Le verdict vient de tomber aujourd'hui : 3 ans de détention avec sursis pour Egor Joukov, accusé d'incitation à l'extrémisme dans ses vidéos sur Youtube, dans la foulée des manifestations de cet été, auxquelles il a pris une part active. La presse d'opposition en Russie et les médias occidentaux reprennent en choeur le mantra du Pôv' étudiant, brisé par "le système Poutine". Egor Joukov n'est pourtant pas un "simple étudiant", il a été formé par le National Democratic Institute for Internatinals Affaires (fondé par le Gouvernement américain), a participé aux travaux de l'organisation d'opposition radicale à Riga Open Russia (fondée par Khodorkovsky), son vidéoblog a été soutenu par Navalny, il a participé aux manifestations en Arménie, etc, etc, etc. C'en est presque une caricature. Voici le parcours d'une personne qui n'a rien à voir avec l'étudiant lambda, publiant trois posts et une vidéo et venant se défouler dans une manif, comme chaque étudiant qui se respecte doit le faire au moins une fois à cet âge. Non, lui est un professionnel, il fait sa carrière. Et dans un monde aux valeurs inversées, cette condamnation en fait partie.
Egor Joukov fait ses études à Moscou, en troisième année à la Faculté des sciences sociales de l'Ecole supérieure d'économie, de tendance néolibérale radicale (et ne s'en cache pas). Si cette institution avait lors de l'interpellation première de Joukov largement soutenu l'étudiant, des distances ont été prises avec le temps et l'on notera la déclaration officielle du Recteur, Kouzminov, le 5 novembre. En substance, l'Ecole supérieure d'économie soutient son étudiant qui se trouve dans une situation difficile, mais ne partage pas son engagement politique, ni cet empressement à en faire une figure symbolique. Je cite :
"Il me semble qu'Egor Joukov est encore très jeune et que ses ambitions politiques dépassent ses connaissances, ce qui arrive souvent. Il changera encore plusieurs fois d'opinion politique dans sa vie, ça aussi ça arrive souvent. Les adultes qui commencent à faire de Egor une star politique lui rendent un mauvais service, à lui et à sa famille."
Bref, il y a bien et engagement politique et manipulation par des "adultes".
De sages paroles, qui rendent compte de la réalité de l'utilisation d'une jeunesse en mal de reconnaissance immédiate, sans avoir à faire les efforts nécessaires à l'acquisition de la connaissance. Et comment cela en serait-il autrement, puisqu'ils sont censés tout savoir, l'école n'étant là que pour révéler et non enseigner.
La prise en main d'Egor fut rapide et efficace, le sujet était manifestement très coopératif. Et puisque les médias veulent à tout prix le représenter comme une victime de répression politique, autant que comme un "simple étudiant", il est important de rétablir certains faits.
Puisque l'affaire Joukov est également liée aux manifestations de cet été, je voudrais vous rappeler tout d'abord un texte publié ici, où nous expliquons les mécanismes employés pour massifier les manifestants d'un côté et l'organisation séparée de ceux qui doivent faire de la provocation (voir notre texte ici). L'on rappellera aussi, toujours pour la mise en contexte du Pôv' étudiant, la question de l'ingérence étrangère dans ces manifestations (voir notre texte ici).
