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jeudi 7 février 2019

Affaire Medvedchuk : silence sur la répression de l'opposition en Ukraine




Alors que les élections présidentielles se profilent et que Poroshenko est amené à perdre, l'opposition - véritable - est menacée pénalement. Medvedchuk, l'un des dirigeants du parti "Plateforme d'opposition - pour la vie" est sous le coup d'une accusation de haute trahison et d'atteinte à l'intégrité territoriale pour avoir proposé de réanimer le cadavre des Accords de Minsk et, plus concrètement, en proposant d'inscrire dans la Constitution ukrainienne l'autonomie du Donbass dans le cadre des frontières étatiques ukrainiennes. L'absurdité - juridique - est telle, que l'enjeu est bien politique. Ce parti remet en cause la tutelle américaine et la destruction du pays qu'elle entraîne. Mais la fameuse communauté internationale ... se tait. Sauf la Russie qui condamne ces répressions politiques.


Lors du Congrès du parti d'opposition "Plateforme d'opposition - pour la vie", qui soutient le candidat Yuri Boïko aux présidentielles ukrainiennes devant se tenir en mars (voir notre article sur la manipulation des élections présidentielles en Ukraine ici), l'un des membres dirigeants, Viktor Medvedchuk, qui participe également au processus de Minsk (notamment en charge de l'échange des prisonniers) a fait un discours critiquant fortement le pouvoir en place et proposant un plan de paix. Pour les russophones :


Selon Medvedchuk, ce pouvoir, sous tutelle américaine, a conduit à une augmentation de la criminalité, a appauvri la population, mène une politique tarifaire irresponsable, détruit le patrimoine culturel historique du pays, provoque un schisme religieux et est incapable de régler le problème de fond : la guerre civile dans le Donbass. Afin d'y remédier, Medvedchuk propose de modifier la Constitution ukrainienne afin d'y intégrer le statut spécial du Donbass, une autonomie à l'intérieur des frontières étatiques.

Forcément, ce discours ne peut plaire. Comme il n'est pas possible d'ouvrir, formellement, une affaire pénale pour critique de la gouvernance étrangère et irresponsable du pays, c'est la question du Donbass qui a été mise en avant.

Un député du parti radical le Front populaire, André Teteruk, commandant du bataillon punitif Mirotvorets (qui par ailleurs était citoyen russe jusqu'en 1999 et a servi dans l'armée russe), s'est adressé au SBU (KGB ukrainien) et à la Procuratura. Il s'est d'ailleurs prononcé sur Currentime (un projet médiatique américain partagé entre Radio Liberty et la Voix de l'Amérique) pour accuser la Russie d'interférer directement, ainsi, dans les affaires intérieures ukrainiennes en tentant de porter atteinte à l'intégrité territoriale du pays.

La Procuratura a donc ouvert une affaire pénale contre Medvedchuk le 5 février, pour haute trahison et atteinte à l'intégrité territoriale du pays. Il risque une dizaine d'années de prison pour avoir proposé d'intégrer constitutionnellement le Donbass ... en Ukraine. Selon ses opposants, sa position proposant une autonomie pour le Donbass violerait l'article 1 de la Constitution, déterminant l'Ukraine comme un Etat unitaire. Or, justement, un Etat unitaire peut contenir des autonomies à l'intérieur de ses frontières (comme cela était justement le cas de la Crimée avant 2014) sans pour autant devenir un Etat fédéral. Autrement dit, juridiquement, aucune atteinte n'est portée à l'intégrité territoriale, puisque les frontières étatiques n'en sont pas modifiées. De plus, en quoi la proposition d'un règlement pacifique du conflit pourrait-il constituer une haute trahison, c'est encore plus difficile à expliquer - juridiquement. En revanche, politiquement, il n'est pas dans l'intérêt de ce pouvoir, ni de leurs curateurs américains, de régler ce conflit. Pour le pouvoir en place, il devrait ensuite s'occuper des affaires sociales et économiques du pays, devrait régler la question de tous ces groupes extrémistes et armés qui se promènent, et il en est incapable, car l'Etat est totalement déstructuré. Quant aux curateurs, américains et européens, l'Ukraine ne présente un intérêt pour eux que dans la mesure où elle se déclare en conflit contre la Russie. Or, régler le conflit du Donbass ferait tomber le mythe d'une "agression russe". Ce qui n'est pas à l'ordre du jour.

A part quelques réactions individuelles de députés européens condamnant les pressions contre l'opposition en Ukraine et la condamnation par la Russie d'une répression de l'opposition, faussant encore plus un processus électoral déjà fantoche, la fameuse et merveilleuse communauté internationale est silencieuse, aucun artiste ne se fait prendre en photo en soutien à Medvedchuk, aucune ONG ne nous pond un communiqué dithyrambique sur le rôle fondamental de l'opposition dans le processus politique. Aucun Président ne fixe de  délai pour que ces atteintes caractérisées aux droits de l'homme et à la démocratie ne cessent. 

Rien. Ah, si. La France de Macron pourrait s'opposer à la construction de Nord Stream 2 (selon la presse allemande), afin "de ne pas renforcer la dépendance à la Russie". Faisant ainsi le jeu des Etats-Unis.

La clairvoyance de la politique internationale européenne est à la mesure de la complexité de la pensée qui la supporte ...

1 commentaire:

  1. Il y a un point positif dans ce marasme ukrainien, c'est l'existence d'une opposition qui défend le traité de Minsk, l'autonomie du Donbass et les bonnes relations avec la Russie. Ceci dit, je ne donne pas cher de sa peau et, ce ne sont certainement pas les européens, complètement déboussolés par le brexit, les partis populaires, la querelle France/Italie etc, etc, qui vont venir à son secours.
    Je pense que ce pays est foutu, que ce soit avec Porochenko ou Timochenko c'est la catastrophe assurée.

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