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jeudi 31 août 2023

Billet à contre euphorie : Victoire gobaliste au sommet des BRICS, le cheval de Troie est prêt


Du 22 au 24 août 2023, s'est tenu en Afrique du Sud le sommet des BRICS, qui était annoncé comme un front commun contre la globalisation, avec la participation confirmée en avance de 34 pays. Sans vouloir jeter un pavé dans la mare, il semblerait que cette grande fête antiglobale soit le Helsinki de la Russie : un cheval de Troie parfaitement contrôlé permettant de mettre en place les conditions favorables à sa déstabilisation, comme l'Acte de Helsinki le permis pour l'URSS, bien qu'il fut à l'époque lui-aussi célébré comme une grande victoire géopolitique dans le cadre de la politique d'endiguement occidentale. Si l'histoire se répète, il serait bon de s'en souvenir.

Les BRICS sont perçus en Russie comme la planche de salut contre la politique agressive d'isolement mise en oeuvre par l'Axe atlantiste et comme un instrument de construction d'un monde "plus juste". Les déclarations plus enthousiastes les unes que les autres, tentent de présenter cette agglomération de pays à l'indépendance relative comme une unité - seule condition pour en faire un pôle de pouvoir. Beaucoup de questions se posent, au minimum, quant à l'indépendance face à la globalisation de pays comme la Chine ou l'Inde. La Chine, qui en est le centre de production de ce monde et a tout intérêt à ce que ça dure. Sans oublier le contrôle social normalisé et le fanatisme répressif de la politique du Covid zéro, particulièrement salué par les instances globales. C'est également cela, qui entre dans les BRICS. Ou l'Inde, qui est un parfait laboratoire d'ingénierie sociale, notamment en matière d'enseignement supérieur.

Certaines lignes d'activités laissent également songeur, quant à la profondeur de l'engagement anti-globaliste des BRICS. En matière d'enseignement supérieur et de recherche, l'on retrouve au sein des BRICS les mêmes mécanismes d'intégration (et de désintégration nationale), qu'au sein de n'importe quel organe global - puisque tel est sa fonction première, en tout cas véritable. Ainsi, depuis 2013, un Conseil scientifique fonctionne, qui a une fonction intégrative d'universités nationales et permet ainsi de déterminer les lignes de recherche au sein des pays membres. L'on y retrouve, comme il se doit dans toute haute société globalisée qui se respecte, par exemple, l'écologie et le changement climatique. What else ?

Peu avant la tenue de ce sommet, la question centrale était celle de la mise en place d'une monnaie unique. Idée, qui semblait suffisamment irréaliste et destructrice, si l'on en croit l'expérience de l'UE sur laquelle elle s'appuyait (voir notre texte ici), pour tirer la sonnette d'alarme. Heureusement, comme l'a souligné Lavrov lors de la conférence de presse à l'issue du sommet, cette idée est abandonnée, ce qui est bien le seul acquis de lutte contre la globalisation, puisqu'il s'accompagne de l'utilisation des monnaies nationales dans les rapports entre les pays des BRICS. Mais si ces pays voulaient utiliser leur monnaie nationale dans leurs échanges commerciaux avec d'autres pays, en quoi ont-ils pour cela besoin des BRICS ? Sinon, par principe, pour rester dans un cadre de gestion globalisée.

Sans entrer dans tous les détails technico-politiques de ce sommet, deux aspects méritent à mon sens une attention particulière : l'élargissement des BRICS et l'agenda droit-de-l'hommiste.