Les médias français prennent fait et cause pour le jeune homme, quitte à ce que les journalistes, dans leurs tweets, ne prennent pour source que le média de Khodorkovsky. Une certaine vision de l'objectivité, comme ici pour ce journaliste de Ouest-France:
Pour sa part, Egor Joukov a suivi le parcours idéal. Les médias russes d'opposition insistent sur le fait qu'il tient un blog critiquant le pouvoir et qu'il a voulu faire de la politique locale, en se présentant dans les élections de Moscou dans la liste de Dmitry Goudkov, d'opposition. Autrement dit, traduisez: c'est pour l'empêcher de faire une grande carrière politique qu'il a été réellement interpellé. Egor Joukov a effectivement en 2015 enregistré sur Youtube le chaîne "Blog Joukov", mais que, selon ses propres paroles, il a ensuite laissé couler. C'est avec le concours des vidéoblogueurs organisé par Navalny qu'il l'a repris. En ce qui concerne sa furtive carrière politique, il faut noter qu'il a retiré sa candidature avant même les élections, car il était incapable d'obtenir les signatures nécessaires au dépôt officiel. C'est bien ici toute la différence entre le monde virtuel et le monde réel. On peut faire le buzz sur le net sur son divan avec des financements, mais obtenir des signatures demande de faire des kilomètres à pied et de parler aux gens. La politique est un métier, ce n'est pas donné à tout le monde.
En ce qui concerne les manifestations, il n'est pas non plus le simple étudiant venu sauver le monde (on ne se déplace pas pour moins que ça, en tout cas lorsque j'étais étudiante) - avec ses copains. Des vidéos ont été publiées montrant le rôle actif qu'il joue dans l'incitation à manifester, autant que dans la technologie à employer.
Ces compétences ont été acquises, avant d'être employées à Moscou cet été, tout d'abord au mois de mars 2019, où il a participé au "Forum des jeunes leaders" (l'on trouve des leaders partout maintenant, c'est merveilleux!) au Monténégro, organisé par le National Democratic Institute for Internatinals Affaires, qui est un Think Tank américain, affilié aux Démocrates, qui fonctionne dans le cadre du très connu NED (pour la "démocratisation" du monde), sur fonds publics. Le conseil de direction est dirigé, pour info, par Madeleine Albright.
Ensuite, il est allé parfaire sa formation à la conférence à Riga de l'Open Russie, qui a été fondée par Khodorkovsky, et regroupe tout le gratin des politiciens russes ratés, qui veulent à n'importe quel prix faire tomber le pays. Pour y trouver enfin leur place. Ce qui rendra le système automatiquement "démocratique". Bref, une formation théorique complète, partant du général au particulier.
Ensuite, après tant de théorie, il a bien fallu s'entraîner un peu. L'Arménie fut un terrain idéal et Egor Joukov, le "simple étudiant" a pris part aux mouvements de foule à Erevan, où il se trouvait du 27 avril au 1er mai 2019 et a filmé pour sa chaîne Youtube une vidéo intitulée : "Comment cela a-t-il fonctionné en Arménie? Les 5 types de manifestations pacifiques". Ici, l'on trouve notamment l'explication en anglais du système des "promenades", qui sera utilisé cet été à Moscou.
Bref, il fut interpellé et condamné à trois ans de privation de liberté avec sursis. Le sursis lui donne la possibilité de revenir dans la réalité. De grandir. D'affiner ses opinions politiques, de leur donner de la profondeur et surtout de les faire siennes. Mais la société qu'il a choisie n'a pas besoin de profondeur, elle a surtout besoin de rapidité et de superficialité. Pour cela, de jeunes ambitieux, acculturés et globalisés, sont instrumentalisés dans des scénarios qui les dépassent.
Si la répression de ces dérives est nécessaire, ne serait-ce que pour faire réfléchir aux risques dans la vie réelle, la facilité avec laquelle des Navalny, Khodokovsky et autres figures d'une opposition destructrice, avec l'aide atlantiste, manipule cette jeunesse, oblige à revenir sur l'éducation qui est donnée à cette génération, à revenir sur le collapse des réformes successives de l'école qui forme une armée de clones, à revenir sur la fausse légèreté de la société qui permet de fragiliser l'homme et de l'empêcher de se construire, car rien ne se construit sans efforts. Ces Egor et autres ne sont finalement que le produit de la démission de nos sociétés. Et la répression ne suffira pas à endiguer le phénomène.
