Hier, un drone américain en mission de reconnaissance est tombé dans la mer Noire, alors qu'il se dirigeait vers la Crimée, suite à la manoeuvre de deux chasseurs russes. La Maison Blanche est furaxe, le commandement américain en Europe s'égosille : comment la Russie ose-t-elle empêcher le renseignement militaire américain de travailler, en mer Noire, à la frontière russe, alors que les Etats-Unis sont si proches de leurs côtes - ukrainiennes ? Vraiment, on se pose la question ... Pour l'instant, ils hésitent encore sur la suite politique à donner à cet incident. L'enjeu premier est la reconnaissance de l'espace territorial russe.
Ce 14 mars, nous apprenons par le Commandement américain en Europe, que deux avions de chasse russes SU-27 ont provoqué la chute d'un drone de reconnaissance américain dans la Mer Noire. Les Etats-Unis crient au contact, ce qui serait le signe d'une escalade du conflit, alors que la Russie, elle dément tout contact. Deux enjeux semblent être présents :
- Tout d'abord, les Etats-Unis parlent des eaux internationales et l'on se pose la question de la délimitation de l'espace territorial russe, puisqu'ils ne reconnaissent pas la Crimée ;
- Ensuite, cela semble être pour les USA ici une occasion, si besoin s'en fait, d'imputer à la Russie le premier contact direct entre les deux pays dans le cadre du conflit ukrainien et donc lui imputer l'escalade du conflit, qui pourrait conduire à une implication directe des pays de l'OTAN dans le conflit.
"Si une collision est confirmée, ce serait le premier contact physique connu entre les militaires des deux nations à la suite de la guerre en Ukraine."
Selon le commandement américain, il s'agissait d'une mission classique de reconnaissance de ce drone basé en Roumanie, sans armes, et le drone est tombé dans les eaux internationales de la mer Noire - en raison du manque de professionnalisme des pilotes russes, qui l'ont intercepté à 75 miles des côtes de Crimée. Un peu plus et ils allaient nous dire qu'ils étaient ivres ... puisque russes !
"Un avion de guerre russe a frappé mardi un drone de surveillance américain au-dessus de la mer Noire, heurtant l'hélice du drone et le forçant à descendre dans les eaux internationales, selon le Commandement européen des États-Unis, qui a qualifié la conduite des forces russes de "dangereuse et non professionnelle"."
La Russie, pour sa part, dément tout contact direct. Selon le ministère russe de la Défense :
"De son côté, le ministère russe de la Défense a déclaré que les chasseurs russes n'avaient pas utilisé d'armes aéroportées et n'étaient pas entrés en contact avec le drone américain au-dessus de la mer Noire.
Comme indiqué par le ministère, le MQ-9 a fixé les moyens de contrôler l'espace aérien des Forces aérospatiales (VKS) de Russie. Le drone avec les transpondeurs éteints a survolé la mer Noire dans la région de la péninsule de Crimée en direction de la frontière russe. Des avions de combat russes ont été levés dans les airs. À la suite de manœuvres brusques, le drone américain a perdu le contrôle du vol et est tombé à l'eau."
Les Etats-Unis semblent vouloir exploiter cet incident, mais hésitent encore quant à la porter à lui donner. Biden a été informé, l'ambassadeur russe aux Etats-Unis a été convoqué au Département d'Etat - et après avoir mis en garde les Etats-Unis, a déclaré que la discussion avait été "constructive" :
"Antonov a expliqué que l'incident s'était produit dans la zone de l'opération militaire spéciale, et la Russie a averti "de ne pas entrer ou pénétrer" dans cet espace."
Suite à quoi, le porte-parole de la Maison Blanche a tempéré :
"Le porte-parole de la Maison Blanche confirmant qu'un U.S. Un drone de reconnaissance avait été contraint d'atterrir par un avion de combat russe au-dessus de la mer Noire mardi, a déclaré qu'il n'était pas rare que la Russie et les États-Unis aient des affrontements à haute altitude en marge de la guerre en Ukraine."
Les Etats-Unis ont été contraints de reconnaître l'espace territorial russe. En tout cas, leur drone s'est heurté sur une porte fermée.
A suivre ...
