Hier, lundi 23 juin, pour la première fois depuis le début de la guerre civile en Ukraine, les différentes parties se sont réunies autour d'une table, sous l'égide de l'OSCE et de l'ambassadeur russe en Ukraine, pour tenter d'amorcer une sortie de crise.
Du côté du pouvoir ukrainien, évidemment, aucun officiel n'était présent, sauf un député de la Rada, cela aurait donné trop de poids à des négociations dont l'avenir est encore incertain. Mais l'ancien Président Kuchma a été mandaté par Poroshenko pour le représenter et l'on notera également la présence de Medvedchuk, ancien chef de l'Administration présidentielle en 2012. Donc, ce sont des personnalités importantes, mais qui n'ont aucun pouvoir décisionnel.
Au fait, la position politique de Medvedchuk est bien connue, pour un rapprochement avec la Russie, pour la fédéralistation, contre la corruption etc. Mais petit fait intéressant, V. Poutine est le parrain de la fille de la Medvedtchuk, baptisée à St Pétersbourg en 2004, et sa marraine est la femme de D. Medvedev.
Côté résistants, le chef de l'exécutif de la République de Donetsk, A. Borodaï, à travers lequel d'aucun voit la main de Moscou dans la construction politique de la République. Il y avait également O. Tsarev, ancien candidat aux présidentielles en Ukraine, persécuté par le pouvoir en place, qui a retiré sa candidature et est entré en confrontation directe malgré les menaces. Sa famille a été évacuée en Russie et bénéficie du soutient russe. Pourtant, son poids dans le Donbass est très flou, il vient de la région voisine de Dniepropetrovsk - dirigée par Kolomoïsky. La République de Lugansk était représentée par différentes personnes de second rang.
Au nombre des intermédiaires, on note la représentante spéciale de l'OSCE et l'ambassadeur russe en Ukraine.
Bref, sous l'égide de l'OSCE, la Russie a avancé les personnalités "fréquentables" avec lesquelles il serait théoriquement possible de construire un dialogue. Mais la réussite de ce dialogue va dépendre de leur poids politique réelle. Car s'ils sont fréquentables, ont-ils pour autant la possibilité de contrebalancer le poids des "non" fréquentables issus du coup d'Etat à Kiev (Kolomoïsky, Avakov, Parubei etc.)?
En effet, ce processus ne fait pas l'unanimité. Sans même parler des extrémistes à Kiev qui n'ont aucune envie de finir devant un tribunal pénal international et feront tout leur possible pour faire échouer le processus de paix.
O. Tsarev a posé de nombreuses conditions, comme l'amnestie pour les combattants, la libération des prisonniers politiques, la condamnation des forces armées ayant commis des crimes contre les populations civile, le retrait des groupuscules paramilitaires, de la Garde Nationale, de Secteur droit etc. Mais ces conditions c'ont pas toujours convaicu dans les régions en guerre. Ainsi, P. Gubarev, l'emblême combattant de la République de Donetsk affirme ne pas très bien comprendre à quoi rime ces négociations avec les bourreaux de leur peuple. Pour lui, rien n'est possible tant que Kolomoïsky, Avakov et Liachko ne leur ont pas été livrés pour être déféré au Tribunal pénal international de La Haye.
Il semblerait que la branche américaine de l'UE, en la personne bien connue de C. Ashton, qui était alors particulièrement au courant de l'affaire des snippers à Maïdan, ne soit elle non plus pas heureuse de la tournure des évènements et veuille les saboter. Pour cela, le jour même où la Russie réussie à faire assoir ensemble les parties au conflit, elle affirme de nouvelles sanctions contre la Russie qui ne pourront prendre fin que lorsque celle-ci se défera de la Crimée, peu importe ce que les habitants de Crimée en pensent, cela n'intéresse pas Mme Ashton, chef de la diplomatie "européenne".
Malgré tous ces empêchements et toutes ces difficultés, les deux parties ont décidé d'un cessez-le-feu jusqu'au 27 à 10h. Hélas, l'artillerie ukrainienne a attaqué dans la nuit la ville de Privolnoe, dans le nord de la République de Lugansk. De son côté, Poroshenko propose à la Russie d'envoyer ses inspecteurs en Ukraine pour contrôler la bonne exécution du cessez-le-feu. Côté ukrainien, on ne reconnaît pas les tirs de cette nuit.
Le processus est fragile, tant militairement que politiquement. Militairement, car Poroshenko ne maîtrise pas toutes les fractions armées actuellement impliquées dans le combat et le pire ne vient pas de l'armée régulière ukrainienne. Politiquement, car la Russie a repris la main des négociations et, ne serait-ce que pour cette raison, cela ne va pas plaire à tout le monde. C'est en tout cas un début, voyons comment ça va évoluer.
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