La décision d'élargissement des BRICS, sans modification de son appellation, a été prise lors de ce sommet. En soi, elle répond à la logique de tout organe global, qui doit tendre à se diffuser, permettant ainsi la mise en place de cette gouvernance globale à deux axes : horizontale (nombre de membres, pour couvrir un espace national de plus en plus grand) et verticale (avec des mécanismes intrusifs, permettant de contrôler de plus en plus étroitement ces espaces, c'est-à-dire de les désétatiser). Si l'on sort de la réaction affective que l'on retrouve dans le discours para-médiatique "pro-russe" se résumant à "puisque c'est la Russie, c'est-pas-pareil", la logique globaliste est bien présente dans le fonctionnement des BRICS, ce qui est normal. Même si ce n'est pas dicible, puisque la ligne éditoriale est celle de la lutte contre la globalisation.

Le choix des pays faisant partie de cet élargissement le souligne également, à l'exception de l'Iran et de l'Egypte, l'on y retrouve des pays pour le moins alignés : l'Argentine, pays laboratoire des réformes juridiques globalistes a été retenue, quand le Venezuela n'a pas été envisagé ; l'Ethiopie, pays pauvre avec un conflit ouvert sur ses frontières, est entré quand l'Algérie n'a pas été retenue, malgré son réel non-alignement et ses richesses ; les très alignés Emirats Arabes Unis et l'Arabie Saoudite sont entrés par la grande porte.

Il paraît que la France a joué avec l'Inde et le Brésil pour bloquer l'entrée de l'Algérie, qui logiquement, elle aurait eu sa place si cette organisation devait réellement lutter contre la globalisation. Rappelons aussi que l'Algérie soutient la Russie dans ce conflit en Ukraine et il ne serait pas surprenant que, justement pour cette raison, la Russie ait été privée d'un précieux allié. 

Par ailleurs, la globalisation est aussi un contenu, un remplacement des valeurs et une autre échelle des priorités. L'on a déjà souligné l'axe écolo-réchauffement climatique, incontournable dans nos sociétés post-modernes. Mais la substantifique moelle de ce mode de gestion sont les droits de l'homme, qui ne se conçoivent évidemment que dans le cadre des organes de gouvernance globale. Et comme le déclare fièrement le Président sud-africain lors de la conférence de presse après ce sommet : 

"(Les BRICS) ont l'intention de renforcer la coopération avec l'Assemblée générale des Nations Unies et l'OHCHR en matière de protection des droits de l'homme;"

Rappelons la déclaration du nouvel ambassadeur allemand en Russie, selon qui la ligne d'attaque ne change pas : déstabiliser par l'utilisation d'une confrontation géopolitique autour de l'axe des droits de l'homme. Et les Accords d'Helsinki de 1975, toujours interprétés en Russie comme une grande victoire diplomatique, sont conçus dans un tout autre sens en Occident : ils furent le cheval de Troie de l'Occident, qui a permis la déstabilisation de l'URSS. Un peu comme les Accords de Minsk, toute proportion gardée.

Les BRICS, seront-ils pour la Russie, ce que les Accords d'Helsinki furent alors pour l'URSS ? Espérons que la Russie retiendra les leçons de l'histoire. En tout cas, la déglobalisation ne peut se réaliser avec les mécanismes de la globalisation.

12 commentaires:

  1. Chère Madame, votre article me laisse perplexe.
    Pour moi, les pays qui rejoignent les BRICS veulent continuer à commercer avec le reste du monde, sans pour autant suivre aveuglément les dictats de l'Oncle Sam.
    Ils rejoignent en cela les conservateurs européens, qui souhaitent une Europe des Nations attentive à l'intérêt des peuples, qui composent cette Europe.
    Mais je me trompe peut-être ?

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    1. Marie GENKO : non vous ne vous trompez pas
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      C'est l'élan vers un monde MULTI¨POLAIRE tant voulu par nombreux pays

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  2. Analyse réaliste : des pays des BRICS joue une carte mondialiste, la Chine avec sa Route de la Soie son Yuan unipolaire comme le Dollar, son marxisme maoiste qui est la pire tyrannie au monde, ou sont dans les mains des banquiers Kazars Juifs new-yorkais : l'AFS prête à arrêter Putin conformément aux ordre du "tribunal" de La Haye, le Brésil où Lula est un pion des Covidistes et des Réchauffeurs Climatiques. Les nouveaux venus ne valent pas mieux. Tous sont membres restés membres des grandes institutions des Kazars : notamment les FMI et l'OMS !

