Il a appelé ou il n'a pas appelé? Tout le week-end médiatique a tourné autour de l'annonce surprise de Trump, selon laquelle il aurait eu une conversation téléphonique avec Poutine. Le porte-parole du Kremlin botte en touche sur le mode du je ne suis pas au courant de ce dont je ne dois pas être au courant. Pendant ce temps-là, le fameux "clan de la paix - à n'importe quel prix" fantasme sans retenue au sujet d'un impossible Yalta 2.0. La Russie est à un tournant décisif de son histoire : soit elle baisse les bras et tente de négocier un cessez-le-feu à bas coût (en attendant de prendre un coup d'une puissance encore difficilement évaluable, puisque l'on ne respecte pas les faibles), soit elle a le courage d'un véritable combat contre le monde global, ce qui est encore loin d'être évident. 2025, ce n'est pas Yalta et 1945, mais plutôt la Première Guerre mondiale, ses tranchées et ses étranges faiblesses.
Selon le New York Post, Trump aurait téléphoné à Poutine et celui-ci aurait déclaré qu'il y avait trop de gens, qui meurent. Et Trump de préciser, qu'ils meurent sans raison. Soit. Traduisons : ils meurent, sans que cela ne serve les intérêts américains, donc ils meurent sans raison. Que des Russes (dans le Donbass, dans l'Est de l'Ukraine, en Russie) meurent, parce qu'ils défendent la terre russe, leur terre, cela est en effet trop loin des intérêts américains, donc n'a aucune raison d'être, donc n'est pas.
Bref, de ce côté rien n'a changé et ne peut pas changer. Trump aurait aussi un super plan de paix, dont il ne dévoile toujours aucun élément - surprenant, s'il doit apporter la fameuse paix, pourquoi attendre ? A moins, que comme nous l'avons déjà écrit, il ne s'agisse que d'un subterfuge. Car comment régler de manière acceptable pour les deux parties, à savoir les élites globalistes atlantistes et la Russie, ces deux questions : la reconnaissance juridique (et non factuelle) des nouvelles frontières sur le front ukrainien, ainsi que la non-militarisation de ce qu'il reste du territoire ukrainien ensuite ? Impossible.
De son côté, le Kremlin reste dans le flou, il est vrai que sur le fond il n'y a de toute manière rien à dire :
« Alors que l'administration à Washington se met au travail, il y a de nombreuses et différentes communications, ces communications sont menées par différents canaux, et (...) personnellement, je peux ne pas savoir quelque chose, ne pas être au courant de quelque chose. « Par conséquent, dans ce cas, je ne peux ni le confirmer, ni l’infirmer », a commenté le porte-parole du Président russe.
Et à l'occasion des 80 ans de Yalta, plus d'un se sent l'imagination productive. L'on peut ainsi lire la présentation de l'un de ces shows pseudo-politiques, celui de Pervy Kanal, la première chaîne fédérale, où le présentateur et ses invités se demandent s'il ne serait pas temps d'organiser un nouveau Yalta. Et quand même de délicatement poser la question qui dérange : avec qui. Sauf qu'ils reprennent le langage de commerçant de Trump : "Le moment ne serai-il pas venu pour une nouvelle grande transaction ?", sur le mode d'un contrat juteux, d'un bon marché, d'une bonne affaire. Bref, l'on voit pointer la vision géopolitique stratégique à long terme de ces nouveaux commerçants du pouvoir. Chaque époque à ses héros.
Bien loin de la fantasmagorie délétère ambiante, rappelons que la conférence de Yalta 1) s'est déroulée après la victoire et une victoire, qui a coûté plus de 27 millions de vies à l'Union soviétique, ce qui l'a imposée sur la scène internationale et 2) a été organisée entre les Alliés, à savoir l'URSS, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.
Or, à ce jour, il n'y a pas de victoire militaire écrasante, permettant de mettre en place un "nouveau monde", un nouvel agencement des forces. Ca ne se déclare pas sur les plateaux télé.
De plus, la Russie, en raison de la faiblesse de ses élites politiques, n'est pas en position de force pour pouvoir imposer une véritable conférence de cette ampleur - on ne lutte pas "contre la globalisation", quand toute une partie des élites intérieures est néolibérale. Ca ne fait pas sérieux ...
Enfin, on ne conclut pas un "Yalta" avec l'ennemi. Trump est le Président des Etats-Unis, qui sont la première force impliquée dans ce conflit et la source du conflit.
Donc, dans tous les cas, même si négociations il y a, ce ne sera pas un Yalta.
La Russie a effectivement un choix à faire, et ce choix va décider de son avenir, de son existence à venir. Si l'on sort du discours émotif surfant sur le thème de la Russie a déjà gagné et si l'on revient dans le champ de l'analyse, cette guerre est une guerre des tranchées, qui ressemble beaucoup plus à la Première Guerre mondiale, qu'à la Seconde qui était extrêmement dynamique.
