L'indépendance de la Catalogne avec des slogans en anglais |
Hier a eu lieu une grande farce tragi-comique, qui n'a rien à voir avec les grandes messes démocratiques. Nos médias furent remplis d'images de violences policières contre des gens "qui ne veulent que voter", nous mettant dans l'émotion, interdisant toute réflexion. Comment analyser face à un visage tuméfié? Alors reprenons notre liberté et osons poser quelques questions face à ces soi-disant 90% de oui à l'indépendance.
La manipulation a commencé avec une revendication faussement anodine, faussement incontestable, comme si les élections n'étaient pas réglementées, ni les référendums, comme s'il était possible de voter n'importe où et n'importe comment et être légitime.
Quelle légitimité: 90% de quoi?
Pour compter des voix, il faut normalement un processus transparent et organisé selon les règles en vigueur. C'est ce qui différencie un acte démocratique d'une opération de destabilisation. Rappelons donc que ce référendum a été interdit notamment par le tribunal constitutionnel espagnol, qu'il a été organisé en toute illégalité, notamment en mettant la pression sur les écoles pour qu'elles donnent leur locaux, même si elles n'étaient pas d'accord. Ce procédé d'intimidation est déjà bien loin des pratiques démocratiques avait eu lieu déjà en 2014.
Autres détails: les centres de vote dans la matinée ont été déconnectés par la Garde civile du fichier national, c'est-à-dire que les gens pouvaient voter dans plusieurs écoles, sans décompte automatique, ce que le ministère de l'intérieur a indiqué:
Ce qui a été prouvé en image:
Rappelons que la Garde civile a fermé plus de la moitié des bureaux de vote. Et que du coup des urnes ont été déposées dans la rue ... sans aucun contrôle d'identité. Voir la vidéo ici:
C'est dans ce contexte que les indépendantistes catalans annoncent une victoire historique avec 90% de oui ... Ce qui est surprenant, c'est qu'il y ait environ 10% de non, il a bien fallu tenter de donner une apparence démocratique à cette mascarade. Car vous savez que le référendum est illégal, que la police va intervenir, vous ne voulez pas de l'indépendance et évidemment vous allez voter et ainsi légitimer un acte contre lequel vous vous opposez ... soit.
Donc 90% de quoi? Formellement des 2020144 bulletins déposés, on ne sait pas par qui, on ne sait où, ce qui donne un taux de "participation" formel de 42,34%. Mais ici aussi, le bât blesse. Car de toute manière, même si l'on ferme les yeux sur toutes les violations lors du déroulement des opérations de referendum, selon la législation en vigueur, notamment en Catalogne, un referendum est valide si le taux de participation est supérieur à 55% ...
Finalement, quel que soit l'angle d'analyse, ce referendum est illégal. Illégal car interdit par le Tribunal constitutionnel. Illegal car il s'est déroulé sans aucune transparence. Illégal car le taux de participation est inférieur à celui légalement posé.
Alors faut-il annuler toutes les lois devant les images?
Car la manipulation madiatique qui submerge ce référendum n'a rien ni d'innocent, ni de spontané. Ce referendum doit être validé, car il le faut. Il le faut car l'Etat espagnol, en tant qu'Etat est fautif et les indépendantistes catalans sont les héros de la liberté face à un Etat tortionnaire. Le Bien contre le Mal, un véritable conte de fée.
Par pure démagogie, l'on dit que les catalans "veulent juste voter". Juste voter? Comment ça? Ils n'ont rien à faire dimanche, ils vont "juste voter", rentrent chez eux et il n'y aura aucune conséquence? Il ne vont pas juste voter, ils vont voter pour détruire l'Etat espagnol. Un Etat qui existe, à l'inverse de l'Ukraine un Etat qui n'est pas en faillite, qui donc ne se laisse pas faire. Ils veulent "l'indépendance", pas par grandeur d'âme, mais pour cesser de financer avec leurs impôts les territoires plus pauvres du pays. Oups, on est loin de David contre Goliath, pas très sympa David ici... Donc le discours reste dans le registre romantique et les articles de presse ne posent aucunes questions. Ils jouent sur l'instant et les images. Et il est vrai que la police a eu la main lourde. Mais la police avait 12h pour gasser le mouvement et protéger l'Etat dans l'intérêt de la majorité. Voici ce qui abreuve les écrans:
C'est pourquoi le matraquage médiatique se met en place très vite et les réseaux sociaux se tiennent prêts
La presse amplifie le mouvement et l'on apprend dans la presse unanime que Madrid a perdu la guerre des images, ce qui est manifestement plus important que toute considération légale:
Donc peu importe les fondements, les règles de droit, peu importe l'Etat de droit, l'Etat médiatique prend le dessus. Si tel est réellement le cas, nous entrons dans une période de non-droit, une période d'une très grande instabilité qui remet à l'ordre du jour le droit du plus fort, qui est le contraire de la démocratie.
