Alors que les officiels russes annoncent que dès la reprise du Donbass, ils relanceront sérieusement les négociations avec l'Ukraine, espérant toujours une guerre de courte durée, les Etats-Unis, maître en l'art d'enliser les conflits qu'ils ne peuvent directement gagner, remettent en route les programmes de préparation des militaires ukrainiens. La démarche russe dans ce conflit soulève en effet beaucoup de questions : qui va assurer la "démilitarisation" et la "dénazification" de cette étrange Ukraine, quid des régions comme Kherson qui sont sous drapeau russe (ou le drapeau ne signifie-t-il plus rien?), pourquoi le "monde russe" s'arrête-t-il aux frontières du Donbass ?
Les contours du conflit apparaissent plus clairement dans le discours officiel russe : libérer le Donbass et maison. Mais, avec une Ukraine, qui ne présente plus un danger pour la Russie - ce qui, à nouveau, n'indique rien de concret.
La Russie veut donc une Ukraine démilitarisée, enfin en tout cas dont le potentiel militaire ne présente pas de danger pour elle, mais sans être présente sur ce territoire. N'ayons aucun doute à ce sujet, l'OTAN s'en chargera parfaitement, les pays membres étant très actifs sur la question du soutien militaire apporté à l'Ukraine. Avec ces "garants" à ses frontières, la Russie pourra être tranquille ...
Au fait, le Pentagone annonce la relance du programme de formation des militaires ukrainiens au maniement des armes américaines :
The United States in the next few days will begin training Ukrainian troops to operate powerful howitzers that the Biden administration is sending to Ukraine to help it fight the next major phase of the war, a senior Pentagon official said on Monday. (...) The Ukrainians will need training to use the American weapons, but their commanders are loath to spare many troops from the current fighting. So a small group of Ukrainian soldiers — most likely experienced with artillery and familiar with the Soviet-designed 152-millimeter counterpart to the American howitzer — will be brought to a neighboring country to learn the new system, the Pentagon official said.
La Russie veut la "dénazification" de l'Ukraine, parlant souvent d'un régime nazifiant, mais en même temps légitime, qu'elle ne veut pas renverser, juste détruire quelques groupes nazillons. Depuis, des nouveaux groupes sont créés, allant des étrangers aux criminels, armés et lancés dans le combat. Sans contrôle réel du territoire, cela semble être une fable. Rappelons que ce régime "légitime" bombarde des régions russes prenant des cibles civiles, qu'il donne ordre à ses hommes de torturer les soldats russes, qu'il donne ordre aux groupes nazis et criminels de tirer sur les soldats qui veulent se rendre, qu'il donne ordre de prendre sa population en otage, qu'il tire sur sa propre population pour accuser "l'ennemi". C'est ce régime qu'il ne faut surtout pas toucher ... sinon avec qui les "grands patriotes" pourraient-ils négocier ?
Militairement, alors que Poutine parlait de la "décommunisation" de l'Ukraine dans son discours initial, qu'il ne parlait pas du Donbass, mais bien de l'Ukraine, ouvrant grand la porte aux attentes et des Russes et d'une grande partie des Ukrainiens de revoir se constituer la Russie historique millénaire, désormais les intentions se réduisent au rythme des pourparlers et des déclarations des "grands patriotes" - le Donbass et point barre. La question des territoires, comme Kherson, où flottent le drapeau russe n'est même pas soulevée. Le drapeau russe n'a-t-il donc plus de signification, n'est-ce plus qu'un élément de communication, pour faire de belles photos, quelques déclarations, mais sans implications juridiques, sans obligations politiques ? Qu'adviendra-t-il de ces populations une fois la Russie partie ? Nous avons vu ce qui s'est passé après le "geste de bonne volonté" du retrait de l'armée russe de la région de Kiev et d'ailleurs ...
Une question me turlupine dans cette hésitation politique des élites russes, dans leur facilité à parler du "monde russe", mais de ce monde lointain, ailleurs, avec lequel il faut "collaborer", mais qui ne peut être juridiquement russe, de ces "terres russes" sur lesquelles il est légitime de voir flotter d'autres drapeaux. Pourquoi la frontière du "monde russe acceptable" s'arrête-t-elle au Donbass ? Selon quels critères ?
Je suis née en Moselle, l'Alsace et la Moselle ont fait partie une cinquantaine d'années de l'Allemagne. L'Ukraine est sortie de l'espace juridico-politique de la Russie depuis 30 ans, après en avoir été le coeur pendant un millénaire. Heureusement qu'à cette époque, le Gouvernement français estimait toujours la terre de Moselle comme française et qu'il s'est battu pour la reprendre. Quelle est la différence ? C'est une question de dimension? C'est une question d'époque ? Ou bien est-ce plutôt une question de courage politique ?
De même que l'ukrainisation s'est faite ds la violence et la contraite , le russification devra se faire en douceur , mais cela sera impossible sans la présence de l'Armée russe (pas rouge , je précise) , et ce , pendant deux générations , soit 50 ans . Naturellement , tousles nazillos devront être , soit rééduqués , soit , ce qui est plus sûr , liquidés . je poen se que 80 ù au moins pourronth être rééduqués , mais là encore ce sera long , très long . L'esprit humain ne chnage pas faciement de référents . Il fudra aussi réunifier les Eglises orthodoxes et faire en sorte qu'elles deviennent vraiment chrétiennes , càd inspirées par les Evangiles . Actuellementl'orthodoxie s'occupe plutôt du popuvoir des hiérarques . En Russie , c'est pareil .Si les Eglisesorthodoxes avainet été vriament chrétiennes , jamais elles ne se seriaent séparées , et leurs prières communes auraioent obtenu de nombreuses conversions , et , à partir de là , la paix .. La division , qui est politique , et voulue par les ricains , vient du Malin , et c'est cela qui empêche le monde de croire . Et cela vaut évidemment pour l'Eglise en "occident" .