Ce n'est pas un accident, c'est un avertissement. Au Kremlin, on ne manquera pas d'analyser à quelles hauteurs se manifesteront les réactions à Washington et dans les capitales dans le monde. Mais qui espère encore se précipiter dans le jardin de Borrell et partager les mêmes intérêts existentiels de l'axe atlantiste dans un conflit contre la Russie ? Un changement de régime ne serait-il pas plus utile à Washington plutôt qu'à Moscou ou ailleurs dans le monde ? A propos, n'est-ce pas désormais l'objectif ultime du Kremlin ? La mutation du monde vers un environnement multipolaire n'est pas un choix, cela devient progressivement une réalité.
RépondreSupprimerUn avertissement ? pas même. C'est un moyen de montrer les dents sans pertes humaines, et en étant certains d'aucune réaction directe des USA... Dans une logique de monde multipolaire, chacun s'assoit sur le droit international, des USA à la Chine, et ici, la Russie.
SupprimerLes USA trouvent normal d'abattre un ballon "espion" chinois au dessus des eaux internationales mais sont scandalisés que des chasseurs russes, volant trop près de leur drone ,ait provoqué sa chute . Se référant au ballon chinois , le Russie aurait même pu justifier une destruction par missile du drone espion.
RépondreSupprimerQue les Russes se sentent le devoir d'abattre certains appareils ennemis à proximité de leur zone de guerre, soit, c'est de bonne guerre.
RépondreSupprimerLe contraire leur aurait été reproché.
Mais que des jets envoyés à cette fin soient obligés de recourir à des manœuvres acrobatiques, là les Américains ont raison, ce n'est pas professionnel :
Soit on l'abat d'une rafale de canon ou d'un missile, soit on le désactive par des moyens électromagnétiques.
Mensonge et double standard comme d'habitude avec les américains. Poutine depuis des années est très sensible aux conditions juridique.
SupprimerD'une il y a des NOTAM d'exclusion de cette zone, le fait que le Drone avait éteint son transpondeur indique qu'ils étaient parfaitement conscient de voler dans une zone de guerre. L'autre alternative est qu'il avait un comportement très dangereux dans une zone civile. Dans tous les cas les américains sont bien en violation.
De deux les russes ont réussi à briser le drone sans le toucher (fuel+PC) ce qui n'est pas juridiquement un acte de guerre, tout en obtenant bien le résultat voulu.
Le MQ-9 Reaper fait 20 m d'envergure et possède un turbopropulseur (à hélice donc) d'un peu moins de 200 kg. Ce bestiau très encombrant coûte un bras puisque son prix est d'environ 450 millions € pour un lot de 3 drones avec 12 stations de contrôle au sol. Il ne fait pas de doute qu'avec les outils de brouillage électronique dont sont équipés les militaires russes, il est très risqué de faire voler un zinzin aussi cher trop près de leurs côtes...surtout que la Mer Noire est une chasse gardée de la Russie et de la Turquie, même s'il s'agit d'eaux internationales et des échauffourées ont lieu régulièrement, les Britanniques en savent quelque chose. Apparemment, les militaires de l'OTAN comprennent vite mais il faut leur expliquer longtemps.
RépondreSupprimerLa vidéo produite soulève quelques questions de cohérence. On se souviendra que, lors du crash du MH17, les Occidentaux avaient mis en preuve une photo montrant le transport de missiles du système Buck qui auraient servi pour détruire l'avion. Or les services russes avait démontré qu'il s'agissait d'un montage en mettant en évidence que la photo comportait trois points de fuite, ce qui est impossible.
SupprimerEn ce qui concerne le drone MQ-9 échoué en mer Noire, on peut se questionner.
Quelques observations
• Le nuage de kérosène reste en suspension dans l'air au premier passage, ce qui fournit un repère chronologique sur le déroulement des événements. Ce n'est pas le cas au deuxième passage, il n'y a plus de kérosène en suspension lorsque l'image redevient normale.
• Les conditions météo sont optimales et ne varient pas.
• Le compas et l'éclairage permettent de savoir que le soleil est à l'Est, c'est le matin.
• Le drone navigue Sud-Sud-Ouest au premier passage et Est-Sud-Est au second avec le soleil devant. Il effectue un virage vers le Sud au moment du contact. Au retour de l'image nette, il navigue Nord-Nord-Est, i.e. droit vers la Crimée qui lui est interdite !
• Le drone navigue normalement au retour de l'image, son assiette est stable et il ne montre aucun signe de déstabilisation.