Mais alors pourquoi tronquer la médiatisation?
Dans cet espace surmédiatisé, il n'existe aucune règle, aucune garantie. Les images sont choisies, celles de femmes blessées, les victimes idéales. Celles d'un peuple allant contre la police. Comme ici:
Avec cette confusion entre peuple et foule. Ici ce n'est pas "le peuple" qui avance, c'est une foule. Une foule lancée. Ce qui est beaucoup moins romantique.
L'on retrouvera aussi les manifestants pacifiques, que serait-on sans eux, ici aussi bien préparés pour donner de belles photos. Avec sitting:
Mais l'on n'insiste pas trop sur les barricades:
L'on médiatise les manifestants les mains levées, symbole des manifestants pacifiques contre les méchants policiers:
Et l'on ne parle pas des violences contre la police (en vidéo ici):
En revanche l'on retrouvera ces charmantes jeunnes filles, toujours les mêmes sur toutes les scènes médiatiques quel que soit le pays:
C'est quand même plus joli que cette image-là avec les dérives xénophobes des gentils indépendantistes (lire l'article)
Silence encore sur les insultes proférées par des indépendantistes catalans face aux autres catalans qui ne sont pas indépendantistes (vidéo ici)
Et l'on ne parle pas de la fracture sociale, pour se focaliser sur "un peuple" contre la police. Certes, dans ce cas, l'on raconterait une autre histoire, avec beaucoup moins de pathos ... Finalement, la presse a choisi de raconter "une" histoire et non de couvrir l'évènement.
Le Gouvernement espagnol avait-il le choix?
Car comment aurait-il pu réagir? Ne pas réagir revient à reconnaître la fin de l'Etat espagnol, ce qui aura des incidences sur près de 47 millions d'habitants pour satisfaire la volonté de 2 millions, en tout cas vu le nombre de bulletins, même s'il n'y a aucune garantie qu'un bulletin corresponde à une voix. Dans tous les cas, cela reviendrait à la victoire d'une minorité contre la majorité. Ce qui n'est pas non plus la démocratie.
Si le Gouvernement espagnol agit, il ne le peut qu'avec la force car il doit briser très rapidement le mouvement pour éviter qu'il ne dégénère comme ce fut le cas avec le Maidan et la crise dont le Ukraine ne sort pas.
En effet, ces évènements sont une première en Europe de l'Ouest, où les sociétés étaient protégées des soubresauts pseudo-démocratiques des pays d'Europe de l'est. Même lors de manifestations, personne ne pensait sérieusement à la révolution. Celle-ci était considérée comme hors la loi par la communauté internationale. Hier, il y a eu tentative de la faire rentrer dans l'ordre normal des choses en Europe de l'ouest.
Le cours politique ne vous plait pas? N'attendez pas les élections, sortez dans la rue et demandez votre indépendance. Diviser pour mieux règner. Affaiblir pour prendre le contrôle. Rien de très original. Mais le fait que nos société dites développées et complexes tombent dans le panneau montre à quel point les capacités de réflexion de chacun ont chuté.
Recul de la réflexion derrière l'émotion. Confusion de la liberté et du chaos. De la démocratie et de l'anarchie. Le tout en toute impunité: car il est possible de désobéir, mais l'on ne doit absolument rien risquer. Pourtant le corps de l'Etat ne s'est pas laissé tuer, ce qui a choqué l'opinion.