RépondreSupprimerL’Ukraine par le biais de ses dirigeants compte emprunter au FMI et au G7 au minimum 50 milliards si ce n’est le double pour prétendument reconstruire leur pays. Et les USA continuent de parler d’armer ces bras cassés qui font les poches de tout le monde depuis des décennies pendant que les Russes démilitarisent ces clowns ? Très belle dissonance cognitive. J’ai l’impression de regarder du Benny Hill en live. Le but des Russes avec l’Ukraine est selon Lavrov de « mettre fin à l’hégémonie américaine » (https://reseauinternational.net/serguei-lavrov-lintervention-russe-en-ukraine-vise-a-mettre-fin-a-lhegemonie-americaine/). Sans annexion de toute l’Ukraine, notamment la partie ouest, j’ai du mal également à comprendre comment ce but sera atteint.
RépondreSupprimerPS : intégrer les républiques du Donbass dans la Fédération de Russie, mettre sous administration russe le reste de l'Ukraine qui aura un statut de pays neutre me paraît être une approche raisonnable. La Russie peut en profiter pour régler une bonne fois pour toutes le problème de la Transnistrie (sujet qui m'a valu hier soir une courte discussion bien tendue avec un ingénieur moldave expatrié qui passe son temps à cracher sur les Russes et sur Poutine en particulier). Les Américains essaient de faire passer l'idée qu'ils vont utiliser l'argent volé à la Russie (les réserves de change russes volées à la BCR de 300 à 600 milliards $, £, € et ¥) pour reconstruire l'Ukraine. Je trouve que c'est une excellente idée, ça fera autant de moins que les contribuables russes devront sortir de leurs poches, d'autant que Poutine a expliqué à la télé que l'inflation avait atteint 17% et que c'est un sérieux problème pour ses concitoyens que le gouvernement se doit résoudre dans les meilleurs délais.
Supprimer"...libérer le Donbass et maison...". Oui, ça, c'est le discours de certains personnages officiels (Pas celui de Ramzan Kadyrov). Bien malin celui ou celle qui peut dire aujourd'hui ce qu'il en sera concrètement.
RépondreSupprimerJe ne suis pas convaincu qu'il s'agisse de la bonne façon de poser la question. Pardonnez-moi.
Si les "craintes" que vous évoquez vous sont venues à l'esprit, on peut raisonnablement escompter qu'elles sont connues du Président de la Russie et de ceux qui l'aident à prendre ses décisions et qu'elles sont intégrées aux paramètres qui les guident. Ne réduisons pas la question au Donbass, ni même à l'Ukraine (Pensons, entre autres, à la décision prochaine de la Finlande et de la Suède, aux tensions qui travaillent le pouvoir au Kazakhstan, au surarmement de certains régimes de l'Europe orientale, aux tensions dans le Caucase, etc.). Le fond du problème n'est pas en Malorossia. Dans son discours fin février 2022, le Président de la Russie a souligné que pour la Russie, il s'agit d'une lutte existentielle. Elle se bat simplement pour continuer à exister, la Russie, et en tous cas celui qui la dirige aujourd'hui, sait qu'elle combat pour continuer à être.
(Souvenez-vous des paroles de Monsieur Ministre Le Maire!)
Le monde ne ressemblera plus jamais à ce qu'il était voici un an.
Et pour répondre à votre question, la différence entre Ukraine et Alsace-Moselle, c'est que lorsque se posa le problème de celle-ci, l'Alsace-Moselle n'était pas utilisée comme place-forte à partir de laquelle détruire une France isolée face à une coalition menaçant de la faire exploser en duchés corruptibles et malléables. Elle avait des "alliés" et la récupération de l'Alsace-Moselle se fit dans un grand "marchandage".
Pardonnez-moi d'avoir un peu malmené (cordialement) votre argumentaire...
1) C'est vrai que de ne pas pouvoir faire tomber ce régime ukrainien pro usa et anti russe est ennuyeux pour la Russie. Peut-être ne le pense-t-elle pas opportun ou réalisable dans le contexte politique actuel (intra Ukraine et international).
RépondreSupprimer2) Votre parallèle avec l'Alsace Moselle est historiquement et politiquement compréhensible, même si un de mes anciens professeurs à sciences Po (que je respectais) disait que les alsaciens étaient culturellement Allemands; mais comme vous êtes originaire de là, je n'insiste pas hein!😉
Bravo pour l'ensemble de vos pertinentes analyses en tout cas. Toujours un grand plaisir de vous entendre et de vous lire. Continuez face à la désinformation ambiante.
Ancien responsable international de la CGT
RépondreSupprimerJP Page livre une analyse qui pourrait s'intituler:
Qui a piéger qui...?
Poutine/Ukraine esquisse d’explication ...?
http://ancommunistes.fr/spip.php?article3812
Des sanctions à n'en plus finir, une inflation à 17%, pourquoi voulez-vous que la Russie reprenne la totalité de l'Ukraine dévastée, à moitié détruite, économiquement à genoux? Elle n'en a pas les moyens, c'est tout. Elle va prendre le Donbass, la région qui borde la Mer Noire de Marioupol à Odessa et basta !!!
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