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    1. Il me semble que les choses sont plus complexes à cause de mentalités extrêmement différentes des peuples, qui composent les Brics !
      Les peuples d'Amérique du Sud ne fonctionnent pas comme les Russes. Les Russes ne fonctionnent pas comme les Chinois etc.
      Mais tous veulent préserver leurs propres intérêts avant toute autre chose.
      Si l'Union européenne n'était pas vassalisée par les USA, elle serait en mesure d'œuvrer au bien être de chacune des Nations européennes au lieu de préserver les intérêts de l'hégémonie américaine.

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    2. D'après le commentaire ci-dessus : << Mentalité extrêmement différentes ... >>, Et alors?
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      Il en est toujours ainsi au sein de chaque relations bilatérales ou multilatérales étatiques. L'important est de s'accorder sur les différences et les buts communs
      C'est comme un couple marié : différent l'un et l'autre, on s'accorde pour vivre ensemble; à défaut c'est le divorce.

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    3. Complexe, très complexe, c’est une certitude, la bonne volonté ne suffit pas à gérer aisément les questions de coopérations, financières et monétaire particulièrement, entre des pays, des nations plus tôt (c’est signe d’indépendance, de souveraineté, c’est un nom propre, pas commun) , qui ont des niveaux de développement, de mode de pensée aussi différents. S’en oublier que l’Impérialisme n’a qu’un objectif, les faire échouer. Quelqu’un a dit en substance , je ne sais quand, les pays non pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. L’affirmation s’agissant des BRICS mérite d’être fortement édulcorée, c’est le nouveau monde qui frappe à la porte avec son soucis primordial : Développement de la coopération internationale pour construire un monde de Paix. D’ailleurs l’actualité immédiate tant à le confirmer, à l’asseoir. Les BRICS s’élargissent à des pays dont certains sont liés plus ou moins à l’Impérialisme, alors que ce dernier fait peser sur le monde le risque d’une 3ième guerre mondiale.

      La roue de l’histoire tourne de temps en temps, de plus en plus souvent, malgré les chaos, dans le bon sens, les Brics ne sont pas un cas unique, pour 2023 nous avons vu la Chine en février proposer un plan de Paix en 12 point sur l’Ukraine, (refusé par l’UK sous forme d’ultimatum), elle a aussi favorisée la réconciliation Iran - Arabie saoudite, quant à la Russie elle a organisée une rencontre avec l’Afrique (49 nations/54) à St Pétersbourg les 27et 28 juillet. La désoccidentalisation du monde avance.

      Depuis cinq siècles que l’Occident régissait la planète. Dans l’intérêt des classes dirigeante, de la bourgeoisie il a organisé esclavage, génocides, guerres mondiales etc. Combien de hangars pour compiler ces faits odieux, inhumain.

      Le monde est entrain de changer de base. Il est des grincheux que cela semble déranger, difficile de comprendre pourquoi (ils ne sont pas de la classe dirigeante) ces anonymes ici présents. La « presstituée » et autres médias, privés et publics, font leur œuvre 24h/24h, la réponse est peut être là.

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  3. Ajoutons que Dilma Youssef, qui dirige la banque des BRICS à Shanghaï, est l'ex présidente du Brésil qui fut déchue pour corruption !

