Chauprade et Peskova au Parlement européen : ouverture du bal des hypocrites

Vous adorez la globalisation ? Pourquoi n'aimez-vous pas Chauprade et Peskova - la fille jet-setteuse du porte-parole du Kremlin ? Un monde sans frontières, où il n'y a que des gentils (d'où l'inutilité des frontières), c'est bien ça la globalisation. Car si elle n'est pas globale, elle n'est plus. Mais tout à coup, l'on se rappelle les peuples et les pays, les Etats et les intérêts stratégiques. Une globalisation ... pas si globale que ça donc. Juste pour les amis. Pas pour la Russie. Qui, au fait, elle, est souverainiste. Mais pas sa jeunesse dorée. Soyez donc les bienvenus au bal des hypocrites, il y a de la place pour tout le monde.

Il se trouve que la fille du porte-parole du Kremlin, Elizaveta Peskova, fait un stage au Parlement européen auprès du député français Aymeric Chauprade.

L'information a été diffusée par Radio Free Europe Radio Liberty, un site tout à fait "indépendant" dans la plus pure conception actuelle de la dépendance, mais l'information est vraie. Et elle oblige à réfléchir.

Tout d'abord, Elizaveta Peskova est la fille du premier mariage de Dmitri Peskov, porte-parole du Président V. Poutine. Elle vit à Paris avec sa mère, où elle mène surtout une vie de jet-setteuse, mais elle est parfaitement bien intégrée dans les milieux bobos russes, qui et oui, eux aussi sont globaux. Une virée sur son compte Instagram le prouvera. Le glamour, semble par ailleurs, une affaire de famille ...

Il est vrai que lors de son deuxième mariage, Peskov avait confirmé ses goûts ... Pour rester sur la question de la compétence de cette jeune fille, qui a quand même été choisie pour un stage dans une institution politique et non de mode, de sérieuses questions se posent ... Elle a surtout la chance d'être la fille de papa et d'appartenir à cette jeunesse dorée russe, qui ne se fait pas remarquer pour sa profondeur de réflexion ni son amour particulier de la Russie, sinon de loin - son compte Instagram comporte la phrase-clé de toute l'ampleur de sa réflexion, celle que l'on peut retrouver chez les ados, dont elle a passé l'âge - physiologique en tout cas : "la plus amusante des dépressives". Il faut dire que cette jeune personne a beaucoup "réfléchi" sur tous les problèmes de la jeunesse dorée - pas facile d'être un gosse de riche, surtout lorsqu'il n'y a aucune tradition familiale et que les parents ne peuvent transmettre que du fric, sans aucune éducation. Pour cela, ils envoient en général leur progéniture à l'étranger, puisqu'ils sont patriotes, ne l'oublions pas. Donc le choix de Chauprade n'est pas lié avec les "compétences" de la demoiselle. Ce qui soulève aussi la question du fonctionnement de ces institutions internationales ...

L'on pourrait se dire qu'après tout, c'est leur problème. L'on vit à l'heure de la globalisation glorieuse, chacun est libre d'aller habiter où il veut, de travailler où il veut. 

Et bien non, cet exemple le prouve, la globalisation est somme toute limitée et ne concerne que ses amis, elle est une sorte d'entre-soi, pas si global que ça. D'où panique à bord : cette jeune femme est russe, stupide et frivole certes, mais russe, elle pourrait avoir accès à des informations ... Ce qui, en soi, n'a jamais posé de problèmes pour les "amis", mais la Russie n'est pas un pays "ami", elle est justement l'ennemi, dont il est dit en plus qu'elle fait et défait les chefs d'Etat ...

D'une manière générale, si l'on oublie ce culte absurde de la globalisation, qui de toute manière n'est qu'une illusion pour ne pas nommer l'atlantisme, il y a effectivement au moins deux problèmes qui se posent de part et d'autre :

• Du côté de ce parlementaire européen : il n'aurait pas pu trouver un stagiaire appartenant à un pays de l'UE quand même ? Même si Elizaveta Peskova n'est pas une lumière et ne brille pas par l'intellect (ce qui par ailleurs aurait dû être un critère pour l'évincer), elle est quand même ressortissante d'un autre pays, la Russie amie ou ennemie ne fait pas partie de l'UE, et elle n'a pas sa place, même en stage, dans cette institution. En tout cas, si l'on estime que l'UE est une structure qui peut avoir des intérêts stratégiques. Et cette remarque s'applique également aux "infiltrations" provenant des "partenaires" atlantistes.
• Du côté de la Russie, le nombre de ces gosses, qui font la fête à l'étranger, est une catastrophe, autant d'ailleurs que ceux qui sont rentrés ou restés en Russie. Individuellement, ils ne se font connaître que par les scandales dont ils sont à l'origine, avant que papa ne les case quelque part dans une entreprise publique ou à un poste politique. Le fantasme de l'aristocratie réduit au niveau du caniveau. Sur le plan stratégique, en période de conflit idéologique ayant des conséquences politiques très directes sur les choix à faire, ils sont une entrave à la souveraineté réelle du pays. Comment réagir objectivement face à cet Occident, où s'épanouit toute cette marmaille endimanchée ?