Hier, Macron a téléphoné à Poutine. La discussion a duré environ 2 heures et, sans surprise, a porté sur l'Ukraine et l'Iran. Alors que les médias russes mettent l'accent sur l'Iran, les médias français insistent sur l'Ukraine. Pourtant, la réaction sur les plateaux montre surtout la faiblesse de la position de Macron et de la France sur la scène internationale, trop agressive et en échec. Sa tentative de remettre les élites globalistes européennes dans le centre du jeu a peu de chances de réussite, n'ayant rien à offrir.
Sur le fond, le coup de téléphone de Macron à Poutine a apporté peu de nouveautés. Chaque partie reste sur ses positions, de toute manière l'Occident n'a aucune marge de manoeuvre politique. Il ne peut se permettre de réellement reconnaître les nouveaux territoires russes, sous peine de reconnaître sa défaite militaire. Il ne peut abandonner le contrôle politico-militaire du territoire ukrainien, sous peine de voir ce qui reste du pays naturellement revenir vers la Russie - et donc s'infliger une défaite politique.
Ainsi, sur le dossier iranien, le discours globaliste, pseudo-pacifiste et respectueux de la sacralité de l'AIEA, fut de mise. La Russie ne considère manifestement pas ce conflit au Moyen-Orient comme existentiel pour elle. Elle tente "la modération", souligne le rôle central de la France et de la Russie à jouer dans la région, pour appeler au calme. Dans la pure tradition atlantiste des doubles standards, les deux Présidents estiment que le conflit ne peut être réglé que de manière diplomatique - What else ? Il est vrai que de toute manière les frappes américaines et israéliennes n'ont pas pu renverser le pouvoir, donc reste la voie diplomatique pour y parvenir. Quel est l'intérêt de la Russie ici ? C'est une autre question ...
En revanche, les positions divergent sur le dossier ukrainien, qui est le conflit primaire de la confrontation Atlantiste / Russie. Dans le communiqué publié sur le site de l'Elysée, Macron appelle à la seule chose qui importe pour les Atlantistes : un cessez-le-feu, c'est-à-dire à l'arrêt unilatéral et sans condition de l'armée russe. On appelle ça une capitulation.
S’agissant de l’Ukraine, le Président de la République a souligné le soutien indéfectible de la France à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Il a appelé à l’établissement, dans les meilleurs délais, d’un cessez-le-feu et au lancement de négociations entre l’Ukraine et la Russie pour un règlement solide et durable du conflit.
Du côté russe, Poutine appelle à une résolution stratégique du conflit par l'élimination de ses sources et à une reconnaissance de la nouvelle réalité territoriale, comme cela est publié sur le site du Kremlin :
Évoquant la situation en Ukraine, Vladimir Poutine a rappelé que le conflit ukrainien est la conséquence directe de la politique des États occidentaux, qui ont ignoré pendant de nombreuses années les intérêts sécuritaires de la Russie, créé une base antirusse en Ukraine, toléré les violations des droits des russophones et mené actuellement une politique de prolongation des opérations militaires, alimentant le régime de Kiev en armes modernes.
Évoquant les perspectives d'un règlement pacifique, le président russe a confirmé les principes fondamentaux d'éventuels accords, qui devraient être complexes et à long terme, prévoir l'élimination des causes profondes de la crise ukrainienne et s'appuyer sur les nouvelles réalités territoriales.
Si le fond n'a apporté aucune sensation, le fait même de l'appel est des plus significatifs. La France est devenue sous Macron la tête de pont de la russophobie, ses responsables politiques enchaînent les déclarations dithyrambiques concernant "l'épuisement de la Russie" et l'assurance dans une victoire possible de l'Ukraine - c'est-à-dire une confiance en la victoire des globalistes.
L'extrémisme de la position française, qui tente avec l'Allemagne et la Grande-Bretagne de mettre en place une coalition militaire - évidemment "de paix", est confronté à une réalité politique bien différente du fantasme diffusé sur les ondes.
Les dirigeants des pays européens ne sont pas très chauds, les populations sont fatiguées, les économies sont en crise et Trump, qui n'a pas réussi à faire capituler la Russie, est de plus en plus confronté à la politique intérieure américaine et à la chute de son capital politique, fondé sur une illusion. Bref, l'humeur est des plus moroses. Et les réactions sur les plateaux le reflètent. Même les propagandistes semblent fatigués.
Il semblerait que ce spectacle ait été joué plus pour le public français, que russe. Macron a besoin de repositionner les élites européennes globalistes dans le jeu. Poutine pense devoir montrer qu'il est toujours ouvert à la discussion. Même si sur le fond, rien ne peut changer, tant qu'une partie n'abandonnera pas le combat.
L'illusion Trump, le Pacifiste a vécu. Il faut reprendre une ingénierie politique plus classique. Il va être amusant de voir l'évolution du discours politico-médiatique russe, qui était forgé de manière manichéenne sur l'opposition frontale Trump-gentil vs. Européens-méchants. Ils seront tous gentils ou tous méchants, finalement ? Ou ne restera-t-il plus que Zelensky, pour jouer le rôle du méchant, et ainsi exempter tous les véritables acteurs ?
PS : Après la conversation avec Poutine, Macron a appelé Zelensky. Rappelons, que la Russie ne cesse d'appeler à une nouvelle rencontre pour discuter des projets de résolution du conflit.
