Alors que la coalition américaine vient d'être accusée d'avoir bombardé l'armée syrienne, faisant samedi plus de 60 morts et une centaine de blessés, dès lundi un convoi humanitaire est attaqué aux environs d'Alep dans une zone contrôlée par les terroristes et immédiatement la Russie est nommée responsable d'avoir bombardé l'aide humanitaire. Sauf que si les Etats Unis ont du reconnaître leur soi-disant "erreur", la Russie démontre que cette attaque présente de nombreux éléments surprenants. Et l'ONU ne parle finalement que d'une attaque de source inconnue.
Lundi, un convoi humanitaire de l'ONU et du Croissant rouge syrien constitué de 31 camions se dirige vers Orum al-Koubra, à l'ouest d'Alep pour délivrer de l'aide humanitaire. Alors que l'aide est en train d'être déchargée, ce convoi est attaqué, environ 18 camions sont endommagés, une partie de l'aide est détruite et des volontaires et des civils sont touchés. Leur nombre varie beaucoup selon les sources.
Immédiatement, les Etats Unis et l'opposition syrienne accusent d'une même voix la Russie, voix qui est évidemment largement répercutée par la presse occidentale. Il faut dire que l'argumentation est d'une tautologie parfaite. Souvenons-nous qu'une enquête n'est pas encore lancée lorsque ces paroles sont prononcées:
Selon un responsable américain, des avions russes sont vraisemblablement à l'origine du bombardement: "Notre meilleure estimation est que ce sont les Russes qui ont mené cette frappe", a indiqué ce responsable sous couvert d'anonymat, en indiquant que deux bombardiers russes SU-24 étaient sur la zone au moment du bombardement."En tout état de cause, nous tenons le gouvernement russe pour responsable des frappes aériennes dans cette zone", a déclaré Ben Rhodes, conseiller du président Barack Obama.
Notre meilleure estimation ... En tout état de cause ... Autrement dit, on n'en sait rien, peu importe ce qui s'est passé, cela ne nous intéresse pas, le responsable doit être la Russie.
Et l'opposition syrienne, manifestement celle qui tire modérément, reprend le même laïus et est largement médiatisée par la presse complaisante. Il est vrai que la source est objective est fiable ... Cette fois-ci, il s'agit d'un magnifique article de la Pravda Libération:
Quelques heures après que la fin du cessez-le-feu a été annoncée par le régime de Bachar al-Assad, un convoi humanitaire de l’ONU et du Croissant rouge a été bombardé par l’aviation syrienne ou russe dans la province d’Alep. «Soyons clairs, si cette attaque visait délibérément des travailleurs humanitaires, elle relève du crime de guerre», a réagi Stephen O’Brien, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l’ONU.
Déjà le sous-entendu apparaît: le régime d'Assad est responsable. Ensuite, il devient absolument évident que les rebelles n'y sont pour rien, ils ne feraient jamais une chose pareille, c'est bien connu:
Selon plusieurs témoignages, le convoi, alors à l’arrêt, a été visé deux fois. Les frappes ont détruit 18 des 31 camions, ainsi qu’un hangar situé à proximité. «Nous ne sommes pas sûr si ce sont des hélicoptères ou des avions qui sont intervenus en premier. Mais ce qui est sûr, c’est que la deuxième frappe venait d’un avion, et qu’elle était particulièrement précise», explique Aa’saad Alhalabi, directeur de l’ONG syrienne Shafak. Aucun groupe rebelle syrien ne dispose d’hélicoptère ou d’avion.
Et le véritable responsable apparaît, comme un Deus ex Machina qui va résoudre la situation inextricable en un instant et nous conduire au dénouement: la Russie est responsable:
«Cette fois, ni le régime ni les Russes ne pourront dire qu’il s’agit d’une erreur. Le centre de stockage était identifié. C’est impossible qu’ils ne l’aient pas su», explique Aa’saad Alhalabi.
Ils ne pourrons pas dire qu'il s'agit d'une erreur ... Pourquoi cette affirmation? Etrange, hors contexte. A moins que cela ne fasse référence à l'attaque sanglante, soi-disant menée par erreur, contre l'armée syrienne, qui met la coalition mal à l'aise surtout alors que l'AG de l'ONU commence. Dans ce cas, cet évènement tombe à pic pour détourner l'attention. Comme pour équilibrer le score dans l'opinion publique, aussi cynique que cela puisse paraître.
L'on appréciera aussi la référence dans l'article à "un habitant d'Alep", un peu comme "une source bien informée" de toute manière impossible à vérifier, selon laquelle, les russes et les syriens bombardent les gentils rebelles modérés, alors que ceux-ci respectent la trève. Juste une précision, annexe, qui n'a certainement aucune importance pour cet habitant d'Alep et n'intéresse manifestement pas les journalistes français pro-rebelles.