Divers points à éclaircir
• Pourquoi l'image du Su-27 se brise-t-elle d'elle-même tout juste avant le premier passage alors que celle du drone est nette ?
• Que sont devenues les bandes jaunes sur les pales du drone après le deuxième passage et le supposé impact ?
• Combien de temps (réel) se passe pendant la rupture de signal vidéo ?
• La netteté de l'image sur l'horizon au premier passage diffère beaucoup avec celle du deuxième passage alors que la caméra est encore capable de donner une image parfaite sur l'hélice déformée.
• Comment expliquer que le drone navigue normalement au retour de l'image, l'impact n'aurait-il touché qu'une seule pale sans abîmer l’empennage vertical et la gouverne de direction ?
• Pourquoi ne pas avoir montré le cours des événements jusqu'à l'effondrement du drone en mer ?
On devrait voir apparaître une contestation des services russes dans les prochains jours concernant la validité de cette "preuve" vidéo.
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Bellefontaine
Merci ! Excellentes observations, auxquelles on peut rappeler le fait que le transpondeur du drone avait été volontairement mis hors service. :)
SupprimerJe rajoute une question :
A priori, c'est un SU-57 qui a largué une partie de son kérosène : le but était-il de couvrir de gras la caméra du Reaper, ou de montrer à l'OTAN que c'est une technique pour perturber les signaux radio permettant le contrôle au sol du drone, ou encore une métaphore pour dire qu'on méprise tellement son ennemi qu'on lui urine symboliquement dessus ? LOL
La technique utilisée par les Russes a semble-t-il eu le don d'énerver les spécialistes d'avions pro-OTAN qui sévissent sur le Web. "Ce n'est pas professionnel !" clament-ils tous en coeur. En tous cas, ça a l'air de marcher...
J'oubliais de fournir l'adresse URL de la vidéo du U.S. European Command pour qui veut la visionner :
Supprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=LqsSYp-51Hs
J'oubliais surtout la preuve irréfutable qu'il s'agit d'un faux. Étant donné le sens de rotation de l'hélice du drone, il est impossible que la pale soit déformée dans ce sens après un impact.
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Bellefontaine
Une précision sur les appareils russes. Ce sont des Sukhoï 27 qui patrouillent en mer Noire. Les Sukhoï 57 de cinquième génération s'affairent à d'autres tâches plus complexes que de faire la police aux frontières.
SupprimerMais pour répondre à votre question et selon certains experts en aéronautique, l'idée d'éjecter du kérosène sur le drone serait que la chaleur du turbopropulseur fasse qu'il s'enflamme spontanément, que l'appareil prenne feu et se détruise de lui-même.
Les Américains ont déclaré avoir purgé le drone de ses logiciels avant sa destruction pour ne pas que leurs secrets tombent aux mains des Russes. Ça reste à voir étant donné toutes les traces qu'on peut tirer d'un vieux disque dur qu'on croit vidé et inutilisable. Si les services russes récupéraient ces informations, on pourrait envisager qu'ils neutralisent la plupart des drones US, voire qu'ils les contrôlent eux-mêmes.
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Bellefontaine
Désolé pour la faute de frappe (SU-27 en effet) et merci pour ces précisions techniques :)
SupprimerVoici un article bien documenté (soumis par Bruno Bertez à RI au sujet du Reaper américain) qui nous donne des informations intéressantes sur les motivations de l'OTAN qui aurait vu la semaine passée un de ses QG à Kiev détruit par un ou plusieurs Khinzal hypersoniques : https://reseauinternational.net/analyse-des-evenements-speciaux-du-reaper-aux-bombardiers-et-aux-frappes-kinzhal/
SupprimerUn commentaire a attiré mon attention : celui sur "l'effet de peau" sur les hautes fréquences et l'utilisation de gallium surchauffé indiquant que le drone aurait subit un brouillage et aurait donc perdu son contrôle au sol. Des navires russes sont déjà sur place pour le récupérer à une profondeur de 900 m (dont un certain "Kommuna", un vieux navire grutier russe construit en 1913 et plusieurs fois rénové, avec coque catamaran pour la récupération d'épaves jusqu'à 1000 m). Les Russes ont donc réussi à neutraliser et sont en passe de récupérer un Reaper US qui coûte un bras et qui est porteur de technologies de pointe, le tout sans tirer un coup de feu, en accord avec les règles militaires internationales. Si c'est vrai, c'est bien joué.
