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mercredi 23 octobre 2019

Les Titov père et fils : le placement des progénitures est aussi une affaire "libérale" en Russie



L'on ne cesse d'entendre les critiques des libéraux russes bon ton à l'encontre de cette manie du placement du fiston en fonction de la carrière de papa. Critique qui, manifestement, ne s'adresse qu'au pouvoir, car l'on observe exactement les mêmes pratiques en leur demeure : fiston Titov, dont papa est Ombudsman pour le business et à la tête d'une marque de vin blanc pétillant, est petit à petit déposé de poste en poste, montant l'échelle sociale de la même manière que les fistons de la Nomenklature. Les traditions ont décidément la vie dure et les critiques sont très sélectives.


Ils se sont imposés après la chute de l'URSS et leur progéniture a grandi. Plus discrète au départ, car plus jeune et noyée dans la débâcle des années 90, donc moins visible, avec l'âge et les années 2000 elle monte automatiquement les échelles et devient très (trop?) visible. Il semble que les milieux des banques et des entreprises liées à l'Etat soient un nid privilégié pour l'incubation de cette génération dorée.

La bonne pensance libérale pointe souvent du doigt certains de leurs représentants. Sergeï Ivanov Jr, le fils de Sergueï Ivanov, ministre de la défense (2001-2007) et à la tête de l'Administration présidentielle (2011-2016), qui se retrouve dans les conseils de direction de nombreuses structures financières autour de la Sberbank et impliqué dans les domaines-clés de la richesse des sous-sols russes, avec Alrosa, Rosneft ou encore Gazfond. On peut aussi citer Denis Bortnikov, le fils du directeur du FSB, qui s'est bien implanté dans la banque VTB ou Pietr Fradkov, le fils de l'ancien directeur du renseignement extérieur, qui lui aussi tourne autour des banques (la liste est trop longue pour être citée) et des entreprises publiques. Le plus visible est Dmitri Patrushev, le fils de l'ancien directeur du FSB, après avoir très tôt tourné dans les banques, être entré dans le conseil des directeurs de Gazprom, il est devenu ministre de l'agriculture.

Même si ces pratiques sont en soi exaspérantes, je ne connais pas un pays où elles n'aient pas lieu. Un peu plus de discrétion serait appréciable, mais là c'est une question de culture politique.

En revanche, ce qui est amusant, est de voir exactement les mêmes pratiques dans le clan libéral, qui critique ceux qu'ils appellent les "siloviki" (c'est-à-dire les personnes rattachées aux structures incarnant l'ordre). Ainsi, Boris Titov, Ombudsman pour le business (en d'autres temps, on pourrait appeler cela du lobbying) est également à la tête d'un holding de vin pétillant Abrau-Diurso, dont il détient la majorité des actions. Fiston, Pavel Titov, par le doit du sang, en détient 13%. Comme il se doit, Pavel a fait ses études à Londres (What else?), dans une école de business. Lui aussi a travaillé dans les banques (étrangères), pour finalement revenir vers le business de papa. Quand papa est nommé Ombudsman en 2012, fiston prend la direction du conseil de direction de l'entreprise, afin de (formellement) éviter tout conflit d'intérêts. Les affaires de ce vin ont très fortement augmenté justement dans les années 2014. Aucun lien de cause à effet ne peut en aucune sorte être soupçonné.

Mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin, papa vaut mieux que cela. Et après avoir opéré un découpage sur mesure de l'organisation "Delovaya Rossiya", afin que le directeur élu en 2014 fasse une petite place à fiston, qui désormais va la présider. Or, qu'est-ce que Delovaya Rossia? Officiellement, il s'agit d'une organisation réunissant le business, dont papa est l'un des fondateurs et la tête de liste. Mais c'est aussi une organisation qui entre en politique, en soutenant et proposant des candidats aux différentes élections.

Bref, l'on ne va pas insister sur la paille, la poutre ou l'hôpital. Non, faisons preuve d'un peu de charité. 

5 commentaires:

  1. Bonjour Karine,
    M'autoriseriez-vous à reprendre certains de vos articles sur le site de l'Alliance Franco-Russe (avec référence, évidemment)?
    Denys
    alliancefrancorusse.fr

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  2. Vous avez tout à fait raison, de la droite à la gauche, cette façon de pistonner sa progéniture et ses amis, est couramment pratiquée dans tous les pays du monde, en Russie, en France comme partout ailleurs.

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  3. Bonjour,
    "Les affaires de ce vin ont très fortement augmenté justement dans les années 2014. Aucun lien de cause à effet ne peut en aucune sorte être soupçonné."
    Puis-je vous conseiller de venir visiter le site d'Abrau-Durso ou au minimum de lire son histoire et les liens avec la France? Aujourd'hui encore il y a des français qui travaillent sur ces vignes. Les ventes augmentent car la qualité augmente il est indéniable que depuis la reprise de ce vignoble par la famille Titov des investissements importants ont été réalisés il est aussi indéniable que Pacha s'implique avec son équipe dans cette réussite. Tout comme le fait le fils d'un autre "ex-grand patron" installé sur un domaine non loin de là (Долина Лефкадия)...
    Est ce que les relations des pères "facilitent" le business, oui, mais cela n'aide en rien la qualité du produit fini.
    Cordialement,
    Christophe.
    ps: non je ne travaille pas sur ces domaines mais je les connais un peu(...)

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    1. Bonjour, j'avais été surprise par la manière dont tout à coup en 2014-2015 (si je ne me trompe pas) au moment des fêtes de Nouvel An les rayons des magasins à côté de chez moi avaient littéralement été monpolisés par cette marque ... C'est surtout cet aspect qui m'avais surpris.

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