Quel visage pour quel mouvement
L'actualité de ce week end a été marquée par la prise de conscience du philosophe français A. Finkielkraut: les révolutionnaires d'aujourd'hui ne sont pas ceux d'hier. Et le débat, totalement biaisé, de couler sur les questions existentielles du caractère ou non démocratique de Nuit Debout, de savoir si Finkielkraut, finalement, est réac ou pas. Lancer de faux débats pour ne pas entendre les réponses qui dérangent ou aveuglement? Peu importe. Partons en plongée.
La presse française s'émeut: Finkelkraut insulté à Nuit Debout, Gattaz chahuté sur le plateau de On n'est pas couché. Mais que devient notre bon peuple? Lui, qui, en plus, accueille le même jour, ce fatal 16 avril,Varoufakis apporter son soutien au peuple français.
Ce qui se passe ressemble à la montée d'un mouvement utopiste, comme il en existe souvent lorsque la gouvernance devient trop décalée des aspirations populaires. Autrement dit, lorsque le peuple ne se sent plus représenté, il se représente lui-même. Pour autant, nous sommes dans une période particulièrement difficile et les aspirations populaires sont très bien téléguidées et organisées. C'est pourquoi, Nuit Debout n'a rien d'amateur dans le fonctionnement. Et n'a rien non plus de démocratique, dans le sens de la démocratie de papi. Il se situe dans la ligne droite des différents Occupy; Podemos ou autres mouvements de contrôle de masses. C'est une sorte d'OPA lancée sur le mécontentement populaire français, lui bien réel.
Le rejet des élites nationales
Finkielkraut rejeté, violemment rejeté. Au cri de facho. Lui aussi répondant facho. Les insultes volent. Triste moment finalement, que l'on apprécie ou non le philosophe. Le terme de facho ne veut plus rien dire, il exprime simplement un rejet de ce que représente l'autre, l'autre est le facho de soi-même. Il est autre et on ne peut accepter la discussion. Le débat est impossible. Nuit Debout incarne cette impossibilité contemporaine à restaurer le débat, la radicalisation des discours et des positions et le remplacement de l'argumentation et de la réflexion par les slogans. A la différence du Maïdan, ici on ne saute pas. Pas encore. Il faut dire qu'étant déjà dans l'UE, il est plus difficile de trouver une revendication simple, claire, clivante et digérable.
Le choc est violent, psychologiquement violent. Il ne s'agit pas d'un rejet de Finkielkrault en tant que personne, mais de ce qu'il incarne. Le rejet de l'élite pensante nationale. Car nationale. Car pensante. Varoufakis, est plus simple, il fonctionne par slogans. Plus digérables pour les révolutionnaires formés par les réseaux sociaux et les SMS.
Et c'est pour cette raison que la classe politique française a soutenu massivement A. Finkielkraut: elle s'est sentie touchée. Elle est également potentiellement dans la ligne de mire. Réaction instinctive de classe.
Haine et intolérance, les participants à #NuitDebout montrent leur vrai visage en insultant et expulsant #Finkielkraut de la place de la Rép
Cette haine et cette intolérance pourrait se retourner contre eux. Tant que les distributeurs de billets et les voitures, vitrines, en faisaient les frais, il n'y avait pas de risques. La pente devient glissante.
C'est dans la même logique de P. Gattaz, le patron du Medef, s'est fait chahuté dans l'émission, toujours le 16 avril, de On n'est pas couché.
Jeunes masqués à l'éffigie de Macron ou El Khomri, qui perturbent l'émission. C'est le symbole du patronnat qui est attaqué, ce patronnat français. dans le style du Merci Patron, cette figure mythique du patron de papi qui n'existe plus. Justement parce qu'il est totalement mondialisé et que le patron qui reste français a autant de problèmes que les salariés. Intéressant mélange des genres. Pourquoi ne pas chahuter les agences de notation? Elles n'ont pas de visage.
Absence de programme, que des "commissions"
Il faut dire que Nuit Debout n'a strictement aucun programme. Lorsque vous allez sur leur site, dans la rubrique Programme, vous trouvez une liste de commissions, d'AG, de dates de réunion, d'horaire, de concerts etc. Bref, le programme est un calendrier. Ce qui est très significatif, et sur le fond et sur la forme.
Car ce qui compte, plus que le résultat, c'est l'action. Le mouvement justifie le mouvement, le calendrier sert de programme. Tout ce petit monde se moque éperduement des résultats, des changements, pas d'amendements à la loi El Khomri, il agit et l'action est le but.
L'absence de programme se voit par le méli-mélo des commissions pour les LGBT, le climat, la bibliothèque, mais aussi les techniques de résistence non violente ou violente en cas de riposte - étrange celle-ci. Il est difficile de ne pas penser à Gene Sharp ...
Etranger à la démocratie
Ce mouvement n'a évidemment rien de démocratique. La démocratie implique la participation à la prise de décision, pas l'occupation physique de territoire et l'organisation de palabres. Par ailleurs, s'il s'est constitué contre la loi El Khomri, le mouvement s'en est totalement écarté. Alors à quoi sert-il?