Et que devient Iouri Doud le futur président russe? Belle brochette de petits c..s entre lui, Edgor Joukov et Navalny, la Russie ne risque rien. La justice russe est trop coulante, elle aurait dû maintenir les 4 ans de prison ferme.
RépondreSupprimer«accusé d'incitation à l'extrémisme dans ses vidéos sur Youtube, dans la foulée des manifestations de cet été, auxquelles il a pris une part active» : selon vous donc, que le droit d’expression et de manifestation soient condamnés à 3 ans de détention avec sursis vous paraît normal ? Dans une «démocratie contrôlée» par le pouvoir, certes ! Bien que je sois adversaire de Navalny & Khodorkovsky, je suis comme Voltaire (à la cour de la Grande Catherine de Russie en son temps) pour leur donner le droit de parler et de manifester ! Que la presse atlantiste en fasse ses choux gras suffit aux plus éclairés pour s’en détourner !
RépondreSupprimerBonsoir, je pense que la liberté va de paire avec la responsabilité : nous sommes libre de nos actes et de nos paroles, et nous devons en répondre. C'est d'ailleurs ce qui leur donne de la valeur. La liberté absolue n'a jamais existée, sauf dans les fantasmes de l'infantilisme. Mais aujourd'hui, les gens refusent en général la responsabilité. Par ailleurs, il a été condamné avec sursis non pas pour avoir participé à ces manifestations, dont certaines furent autorisées, mais pour avoir incité par ses vidéos à un comportement extrémiste lors de ces manifestations. Ce pour quoi il a par ailleurs été formé. Autrement dit, oui, dans ce cas, je trouve la sentence fondée.
SupprimerÊtre responsable c’est avoir la possibilité de se tromper pour pouvoir rectifier et se construire soi-même car seuls les idiots ne changent jamais d’avis...la répression a-t-elle ce pouvoir de rendre responsable ou de former des moutons hormis les têtes dures de les conforter ?
SupprimerBonsoir Madame Betchet Golovko,
RépondreSupprimerSauriez-vous et pourriez-vous préciser en quoi consiste "l’extrémisme" qui est reproché à cette personne ? J'avoue ne pas le connaître et tout ignorer de cette affaire. Et comme je suis fréquemment attaqué sur Mediapart pour défendre des positions "pro-russes" ou "pro-poutines" , je préfère me tenir au courant de ce type d'affaires
Cordialement
Merci Karine, j'attendais votre article sur ce personnage pour savoir à qui nous avons affaire. Egor Joukov = Greta Thunberg. Mêmes marionnettistes.
RépondreSupprimerPas de caricature, laissez cela au humoriste. Greta Thunberg a été utilisé dans un premier temps par les médias et les "grands" de ce monde (Davos), s'attribuant à bon compte le soucis de l'écologie. Les médias ont depuis fait marche arrière à grande vitesse et avec violence à son encontre, quand elle s'est mise à condamner le capitalisme. En outre ne pas prendre en considération son autisme pour apprécier la situation est regrettable. Il y a des années lumières qui séparent c'est deux personnes.
SupprimerG.M.LEBEGUE 9/12/19
RépondreSupprimerEffectivement ils sont même à l'opposé, l'un, Egor Joukov a choisi librement la perversion pour jouir de la manipulation et l'autre, Greta, est soumise violemment à son autisme qui est une psychose voisine de la schizophrénie, la privant de liberté, a laquelle elle ne parvient à échapper partiellement qu'en reconstruisant un monde pour s'y agripper ; mais Laurence GUILLON a raison, ce sont deux marionnettistes, l'un manipule les ficelles et l'autre subi la manipulation et la manifeste pour échapper à la psychose.
Joukov et consorts pourraient-ils se joindre à la pétition internationale de journalistes et défendre un vrai persécuté ?
RépondreSupprimerLes mainstream occidentaux, après avoir publié ses documents, font les morts...
Infectes, ils sont Infectes !