Billet moscovite : comment peut-on avoir si peu de victimes ? Construisons des hôpitaux de campagne!

La Mairie de Moscou, pour une raison qui nous échappe encore, à moins qu'il ne faille regarder du côté des lobbys qui tournent autour, transforme en catastrophe les salles d'exposition de la ville en hôpitaux de campagne, préparant 10 000 lits pour les malades du coronavirus qui, malgré le dopage intensif des chiffres, n'arrivent toujours pas à y succomber en masse. Dans tous les cas, il y a une tentation évidente de jouer à la Petite Guerre, à moins qu'il ne s'agisse déjà d'une lutte pour sa survie politique. Du coup, on n'a plus le temps de prendre des gants, l'on agit dans la nuit et sans prévenir, comme au bon vieux temps. L'expropriation "temporaire" nocturne réalisée à la salle d'exposition de Sokolniki renforce cette impression de chaos. C'est en tout cas ce qu'exprime la surprise des exposants qui, en une nuit, sans avoir eu la possibilité de récupérer leur bien, ont été mis devant le fait accompli, sans obtenir même une compensation.

Avec le décompte plus qu'inclusif mis en place en Russie, allant de la pneumonie au rhume pour aider les statistiques covidiennes, la Russie peut enfin remonter dans la hiérarchie des pays et rejoindre la cour des grands - du moins au regard des personnes dites touchées par le coronavirus. Elle est presque arrivée au niveau de la France, mais ne nous inquiétons pas, avec tous les efforts qui sont faits, quand l'Europe sera déconfinée, à ce rythme-là, l'on continuera à compter et recompter le Covid en Russie (ça c'est le scénario pessimiste qui, je l'espère, ne se réalisera pas).

Si au regard des personnes déclarées touchées la Russie fait entièrement partie du Club atlantique, en revanche concernant les personnes dont le décès est attribué au Covid, il y a un laisser-aller, ni plus ni moins, que terrible. Voire impardonnable après tant d'efforts.

On ne trouve même pas la Russie dans le Club des grands. Il faut descendre, descendre, descendre, passer la Suède, descendre, passer la Suisse, descendre, passer l'Inde et l'on trouve enfin la Russie avec ses 1 356 personnes décédées depuis le début de la crise. 

Sachant qu'il meurt environ 5 000 personnes par jour en Russie. Vraiment, il faut faire quelque chose, les hôpitaux doivent objectivement être débordés avec ces chiffres. Débordés de façon naturelle, pas du tout résultant d'une désorganisation organisée. Non, comment gérer un tel afflux ? 

A moins que des centaines de milliers de personnes ne soient mises en observation ... Ca c'est bien, ça donne l'impression de masse et en plus ça présente le grand intérêt de justifier les mesures liberticides inédites qui sont prises, en Russie et de par le monde. N'oublions pas, plus de 4 milliards d'êtres humains assignés à domicile, simplement parce que justement ce sont des êtres humains attendant docilement que cette guerre finisse; cette guerre dont l'homme plus que le virus semble être la cible.

S'il y a guerre, il faut bien des hôpitaux de campagne, sauvons le soldat Serioja, avant qu'il ne succombe à la chute du virus sous les attaques du redoutable général Soleil, nous sommes en mai, la guerre risque d'être perdue, tous les efforts doivent être lancés dans cette bataille décisive.

Alors, les salles d'expo de la ville sont transformées en hôpitaux de campagne. Il y a urgence, l'on ne peut pas attendre les formalités. Ainsi, à Sokolniki, une expo de cables hautes tensions, production russe de grande qualité, un matériel de prix, avait été mise en place, mais n'a pu ouvrir car le virus s'est emparé de la politique intérieure. Elle fut suspendue à des temps meilleurs, le matériel est resté dans les stands, qui avaient été montés, que les exposants avaient payé. Dans la nuit du 30 avril au 1er mai, sans qu'aucun exposant n'ait été averti officiellement, tout fut nettoyé, alors qu'avant déjà ils avaient proposé de récupérer leur matériel à leurs frais, si l'organisateur de l'exposition leur remboursait le paiement effectué - ce qui  leur avait été refusé. Une partie a simplement disparu, une partie a été entreposée dans d'autres endroits, sans marquage, sans savoir quoi appartient à qui. Certains exposants qui ont vu l'info le 1er au matin dans la presse ont pu sauver quelques bribes en arrivant en urgence.

La question qui se pose pour ces entreprises, qui ont perdu une partie de leur production est simple : qui va payer ? Le 30 avril, la mairie demande à l'établissement public culturel de Sokolniki de libérer les lieux de l'expo pour organiser un hôpital de campagne. A son tour, l'établissement public demande à l'entreprise gérant la salle d'exposition. L'efficacité est indéniable, un peu barbare au regard du droit de propriété, mais certes, efficace. Des exposants ont décidé de se retourner en justice contre la mairie et la chaîne des responsables, voyons ce qui en ressortira. Sans même parler de la manière dont cela a été fait,  la nuit dans la précipitation, les exposants ne comprennent pas sur quel fondement juridique tout ce chaos a été réalisé.

Quoi qu'il en soit, il semblerait que ces travaux démontrent la volonté de faire durer le plaisir encore longtemps. Le général Soleil, qui semble être le dernier espoir de la raison, va-t-il réussir à faire tomber cette étrange armée ?