Pas très chaud pour ce commentaire, car quelques soit les révolutionnaires connus, pas un seul n'a respectés les lois de l'époque. Bien sur cette article doit servir comme réflexion. La question que je me pose, est....! si les indépendantistes sont de la même trempe que la ligue du Nord en Italie qui voulait séparer le nord du sud, idem pour la Belgique, alors....., on doit être prudent. Voilà nous n'avons que des informations tronquées et tel que cela c'est passé avec la Syrie, les médiats ce taisait ou donnait des informations incorrectes.Je vous informe que je ne suis nullement un spécialiste, mais un militant de base pour une véritable démocratie (Populaire).
RépondreSupprimerPeut être, mais de tous les révolutionnaires connus combien étaient sponsorisés par Georges Soros ou un de ses prédécesseurs ?
Supprimerhttp://www.voltairenet.org/article198083.html
L'indépendance de la Catalogne rejoint celle de l'Ecosse, bientôt celle des basques ou des flamands. On s'arrête où dans le démembrement des états européens ?
A chaque peuple, à chaque langue, son état, son gouvernement ? avec l' UE über alles ?
En fait, Soros et ses petits copains financent tout le monde. Ainsi, ils sont sûr de ne pas perdre de billes.
SupprimerLe fait que les banderoles soient écrites en anglais et pas en espagnol, veut tout dire.
RépondreSupprimerVous avez absolument raison. Ca sent le sponsor
SupprimerJe lis beaucoup de commentaires qui voient dans la volonté d'indépendance catalogne la marque de la fracture des États voulue par les États-Unis pour mieux gouverner le monde. On peut effectivement le voir comme ça.
RépondreSupprimerMais on peut aussi considérer que les Catalans refusent la mondialisation qui fait que leurs finances sont asséchées pour renflouer des banques. Le refus de l'austérité pour une région riche. Le refus de la fermeture des hôpitaux et des écoles, privés de budget, et le choix de gérer leur argent d'une autre manière que celle que les banquiers ont décidé pour eux. Si l'Espagne veut faire faillite en soutenant des banques moribondes, les Catalans ont le droit de ne pas vouloir sombrer avec elle.
Nous sommes biens ici dans le cadre d'un État failli qui ne rempli plus ses obligations de protection et de bien-être de son peuple. Peuple qui, dès lors, devient légitime à se gouverner par lui-même.
Indigence de la réflexion (il vrai qu'il s'agit d'une "humeur"), digne de nos médiacrâtes les plus réactionnaires, due à une méconnaissance historique - ou au mépris - du "Procés" indépendantiste catalan, de sa complexité sociologique, politique, de sa
RépondreSupprimerconstruction. Parti pris idéologique étriquement
nationaliste et simpliste qui place l'auteure de ce "billet d'humeur" aux côtés de la caste dirigeante espagnole (PP, PSOE ...) dont les méthodes répressives rappellent les sinistres heures du franquisme.
Marrant : c'est exactement ce que j'ai vu en Crimée et dans le Donbas. Merci pour votre clairvoyance !
RépondreSupprimerQu'est-ce que vous avez vu en Crimée et dans le Donbass?
Supprimer90% de oui de 42% de votants = 37,8% de gens qui ont voté pour l'indépendance. Vous parlez d'une majorité !! Des journalistes français ont affirmé avoir pu voter 2 fois sans problème en étant étrangers et donc inscrits sur aucune liste. Quelle pantalonnade !!
RépondreSupprimerJe suis totalement contre le dépeçage de l'Espagne.
""L'Etat médiatique prend le dessus"". C'est également flagrant en matière judiciaire. La presse désormais définit les coupables, et non la justice. Abdeslam est coupable, c'est établi et admis, mais personne n'a vu ou lu un acte d'instruction ou d'enquête qui l'établit, ou même pourrait l'établir. Idem pour Merah, je ne me souviens pas d'avoir lu des éléments concrets d'instruction judiciaire.
RépondreSupprimerPapier intéressant. On peut souscrire, en effet il n'existe que deux possibilités pour qu'un referendum soit valable comme expliqué sur votre précédent papier.
RépondreSupprimerIl ne reste pas moins que Rajoy a agit au mépris de la démocratie avec une utilisation disproportionnée de la violence. Après tout il s'agissait de citoyens allant voter et non d'anarchistes. Cela se retournera contre lui, il n'a fait que monter le peuple conte son autoritarisme.
On peut aussi réfléchir à la question sous un autre angle, voir les paroles de Vucic sur l'hypocrisie de l'EU:
"The question every citizen of Serbia has for the European Union today is: How come that in the case of Catalonia the referendum on independence is not valid, while in the case of Kosovo secession is allowed even without a referendum" ?