Selon le rapport du Centre russe pour la réconciliation en Syrie en date du 18 septembre, simplement en ce qui concerne Alep: des groupes terroristes ont attaqué au mortier et à l'artillerie lourdes des fermes du village de Cheikh-ali-Kobtani, de la forteresse de Kariat-Halab, les quartiers de Ramussi et de Dahia-el-Assad, le quartier du centre commercial Castello, l'école d'artillerie, l'école Atavari, l'usine de peau etc etc etc. Ils respectent tant et si bien le cessez-le-feu qu'ils se sont attaqués à de simples manifestants, des civils désarmés, qui demandaient pacifiquement leur départ afin d'éviter toute escalade de la violence. La manifestation contestataire mais pacifique se déroulait dans le quartier de Cheikh Hader à Alep. 300 personnes sans armes. Ces rebelles modérés qui respectent le cessez-le-feu ont fusillé 26 personnes, dont 9 adolescents. Simplement fusillés. Mais personne dans la communauté internationale ne s'en émeut. Car ces gens, manifestement, ne sont pas du côté des "rebelles modérés et démocratiques" qui travaillent avec Al Nusra et Daesh. Et l'on s'interroge sérieusement sur la "source" du journal Libération. De quel côté du fusil se tenait-il? Est-il du devoir de la presse française de justifier les actes de groupes terroristes simplement parce qu'ils sont soutenus par la coalition américaine, dont la France fait partie?
Plus concrètement, en ce qui concerne l'attaque du convoi humanitaire de lundi. Le fait qu'il s'agisse d'un raid aérien n'est pas confirmé par l'ONU, qui après la mise au point faite par la Russie déclare ne pas être en mesure de dire s'il y a eu ou non raid aérien. Selon Jens Laerke, porte-parole du bureau de coordination des affaires humanitaires, le fait qu'il ait été question antérieurement de "raid aérien" est certainement une faute de frappe ... graphique s'entend.
Tout d'abord, ni la Russie ni l'armée syrienne n'ont déclaré avoir mené de raid aérien sur cette zone. La seule source vient de l'opposition syrienne. Il y a plus fiable ... Comme le déclare le porte-parole du ministère russe de la défense, Igor Konachenkov:
« Ni l'aviation russe ni l'aviation syrienne n'ont effectué de frappe contre le convoi humanitaire de l'Onu dans la banlieue sud-ouest d'Alep. Qui plus est, le convoi passant par les territoires contrôlés par les groupes armés a été escorté hier par des drones du Centre pour la réconciliation des parties du conflit syrien »Voici la vidéo:
« La vidéo montre clairement les terroristes déployer un véhicule tout-terrain équipé d'un mortier de gros calibre. (...) Et puis, ce qui est le plus important: où est passé le mortier alors que le convoi se trouvait non loin de sa destination finale et qui ciblait-il pendant l'arrêt et le déchargement de ce dernier? »
Pour l'instant pas de réponse n'a été apportée, ni par Washington, ni par les "rebelles modérés". Et Igor Konachenkov de préciser encore:
« Nous avons attentivement examiné les enregistrements livrés par des soi-disant "militants" depuis les lieux de l'incident et nous n'avons détecté aucun signe de frappe de quelconque munitions contre le convoi. Il n'y avait pas de cratères d'explosion, les véhicules ne présentaient pas de traces d'endommagement causé par une onde explosive. Tout ce que nous voyons dans cette vidéo est une conséquence directe d'un incendie qui a étrangement coïncidé avec le début de l'offensive des djihadistes sur Alep »
Etrange coïncidence quand même. Des tirs sur l'armée syrienne qui libère les forces des groupes terroristes. Une attaque de convoi humanitaire, sans trace de bombardement, sauf les affirmations des Etats Unis et des groupes qu'ils financent et forment, qui coïncide avec une reprise des combats à Alep. Et la Russie qui doit être montrée comme responsable. Pour ne pas pouvoir, lors de la réunion de l'AG de l'ONU qui se déroule, avoir la voie libre pour trop insister sur le crime commis par la coalition contre une armée étatique. Et aucun mot dans la presse française pour préciser que, après les explications données par la Russie, le communiqué de l'ONU a été modifié, les termes de "raid aérien" ont été enlevés pour être remplacés par "attaque de source inconnue".
Contre qui sommes-nous en guerre?
"Calomniez, calomniez ! Il en restera toujours quelque chose."
RépondreSupprimerCette attaque du convoi humanitaire tombe tellement à pic, pour faire oublier l'attaque de l'armée syrienne par la coalition américaine, qu'il est difficile de croire au hasard. l'Arrogance des étasuniens est insupportable, ils foutent le chaos partout, accusent les autres de leur propres fautes, et voudraient voir le monde entier se prosterner devant eux. Ce qui fait peur, c'est qu'il n'y a personne aux manettes, Obama ne contrôle plus rien, n'importe qui peut faire n'importe quoi, ils nous entraînent vers le pire.
RépondreSupprimerC'est un drone US qui a enflammé le convoi on en aura la preuve dans quelques temps.
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