Ce qui m'épate chez les Russes c'est leur culture pragmatique qui les mènent à concevoir les choses et les événements rationnellement à partir de la réalité : Le problème d'abord !
SupprimerLes Occidentaux sont plutôt axés sur une conception médiatique pour soutenir leur politique qui les mènent à étaler leur compréhension intellectualisée des choses en devant la défendre lorsqu'elle s'avère déficiente; ce qui est le plus souvent le cas lorsqu'on bâtit un raisonnement sur du vide mais qui a belle apparence pour la seule raison que c'est ce qui nous plaît. Et c'est comme ça que s'accumulent les mensonges avec de plus en plus d'invraisemblance et d'incohérence.
Et ma vieille grand-mère qui disait « La vérité fait toujours moins mal » !
P.S. Merci pour la référence.
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Bellefontaine
on va pas en faire un plat quand même : un drone c'est quand même moins cher qu'un pipe-line !
RépondreSupprimerDu temps de l'URSS, le Kremlin n'hésita pas à descendre un avion espion américain U2 😀
RépondreSupprimerIl était au dessus du territoire de l'URSS, pas au dessus des eaux internationales.
SupprimerLà les US vont très probablement répliquer, et détruire un avion ou un navire russe dans les eaux internationales .
Mais contrairement aux Russes, on peut prévoir que ce sera plus discret et sournois, pour ne pas être accusés en retour.
L'espace aérien relève du droit maritime : 12 miles, soit 22 km. Ici le drone ne s'est pas heurté à l'espace aérien russe. Il a été considéré comme une provocation par le Kremlin, est volontairement déstabilisé pour qu'il tombe en mer, avec l'assurance que les USA ne sauraient le récupérer en mer, et ne répondraient pas à cette action. Il s'agit d'une stratégie intelligente d'escalade mesurée, qui est bénéfique pour Moscou : dézinguer à peu de frais un drone US, récupérer ce qui sera exploitable de ce jouet (mais certainement pas grand-chose), et montrer les dents face aux alliés de Kiev.
RépondreSupprimerLaissons tomber ce drône, à son invitation... L'armée russe a bien joué, militairement, juridiquement, et médiatiquement ( pour une fois ) ce qui fait plaisir.
RépondreSupprimerINQUIÉTONS NOUS par contre de cette guerre qui n'en finit pas !
Vous lirez avec intérêt cette analyse en date du 17 mars 2022 :
https://telegra.ph/Critique-du-conflit-Ukrainien-3%C3%A8me-semaine-%C3%A9coul%C3%A9e-03-17
Et les analyses qui ont suivi, de mars à novembre 2022 :
https://telegra.ph/Sommaire-des-articles-sur-Telegraph-10-05
Vous pouvez commencer par la dernière analyse ( oct. nov. 2022 ) où l'analyste élaborait un scénario maxi et un mini :
"" Seul le scénario maximaliste est la bonne solution. Tout le monde le sait. La seule issue passait, et passe toujours, par le contrôle de la frontière occidentale de l'Ukraine, la saisie des ports et le désenclavement de la Transnistrie.
Même un scénario qui se serait limité aux provinces pro-russes aurait amené un conflit sans fin.
Le seul scénario pour ( abattre ) le régime de Kiev est celui de Berlin le 9 mai 1945 : un règlement militaire, puis une prise en main de la politique intérieure.
On fait la guerre ou on ne la fait pas. Engager seulement quelques dizaines de milliers d'hommes ne permet rien, ne pas chercher à empêcher l'approvisionnement de l'ennemi par sa frontière ouest est même contre-productif ""
Aujourd'hui, on est à mon avis dans ce que l'analyste appelle le conflit sans fin.
Prenons, nous, un peu d'altitude...
S.
La Russie comme tout pays en guerre a publié des NOTAM que tous les pilotes du monde doivent consulter concernant une zone à risque.
RépondreSupprimerSi la zone est bien "civile" comme les américains le clament, alors éteindre son transpondeur est une violation flagrante et dangereuse des règles.
Pour moi les russes n'ont pas touché le drone, cette nouvelle technique "artisanale" utilise un air saturé de Fuel et la Post Combustion pour l'enflammer et déclencher un choc à même de briser le drone. Les F111 qui ont aussi les "vide vite" situé entre les réacteurs utilisent cette technique en show aérien pour faire une immense flamme et bruit.
"L'empire du mensonge" mérite bien son nom.