Rappelons schématiquement qu'alors, "la fatigue" du peuple a conduit à une révolution et à un accord de paix, pour sortir de ce fourbi. Ce peuple, le même, n'était pourtant plus fatigué lors de la Seconde Guerre mondiale, après une guerre civile, pour reporter une victoire éclatante. In fine, les élites russes de l'époque a perdu, mais la Russie a fini par gagner.
Il est vrai que les élites n'étaient pas les mêmes, le rythme de la guerre non plus. Ce n'étaient pas des commerçants au pouvoir en 41. Et eux n'avaient pas peur du véritable patriotisme. Ils ne cherchaient pas des "bons marchés", ni des "conditions favorables pour négocier", à peine les armes en mains. Ils voulaient la victoire, ils voulaient libérer la terre russe, ils avaient une vision stratégique et géopolitique, une vision nationale et souveraine. L'énergie d'un peuple dépend beaucoup de celle de ses élites. Il n'y a pas de miracle, mais les erreurs fatales des élites peuvent aussi réveiller les peuples. L'histoire l'a déjà montré en Russie et elle a une forte tendance à se répéter, quand les leçons n'en sont pas tirées.
Voyons ce que feront ces élites russes, issues de la chute de l'URSS et biberonnées au néolibéralisme. Voyons ce qu'elles seront en réalité. Le moment de vérité approche.
En attendant une délocalisation des hostilités?
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=WtV8pCjrNNo
Face au monstre qui poursuit sa conquête du monde, la Russie n'a d'autre choix que de s'installer dans la durée, en "attendant" que d'autres entrent dans le combat eschatologique.
RépondreSupprimerPour le moment la Russie est quasiment seule à l'avant poste de la résistance mondiale. Mais négocier et donc céder c'est mourir à petit feu.
Qui peut aujourd'hui avoir une vue géostratégique en RUSSIE et ailleurs dans des pays victimes, aujourd'hui ou demain, de l'Axe sioniste ?
Effectivement, nous ne sommes plus en 1941... Mais la Chine, l'Inde ne sont pas tombés, et ces pays ne pourront pas être rasés comme éventuellement l'Iran.
Et pour le moment la Russie dispose du même potentiel de destruction massive que les USA... Alors, effectivement, tout dépendra des élites russes. Puissent elles réaliser qu'elles n'ont pas d'autre choix que de résister.
Finis les biberons! Allez les mecs, un bon troc!
RépondreSupprimerCe n'est pas un Yalta2.0 dont la Russie (et le monde) a besoin, mais d'un Moscou Pékin (Delhi Téhéran)1.0.
RépondreSupprimerLe cinéma du clown américain n'aura qu'un temps. Les américains israéliens ne peuvent pas génocider tous les peuples. Que ferait le gros blond si la Russie (et /ou la Chine) disait : " le génocide des Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie c'est fini ! " Il se dégonflerait...à l'invite de ses sponsors les grands banquiers.
Et l'exemple est valable pour la dénazification de l'Ukraine et le retrait de l'OTAN. Trumpinette avait annoncé qu'il arrêterait la guerre en 24 heures : " merci de respecter votre promesse électorale, sinon nous rasons Kiev et les bases Otan en Pologne et en Roumanie" : signé Poutine.
Bien vu. Si possible, plutôt que tout Kiev raser les centres stratégiques ukrainiens.
Supprimereffecivement ! capturer le zelensky et qu'il joue du piano pour nous divertir
SupprimerBravo pour cette excellente analyse. Le moment de la vérité approche en effet, et la détermination de certains, dans l’entourage de Poutine, comme German Gref, patron de la Sberbank, à soutenir l’idée de couler la population russe dans le moule mondialiste, n’est, en effet, pas de bon augure. Je maintiens cependant ma confiance à Vladimir Vladimirovitch, le stratège, à sa concentration et ses vues personnelles, pour soigner sa « sortie de scène ».
RépondreSupprimerA votre avis, le "stratège" peine à s'entourer d'élites souverainistes, ou bien il a réussi à s'entourer d'élites globalistes ?
SupprimerLes analyses de l'article et des commentaires valent la peine d'être lus. Comment mesurer la dose de néolibéralisme présente dans les élites en Russie, cela semble relever d'un pari assez hasardeux ?
RépondreSupprimerLes Russes ont prétendu s'être fait rouler dans la farine à Minsk, mais ils savent parfaitement combien leurs ennemis souhaitent conquérir les innombrables richesses de l'immensité de leur territoire !