D'un point de vue général, beaucoup de questions restent sans réponses. D'où vient le financement? Car un mouvement reste naturel lorsque les gens rentrent chez eux dormir, viennent après le travail, etc. Ici, c'est une société parallèle qui veut se constituer. On a déjà vu ça en Moldavie, en Ukraine etc. Et les conséquences sont également connues. Surprenant également l'accueil de Varoufakis, lorsque l'on a entendu parlé du soutien apporté par Soros au mouvement grec Syriza. Et le mouvement français aussi a eu droit à un soutien particulier?
De toute manière, il doit bien en avoir un pour pouvoir occuper la voie publique aussi longtemps alors que l'état d'urgence est en vigueur. Alors que la situation est tellement grave en France, qu'il a fallu suspendre l'application de la Convention européenne des droits de l'homme.
En conclusion, l'on peut dire que ce mouvement soit sert à évacuer la vapeur et à détourner l'attention, puisqu'il n'a aucune prise sur le processus de décision politique (lui-même se déterminant comme citoyen, populaire et apolitique), soit il sert - à terme - à destabiliser le système étatique, ou ce qu'il en reste, en récupérant la contestation contre les projets néolibéraux comme la loi El Khomri et en les noyant dans des discours sans fin sur le climat ou les LGBT.
Cela fait des lustres qu'une grande partie des enseignants conditionnent sans vergogne les enfants pour en faire des ''révolutionnaires''. Les méthodes employées, commentaires sur l'actualité, dérision et messages subliminaux sollicitent la générosité et la révolte naturelles de la jeunesse.
RépondreSupprimerEt, lorsque la ''mayonnaise'' retombe, on ressort les épouvantails -''vous n'aurez pas de retraite'', ''on vous exploitera'', ''vous serez privé de liberté''-. Et l'on redéfinit les mots politiquement incorrects ''fascisme'', ''racisme'', ''amalgame'', etc..
Pauvres enfants, instruments de la paranoïa des adultes alors que ces mêmes adultes devraient les former techniquement à vivre, demain, dans un monde où ils se sentiront, peut-être, bien seuls.
Très bien! 18 sur 20:)
RépondreSupprimerA la fin des années soixante dix, Finkielkraut et son acolyte Bruckner écrivait « le nouveau désordre amoureux », l'une des bibles hexagonales du libéral libertarisme naissant et qu'il est aujourd'hui devenu pénible de relire -comme toute la prétendue philosophie lénifiante de l'époque.
RépondreSupprimerQue les enfants de ce désordre là renvoient manu militari l'un de ses pères fondateurs à ses casseroles a au moins cela de plaisant. La génération de mai 68 a bien eu les progénitures qu'elle attendait comme le messie, mal élevées et intolérantes.
Le fait que Finky (pas plus de respect que cela pour le personnage) et Bruckner se soit lancés récemment dans une grotesque défense et illustration morale de « la finance », prise comme une sorte d'estimable catégorie intellectuelle injustement décriée (fallait le faire!), n'est pas étrangère à mon avis à cette mise au piquet.
Entre radoteurs on s'expulse.
Sur les arcanes manipulatrices du mouvement en question, vous avez raison de poser les mêmes questions que beaucoup se posent, et là j'ai moins envie d'en rire.
Il s'agit pour moi d'un nouveau jalon pour imposer un président compatible avec l'oligarchie mondialiste dans un an et par la force si besoin, ce sera la différence avec les cortèges débonnaires de 2002.
Hollande, Juppé, Tartempion ou un autre, peu importe. Mais soyez sûr qu'un Macron sera du ticket.
LG
J'ai beaucoup rigolé quand "maître Alain" a dit que les manifestants refusaient le dialogue ! Quand lui-même coupe la parole et hausse le ton (et je suis très polie là) face à une personne qui n'est pas de son avis, je trouve sa plainte ridicule...
RépondreSupprimerQuand au mouvement lui-même, aucune action véritablement intéressante n'est prévue et il me semble qu'il n'existe que pour canaliser la grogne populaire et l'empêcher de réagir violemment à l'action de nos politiques !
Alors qui est derrière ce mouvement ? Certainement celui qui est derrière toutes les révolutions colorées.
Il ne faut pas forcément chercher Soros dans tout mouvement d'occupation - les Parisiens ont plus de ressources matérielles et politiques que les Ukrainiens, faire Nuit Debout ne coute pas grand chose - quelques baches et des meubles de récup. Il ne faut pas oublier qu'en France il y a encore le RSA, les ASSEDIC, ce qui permet à la jeune classe moyenne débattre en ayant de quoi manger! Sans parler que leur parents ont encore des assises confortables - des maisons des appartements, des retraites et des économies! Il ne faut pas voir la main de Soros partout, ce n'est pas la première fois que les Francais occupent l'espace public (1968, 1995, 2003, 2005, 2010, 2011...)
RépondreSupprimerD'après Thierry Meyssan, les Nuits Debout seraient financées par la CIA :
RépondreSupprimerhttp://tietie007.over-blog.com/2016/04/thierry-meyssan-les-nuits-debouts-et-la-cia.html