Le chaos qui s'est emparé de l'Ukraine suite au coup d'état de Kiev en février 2014 approche du point de rupture. Déjà sous gouvernance étrangère, non seulement le Gouvernement ne peut avoir de majorité parlementaire, mais il a perdu tout soutien populaire, avec un Premier ministre à moins de 2%. Dans ce contexte, les accords de Minsk ne peuvent être appliqués, pas plus cette année que l'année dernière. Et la situation se dégrade à vue d'oeil, l'impasse étant tout autant militaire que politique.
Pour tenter de sauver la version "soft" du projet-Ukraine, Yatséniuk lance un grand enfumage: un accord de toutes les forces politiques pour ne plus faire pression sur le Gouvernement. Ainsi, il faut reconstituer une coalition parlementaire permettant de reprendre une majorité, sinon ce sont les élections. Et il va les perdre, comme beaucoup de politiques en place.
Or, les élections sont un scénario inacceptable.
Or, la constitution d'une majorité parlementaire gardant à sa tête ce Gouvernement est impossible - trop impopulaire.
Or, constituer un autre Gouvernement est impossible - les membres étrangers ont une totale impunité et sont inamovibles.
Tant que le projet marche.
Et le projet doit marcher tant que la supprématie américaine n'est pas restaurée - or elle ne le sera pas prochainement.
Donc, c'est l'impasse. Pour sortir de l'impasse, il ne reste que deux solutions à Kiev: militaire ou politique. Autrement dit, faire tomber le Donbass par le sang ou par l'argent.
La solution militaire
Ces derniers temps, parler d'un "cessez-le-feu" n'a de sens que si l'on entend par cette expression l'absence de l'aviation ukrainienne, comme dans les premiers temps, ou d'une grande offensive urkrainienne. Pour le reste, l'artillerie sort de ses garages labellisés OSCE pour revenir sur les lignes de front, les tanks et blindés se positionnent, les tirs s'intensifient. Des ouvrages civils sont détruits, comme la station de filtration d'eau de Donetsk, privant de nombreux quartiers de la ville d'eau potable.
Du 12 au 13 mars, les forces ukrainiennes ont attaqué la république de Donetsk plus de 200 fois, utilisant même des obus, interdits pendant le cessez-le-feu.
Parallèlement, un combat décisif se joue pour tenter de briser la route rejoignant Gorlovka et Donetsk, permettant aussi de rapprocher les forces ukrainiennes à portée de tir de la ville de Donetsk. Ainsi, la bataille de Iassinovataya a failli entraîner la rupture officielle du cessez-le-feu. Seule la défaite de l'armée ukrainienne fait que ce simulacre est encore officiellement en place.
Le bataillon qui a mené l'attaque est le bataillon Poltavchina, un des nombreux bataillons ukrainiens composé à 60% de membres néo-nazis UNA-UNSO, qui ont notamment combattu contre la Russie en Tchétchénie ou encore en Transnistrie. Leurs actions sont plus radicales, ils mènent une guerre sale, et l'armée ukrainienne n'en est pas, officiellement, totalement responsable. Les garants étrangers gardent ainsi bonne figure.
Sur la carte ci-dessous, vous voyez la route de Iassinovataya, en rouge les forces ukrainiennes, en bleu celles du Donbass.
Afin de prendre la route, l'armée ukrainienne a reçu de son commandement l'autorisation d'ouvrir massivement le feu, d'utiliser l'artillerie, même si cela touche les quartiers d'habitation. En conséquence de quoi l'intensité du tir a été largement augmentée. Rien que dans cette région, l'armée ukrainienne a attaqué plus de 380 fois. Les forces ukrainiennes ont également tenté de prendre la zone neutre autour de Iassinovataya avec les tanks et les blindés, mais les combattants du Donbass ne les ont pas laissé faire, perdant une trentaine d'homme et comptant de nombreux blessés.
Lors de l'attaque, Bassourine, vice-commandant des forces armées et porte-parole de la république de Donetsk, a téléphoné au général-major ukrainien en poste dans le Centre de contrôle pour le cessez-le-feu. Il lui a été répondu: abandonnez-nous Iassinovataya et le feu cessera. L'OSCE reste silencieux.
Lors de l'attaque, Bassourine, vice-commandant des forces armées et porte-parole de la république de Donetsk, a téléphoné au général-major ukrainien en poste dans le Centre de contrôle pour le cessez-le-feu. Il lui a été répondu: abandonnez-nous Iassinovataya et le feu cessera. L'OSCE reste silencieux.
Cela démontre une chose: si l'Ukraine a toujours envie de prendre le Donbass par la force et dans le sang, pour lui faire payer son insoumission, elle n'en a pas plus la force aujourd'hui avec toute l'aide extérieure, qu'il y a deux ans. Toute la stratégie ne peut lutter contre un homme qui défend sa terre natale.
La solution politique
Quant à la solution politique, le "plan Medvedtchuk", elle est tout aussi irréaliste. L. Kutchma, lors des discussions pour une sortie de crise, aurait avancé une solution acceptable pour Kiev, proposée par P. Poroshenko. Les dirigeants élus de Donetsk et Lugansk, à savoir Zakhartchenko et Plotnitsky quittent le pouvoir et sont remplacés par des hommes de Kiev, à savoir les oligarques Akhmetov à Donetsk et Boïko à Lugansk. A ces conditions, le Président Poroshenko a annoncé être d'accord pour mettre en place un statut spécial pour le Donbass.
L'on rappellera que Boïko est à la tête du soi-disant parti d'opposition le Bloc d'opposition. L'on comprend mieux pourquoi il n'a pas voté le départ du Gouvernement Yatséniuk à la Rada. Quant à Akhmetov, il a abandonné le Donbass, disant que ce n'étaient que des barbares et qu'il fallait en débarrasser la région. Tout cela en soutenant l'opération de nettoyage ethnique lancée par Kiev.
Evidemment, le dirigeant élu de la région de Donetsk, Zakhartchenko a rappelé que la population a déjà voté au référendum et n'a aucune raison pour le refaire.
C'est aussi une impasse. Et il est surprenant que ce pouvoir pro-européen, issu du Maïdan contre les oligarques impopulaires et corrompus n'ait rien d'autres à proposer ... que des oligarques, impopulaires et corrompus, comme Poroshenko lui-même d'ailleurs. Impopulaires à tel point que ce n'est pas leur élection qui est proposée, mais leur nomination par Kiev.
Le point de rupture arrive: l'implosion, avec ou sans radicalisation. C'est la seule inconnue.
"...il fallait en DEBARRASSER la région"
RépondreSupprimer"...et corrompus n'ait rien d'autres à PROPOSER"
Fin d'article difficile, il était temps que vous alliez faire dodo !
Sinon, malgré ces scories vénielles, merci pour vos analyses.
LG
Ce genre de commentaire peut être formulé, en respectant des règles de courtoisie et de respect de l'auteur qui semblent faire défaut ici, mais ne mérite pas d'être publié. Il n'apporte rien au débat.
SupprimerVous non plus vous n'apportez rien au débat. Pourtant, votre orthographe semble respectueuse et courtoise...
SupprimerRegards
LG
Très bonne analyse, merci
RépondreSupprimerMème si quelques erreurs de syntaxe se glissent dans le texte ,
RépondreSupprimerKarine avec ténacité continue à informer ,ont ne peut en dire autant de nos mèdias nationaux occupés quotidiennement avec le projet avorté de lois du travail qui va rendre l'emploi encore plus incertain ajoutant des contraintes à celles déjà existantes ,
Bon courage Karine