Poutine le sait parfaitement. Il a souffert dans la chair de sa propre famille les millions de morts russes de la seconde guerre mondiale. Je suis certaine que le peuple russe en est conscient, et qu'il lui fait confiance pour obtenir les garanties nécessaires à l'assainissement (le partage ?) définitif de l'Ukraine.
Si Poutine et ses ministres le savent parfaitement, alors comment se font ils rouler dans la farine ?
SupprimerOuest-France 10/02: "La dangereuse petite musique des forts"...
RépondreSupprimerA Yalta, les protagonistes américains de la Grande Guerre, à savoir les grands banquiers anglo-saxons, étaient évidemment absents. Seuls des historiens savent parfaitement que ces puissants de l'ombre agitaient Roosevelt et Churchill comme des marionnettes dans un théâtre.
RépondreSupprimerLes grands banquiers américains ne furent pas plus présents sur les bancs des accusés de Nuremberg. Dans ce faux procès, les Américains étouffèrent la vérité historique en exécutant une poignée de dirigeants allemands, les vaincus, désignés par Washington comme étant les seuls coupables. Evidemment le tribunal militaire américain (il n'y avait pas de juges russes à Nuremberg) n'allait pas inculper leurs patrons des crimes de guerre commis sur les populations allemandes et japonaises brûlées vives sous les bombes américaines...
Et les banquiers pouvaient repartir dès 1945 à la conquête du monde, en créant sans attendre de nouvelles institutions financières mondialistes (on dit "internationales"), dans lesquelles les élites russes menées par Staline se sont gardées de faire entrer L'URSS et aucun des pays de l'Europe de l'est que l'Armée rouge avait libérés. Staline tint en effet l'URSS à l'écart du FMI et doter la grande Russie de l'arme atomique. Et l'alcoolique Churchill, qui avait projeté de bombarder Moscou après 1945 ne put alors que déclarer "we killed the wrong pig"!
Deux groupes se sont alors partagés la direction du monde occidental : le groupe officiel, "démocratique", des gouvernements, et le groupe occulte des banquiers qui choisissent les élites (le deep state) tirent les ficelles des politiciens et des dirigeants des États-Unis, et à ses officines mondialistes pour exprimer ses directives.
Leur stratégie consiste depuis lors à mener une guerre d'usure multiforme contre la Russie. On sait qu'elle faillit réussir en 1990, soit 35 ans après l'assassinat de Staline et l'éviction des élites russes patriotiques par des traîtres voulant pérenniser leurs avantages de membres de la caste dirigeante et les transmettre à leurs enfants. C'est comme cela que des élites russes devinrent "globalistes", et il s'agit bien d'une trahison du même type que celle opérée par les Bolchéviques. Il eut fallu éliminer les néo libéraux après 1990, comme Staline le fit les Bolchéviques. Poutine choisit de négocier avec eux (il n'eut peut être pas le choix) en leur confiant les entreprises, alors que Staline les extermina et inventa un système socialiste original.
suite :
RépondreSupprimerUne partie va commencer entre les deux blocs issus de Yalta. D'un côté les très grands banquiers toujours cachés aux yeux des peuples, avec leur nouvelle marionnette Trump.2, (après un Biden sénile) dont on ne saura s'il reste un mégalomane ou s'il est devenu un sioniste messianique ou les deux à la fois.
De l'autre côté, un grand dirigeant russe sain de corps et d'esprit, auquel on souhaite qu'il conserve la pleine direction d'une Russie patriotique malgré le poids d'un camp globaliiste.
De ce que vous appelez " l'heure de vérité qui approche", dépendra le sort de la Russie et donc du monde puisqu'elle seule peut pour le moment affronter le monstre bancaire.
C'est le moment pour Vladimir Poutine de garder la tête froide du judoka sur le tatami, face à un compétiteur obèse :) car il n'est pas écrit que le monstre bancaire puisse dominer le monde entier avec les nouvelles armes silencieuses des des transhumanistes. Car Musk pourrait détruire Trump... puis le peuple américain brûler l'Intelligence Artificielle de Musk : l'heure de vérité viendra aussi pour les États Unis.
Les mois et les années qui viennent vont être hélas terrifiants pour les peuples faibles. Les élites russes comprendront elles, à la lumière de l'holocauste américain sur les Palestiniens et aussi en écoutant les soldats qui reviennent de l'enfer des tranchées sous les bombes américaines, que leur survie est dans le souverainisme et le patriotisme et non dans le globalisé ? Aujourd'hui des Irakiens dont le pays est en lambeaux achètent leur essence à des porteurs d'essence à
motocyclettes : Vae victis ! Les banquiers US n'auraient pas plus de pitié pour les élites globalistes russes que pour le peuple.
Si leonde multipolairee existait un BRICS.01 aurait été tenu durant ces trois dernières années 😢
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