Staline discuter courtoisement au téléphone pendant deux heures avec Adolphe
RépondreSupprimerCette Russie post-soviétique est un pays sans colonne vertébrale
Un poisson d'eau trouble, sans alliés ni alliance, qui bouffe à tous les rateliers
Ce qui est particulièrement agaçant c'est la position commune Macron/Poutine sur le fait que l'AIEA doit pouvoir surveiller le nucléaire iranien alors qu'on sait maintenant que les informations obtenues par Grossi étaient transmises à Israël. Cette position de Poutine souligne l'importance qu'il accorde à la sécurité d'Israël. La dissuasion d'une bombe iranienne n'est d'aucun intérêt pour lui.
RépondreSupprimerIl y a un autre aspect à ce dossier du nucléaire iranien. C'est que le Parlement iranien a voté à l'unanimité l'interdiction d'accès de Rafael Grossi et de l'AIEA aux sites sensibles en Iran, mais c'est le Conseil suprême de sécurité qui est seul maître de cette décision.
SupprimerCe qui signifie que la Russie est à peu près le seul pays à pouvoir exercer une certaine influence sur Téhéran, l'Occident n'a plus aucune source directe d'information sur les sites.
La question pour un champion est maintenant de savoir si Téhéran se retirera du TNP ?
Si c'était le cas, il y aurait un blackout total sur tout ce qui concerne le nucléaire en Iran. Il y aurait de quoi rendre Tel Aviv complètement paranoïaque.
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Bellefontaine
La différence entre Vladimir Poutine, le grand dirigeant de ce début du XXI siècle, et Micron, le VRP de Rothschild & Co, biberonne aux illusions !
RépondreSupprimerMacron veut exister, avec cette conversation, il est reparti pour six mois au moins à faire la toupie avec des médias massivement de son coté.
RépondreSupprimerDeux heures ! Franchement, Poutine n'a rien à faire, ou quoi ? J'aurais donné à notre Macron 10 minutes, pas une de plus.
RépondreSupprimerSi je me souvient bien, c'est le même Poutine qui expliquait pendant sa campagne électorale que son temps est divisé en intervalles de 30 minutes y compris quand il est avec sa famille. Finalement, il est bien sympa, ce Poutine.
Après il a peut-être fait discuter Macron avec une IA russe ? Ca, ça aurait de la gueule !
Effectivement 2 heures avec Macron, je ne sais pas ce qu'ils peuvent se dire n'étant d'accord sur rien et chacun restant sur ses positions. De plus Macron ne représente pas la France mais ses maîtres et enfin Poutine ne peut plus avoir confiance sur le faut que leur discussion reste privé. 2 heures dans ces conditions cela me paraît impossible.
Supprimer« Quel est l'intérêt de la Russie ici ? C'est une autre question ... »
RépondreSupprimerMême en ne faisant rien, la Russie récoltera les bénéfices d'une politique européenne dépenaillée dont la conduite est négligée et dont le désordre augmente à vue d'œil. Mais puisqu'il faut en passer par là !
Il est pathétique de voir Macron et ses amis Starmer et Merz, les " Nouveaux somnambules " du Berliner Zeitung que Ray McGovern qualifie joliment de " Coallition of the Brain Dead ", jouer les matamores en sachant que ce qui les attend est une reddition pure et simple. Les conditions russes d'un cessez-ce-feu sont claires et elles n'ont changé en rien depuis que Vladimir Poutine les a formulées explicitement en juin 2024.
Or, si Macron n'aboie plus pour un rien, maintenant que son maître américain déserte le champ de bataille, il est toujours le petit roquet hargneux qui cherche un nouveau
motif pour se remettre à japper. Car c'est tout ce qu'il sait faire, l'état dans lequel il laisse la France en témoigne.
Le prix des illusions apparaît sans fard quand les Américains se détournent et que le fardeau de la guerre d'Ukraine devient impossible à supporter. On cherche désespérément une voie de sortie pour découvrir qu'il n'y en a pas sans la Russie. Macron a appelé Poutine comme on va à Canossa en espérant l'amadouer, et s'il semble avoir vu où loge désormais le centre du pouvoir, il lui reste encore à abandonner ses illusions de grandeur et veiller à ne pas se brouiller définitivement avec Poutine qu'il est bien incapable de défier. Mais il reste que Minsk a bien démontré qu'on ne peut se fier aux Européens. S'ils ont triché une fois, ils tricheront encore, c'est le propre des incapables et plus encore si ce sont des couillons.
« Ils seront tous gentils ou tous méchants, finalement ? »
Je soumets une autre option : ils seront tous insignifiants et ils le resteront le temps de sécher leurs larmes et de soigner leurs plaies. Mais il leur faudra d'abord aller au bout de leur vaine entreprise et s'épuiser à poursuivre un horizon qui leur échappe avant de retourner à la réalité et à des relations constructives à la mesure des leurs moyens. Les peuples européens semblent, eux, avoir bien compris la situation et ils se gênent de moins en moins pour le dire.
Alors, plutôt que de se charger de la confrontation Atlantiste / Russie, il leur faudrait s'assurer de maintenir la paix en Europe avant qu'un tribunal populaire s'en charge.
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Bellefontaine