Un projet d'oukase présidentiel a été mis en ligne prévoyant la mise en place au sein du ministère des Affaires étrangères d'un nouveau Département, chargé de développer la langue, la culture et la vision du monde propre à la Russie. Il s'agit, selon les explications données, de la mise en place d'un instrument de soft power. Face à la montée en agressivité d'une culture anglo-saxonne révisée et elle-même coupée de ses sources, portant une vision du monde mortifère et post-humaine, avancer une alternative serait une bénédiction, tant à l'international qu'à l'intérieur. Les combats ne se gagnent pas uniquement avec des armées, mais aussi avec la conquête des cerveaux, comme l'histoire l'a montrée plus d'une fois.
La Russie veut développer la coopération internationale en développant la langue et la culture russes. Or, la question de la langue n'est jamais une question neutre. En fonction de la langue que l'on parle l'on se situe dans le monde, on construit son monde, son identité ; l'on formule différemment sa pensée selon la langue, l'on pense différemment selon la langue. Les citations des films et chansons cultes des uns ne sont pas ceux des autres peuples et souvent difficilement traduisibles. Les référents culturels vont varier selon les langues et avec eux les schémas de catégorisation de la réalité et les schémas interprétatifs.
Quand la Russie veut créer au 1er janvier 2022 un Département de 35 personnes pour diffuser la langue et la culture russe, c'est effectivement une décision politique qui se prépare. La question de la coordination par ce Département du ministère russe des Affaires étrangères des politiques de collaboration culturelle, scientifique, artistiques, dans les sciences humaines, est bien envisagée comme le développement d'un soft power.
Dans un contexte géopolitique particulièrement tendu, où les politiques d'endiguement et de refoulement de la Guerre froide n'ont pas pris fin avec la chute de l'URSS, il est fondamental pour la Russie de développer sa zone géographique et humaine d'influence, sa zone de sécurité, sa zone de force. En proposant une culture différente de celle portée par le monde post-moderne, en opposant un modèle de vie face à ces dérives mortifères, la Russie peut trouver la voie, et pour la stabilisation de sa position géopolitique, et pour la stabilisation de sa situation intérieure face aux tentations d'une plongée dans les abysses du globalisme post-humain.
Excellente initiative qui a par ailleurs commencé depuis la création de certains médias internationaux comme RT, Ruptly et Sputnik que je suis avec bonheur car ce sont les seuls a distiller une information fiable, non biaisée par un atlantisme et un américanisme de "bon aloi". Avec France-Soir et des sites de ré-information comme Réseau-International, ce sont les rares médias qui informent et font réfléchir.
RépondreSupprimerIl est scandaleux que les journalistes de RT ne soient toujours pas accrédités à l'Elysée depuis que son locataire actuel -russophobe s'il en est- en a décidé ainsi sans la moindre explication pour la plus grande honte des citoyens français intéressés comme moi par la culture, la science et l'économie du plus grand pays du monde.
Oui excellente initiative et o combien necessaire! Nous sommes nombreux a vouloir secouer le joug culturel americanophile qui broie nos cultures et broiera ce qui reste de l'europe a court terme. Y a-t-il un moyen d'aider?
SupprimerIl s'agit d'une initiative qui je l'espère fera contre-point à l'anéantissement culturel et social des pays occidentaux. Je reste attentif à ce développement. Un grand merci pour cet article.
RépondreSupprimerIl serait temps. Les ministres de la culturesucessifs semblent se ficher éperdument du patrimoine matériel et immateriel de la Russie. Le saccage des villes anciennes, les rénovations de très mauvais goût, le vieux mépris de tout ce qui est russe au nom de n'importe quelle nouveauté occidentale... J'espère qu'il n'y aura pas encore contradiction entre l'oukaze présidentiel et son application dans les faits.
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