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  4. Oui effectivement on peu dire « votre article me laisse perplexe.» (Marie Genko). Pensez-vous madame Béchet-Golovko que la mainmise de l’occident sur la planète soit éternelle, je vous provoque, pas vous, pas ça. Il est vrai que l’histoire c’est diablement accéléré avec le déclenchement de l’opération militaire en Ukraine. Était-il possible d’éviter un tel malheur pour les deux peuples, je ne cesse de m’interroger. Que fallait-il faire pour éviter que les USA/Otan s’implante en Ukraine avec son objectif de déstructurer la Russie (visée US depuis la victoire de l’Armée Rouge en 1945) qui confrontés à leur décadence et perte d’influence dans le monde, en particulier au plan politique et financier… que montre la dernière réunions des BRICS, sont à l’origine du conflit ukrainien, la guerre n’a pas commencé en février 2022.
    Accélération de l’histoire sans nul doute. Les USA (aidés par l’Union européenne soumise) en imposant des sanctions contre la Russie ont donné à réfléchir au peuple et gouvernements du monde, c’est ainsi que nombres de leur alliés ( au Moyen orient, en Afrique...) ont pris conscience du danger encourus en cas de désaccord profond avec leur souteneur, d’autant plus que la politique internationale de la Russie dans ces deux espaces est positive contrairement à l’Impérialisme (Macron et le Niger par ex.) Ce qui à n’en pas douter a eu un impact sur les décisions des BRICS et des candidats prêts à y entrer.
    Le monde unipolaire, la domination de l’occident impérialiste sur le monde est en voie de disparition. Le nouveau monde se construit dans l’ancien, c’est une loi de l’histoire, en France la société capitaliste est né au cours du moyen âge pour accomplir sa mue avec la Révolution de 1789.
    Alors évidemment la construction de la multipolarité n’est, ne sera pas « une partie de pique- nique » pour reprendre une expression de Frédéric Lordon à propos de la révolution qui est nécessaire à la France d’aujourd’hui.
    L’auteur du premier commentaire semble se réjouir que les Brics n’envisageraient pas la dédollarisation, surprenante réaction vous considérez donc que la domination du dollar sur le monde est bénéfique (?) Une lecture plus attentive de vos sources vous aurez alors déçu.
    L’ambassadeur sud-africain auprès des BRICS, Anil Sooklal, « Il y a un récit malheureux qui se développe selon lequel les BRICS sont anti-occidentaux, que les BRICS ont été créés pour concurrencer le G7 ou le Nord global, et c’est faux. Ce que nous cherchons, c’est à faire avancer l’agenda du Sud et à construire une architecture mondiale plus inclusive, plus représentative, plus juste et plus équitable ». Relisez bien at-ten-ti-ve-ment. Jetez aussi un œil sur Wikipédia «11e sommet des BRICS du 14 novembre 2019… Nous restons attachés au multilatéralisme et à la coopération des États souverains afin de maintenir la paix et la sécurité ». et encore « 13e sommet... Nous regrettons l'inégalité flagrante dans l'accès aux vaccins, aux diagnostics et aux traitements, en particulier pour les populations les plus pauvres et les plus vulnérables du monde».
    Est-ce assez clair, le but des BRICS c’est un monde de PAIX, sans guerre, un monde de commerce, et de coopération selon les choix de chacun, en toute indépendance. Quant au dollar pour le moment vu encore son importance dans l‘économie mondiale... Rentriez-vous dans une maison où manque la toiture ?




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  5. Les BRICS hors Russie sont mondialistes au sens américain du terme, l'Inde étant juste en retard sur les autres.

    Idem pour les nouveaux venus, où seul l'Iran est antimondialiste.

    Ainsi, les BRICS sont "unipolaires", et la Chine jouera le rôle de chef à la façon des USA ! C'est une question de temos, mais la Russie a déjà échoué dans son projet dit de la multipolarité.

    Les vrais pays multipolaires ont été laissé à la porte : Algérie, Égypte etc .

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    1. Laissons aux BRICS le temps de s'installer avant de parler d'échecs des uns et des autres.

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  6. Les BRICS, ou comment faire accepter le mondialisme par les dissidents à l'hégémonie domination anglo-saxonne.
    Un très gros cheval de Troie.

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