entre les mesures prises et le but à atteindre: les mesures permettent-elles d'atteindre le but fixé?
Pour pouvoir y répondre, il faudrait pouvoir clairement identifier le but: la régulation du conflit en Ukraine? l'annulation du referendum sur la Crimée? le soutient au gouvernement putshiste de Kiev? Les buts ne sont pas très clairement identifiés, mais globalement ceux-ci sont avancés. Et ils ne correspondent en rien aux mesures prises.
En effet, que voyons nous en résultat immédiat des sanctions:
- la Russie a enfin pris la décision de développer son propre système de paiement indépendamment des systèmes américains Visa ou Master Card, peut être en partenariat avec la Chine dans un premier temps;
- les élites politiques commencent enfin à parler du service d'Etat, ce dont il ne fut quasiment jamais question ces dernières années, mettant ainsi en place les prémisces d'une culture publique;
- le business rapatrie ses avoirs en masse, et chose étonnante, même les bourses ont réagi à l'augmentation suite à l'annonce des dernières sanctions;
- la baisse du rouble permet de rendre la production russe attractive à l'exportation;
- le discours politique fondé sur la Nation russe, au-delà des différences ethniques, prend de plus en plus de poids, dans le débat public.
Donc, la pression qui est censée être exercée sur la Russie pour la faire fléchir et l'inciter à revoir par la force sa position quant à l'Ukraine, peut être déclarer le parti Svoboda comme le parangon de la démocratie, cette démocratie tellement vivante que nous avons (heureusement) oubliée en Europe, cette pression est improductive quant à la pression intérieure russe et contre productive quant à la politique intérieure ukrainienne. Puisque non seulement aucune amélioration n'a eu lieu en Ukraine, mais le soutien inconditionnel et aveugle qui lui est accordé, doublé d'une condamnation inconditionnelle et tout aussi aveugle de la Russie, pousse le régime de Kiev vers le suicide politique et la perte de l'Ukraine. Car cette politique répressive internationale est fondée sur le transfert total de la responsabilité de ce qui se passe en Ukraine vers la Russie et la négation totale de la responsabilité des puissances occidentales et du gouvernement révolutionnaire en place à l'origine de ces évènements.
Et si l'on s'attache plus précisément aux dernières sanctions américaines, prises contre 7 personnes physiques et 17 entreprises privées à capital mixte, il est difficile de ne pas s'interroger sur leur orientation: elles touchent les domaines stratégiques de l'économie russe d'une part et d'autre part les personnalités politiques qui dérangent.
Sur le deuxième point, peu de remarques à faire. Dans les bacs à sable, les enfants se disputent, se détestent, à la vie à la mort. Le niveau des sanctions américaines sur ce point est comparable, tout au moins au niveau de la qualité de l'argumentation. Interdire de séjour des personnes comme le premier vice-président de l'Administration présidentielle V. Volodine, le vice premier-ministre D. Kozak, le président du comité de la Douma pour les relations internationales A. Pushkov etc n'a strictement aucun sens s'il s'agit de développer le dialogue pour trouver une issue de sortie de crise. Donc il devient légitime de se demander si le but réel, lui, ne serait pas tout autre. Pour cela, il faut jeter un oeil sur l'autre partie des sanctions.
Il est alors intéressant de noter la présence de I. Setchine (Rosneft) à la tête de la plus importante entreprise russe d'hydrocarbures. On soulignera la réaction immédiate de BP: cela ne changera rien à notre partenariat. Alors à quoi bon la sanction? Finalement beaucoup de bruits pour rien? Cela concerne aussi, par exemple, S. Tchemezov (Rostekh) dirigeant la compagnie à la pointe de la technologie. Cela tombe bien, quand même. Ces deux domaines sont également important pour l'économie américaine. Si ces sanctions pouvaient au passage affaiblir la position de la Russie dans ces secteurs, l'économie américaine ne s'en porterait pas plus mal.
D'où une petite question, mais n'étant pas économiste je ne peux pas y répondre: le choix de ces sanctions a-t-il pour but de réellement "sanctionner" la Russie pour toutes les atrocités qui lui sont imputées, ou n'est-ce pas plutôt un moyen de servir les intérêts de certains lobbys américains sous couvert de justice universelle?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
L'article vous intéresse, vous avez des remarques, exprimez-vous! dans le respect de la liberté de chacun bien sûr.