Je trouve fascinant que cet article soit illustré par ces photos dont les deux premières montrent des bannières ou drapeaux qui ne sont pas en espagnol, même pas en catalan, mais en anglais...
RépondreSupprimerAurais-je loupé un truc sur l'évolution linguistique au sud des Pyrénées ?
Vous n'avez rien loupé sur l'évolution linguistique au sud des Pyrénnées. Mais peut-être bien sur la guerre de communication. Et ici l'anti-système est bien malmené par le système qui brouille très bien les cartes. Pour connaître la position du système, il suffit de voir la position de l'organisation de bruxelles. Anti référendum, pro Raroy. Je vous invite à consulter le site dedefensa.org
SupprimerVotre article du 27 septembre revenait sur cette question : Quand un référendum d'indépendance est-il légal?
RépondreSupprimerVotre analyse est bonne sur la distinction entre un État failli et un pouvoir constitutionnel. Mais elle se heurte à la jurisprudence du Kossovo.
L'indépendance du Kossovo a été reconnue par l'ONU alors qu'elle était unilatérale, dans un État légitime et constitutionnel.
C'est ce coin enfoncé dans l'ordre légal qui rend légitime toutes les velléités d'indépendance présentes et à venir.
La Catalogne n'est que la continuité du Kossovo.
Je trouve que la question est mal posée. Il ne s'agit pas de savoir si ce référendum est valide, représentatif, manipulé. Mais plutôt dans quel cadre est-il légitime de réaliser un référendum ? En Crimée était il légitime ? La plupart des commentateurs de ce site le pense? Qu'est ce qui sépare, cette tentative référendaire de celle de la Crimée ? La rupture de contrat me diront certains. Pour ma part, je pense que la situation est la même ici en Catalogne. Le contrat tacite qui voudrait qu'en démocratie, la liberté des peuples à disposer d'eux même est un principe à respecter. Qu'en démocratie la liberté d'expression est un principe à respecter, qu'en l'état un nombre de catalan non négligeable pensent qu'ils ne sont pas respecter et qu'ils pensent que face à Madrid ils ont moins de droit est une réalité. Il faut arrêter de penser que l'Espagne comme tout autre État serait la pour l'éternité. Tout se transforme.
RépondreSupprimerMaintenant une bonne question pourrait être à quel échelle serait-il légitime de tenir ce référendum ? Doit-il concerner uniquement la Catalogne ou l'Espagne entière ?
C'est absurde, l'autonomie de la Catalogne est telle qu'il ne lui manque qu'une voix à l'ONU pour être indépendante. Que les catalans se sentent brimer par le pouvoir espagnol, c'est de la foutaise du grand n'importe quoi. Quand on adopte une constitution à 91% on se doit de la respecter.
SupprimerCe que tu dis cela équivaut à dire : " on m'a demandé une fois mon avis, il vaut pour toujours" . Même notre,système démocratique ne fonctionne pas ainsi. Je trouve que ton argument est absurde.
SupprimerEt j'ajouterai que deux millions de Catalans ne semblent pas penser comme toi. Nier les choses ne les font pas disparaître. Ce qu'il faut à mon sens c'est connaître l'avis des 3 millions de Catalans/espagnols qui n'ont pas été voter. Et surtout arrêter d'avoir peur de la démocratie. Pour ma part je pense que le résultat ne sera pas celui qu'on pense. On peut se rappeler le référendum écossais ou québécois pour voir que dans beaucoup de cas l'indépendance n'est pas préférée. Au moins ces pays on eu le courage de se poser la question et cela à éviter de nombreux blessés ou des pertes économiques,....
SupprimerEt face à l'histoire. Les Pays-Bas ne sont pas un État failli quand la Belgique déclaré son indépendance.
RépondreSupprimerMerci pour ce billet.
RépondreSupprimerLes idées sont une chose, la réalité en est une autre, lire l'article d'Asselineau ici :
https://www.upr.fr/actualite/catalogne-lue-leuro-se-passerait-cas-dindependance#
Pour ceux qui s'interrogent sur l'audience donnée dans l'UE aux mouvements catalans: http://reseauinternational.net/israel-sera-notre-banque/
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